A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

mercredi 23 mars 2011

LA COALITION ANTI-KADHAFI A PÊCHÉ PAR EXCÈS D’ARROGANCE ET D’ARRIÈRES PENSÉES MAL DISSIMULÉES !

Décidément, comme on est loin de cette France, superbe (par son discours au Conseil de Sécurité), digne et égale à elle-même (quand il s’agit de défendre le Droit universel et de s'écarter de la falsification et du mensonge, devenus monnaie courante dans l’enceinte des Nation Unies), tenant tête à la première puissance du monde, avec un panache et une rhétorique qui ont séduit la planète !
Et ce qui ajoute au panache de l’attitude, c’est la justesse du ton et des arguments déployés par le porte-parole de cette France Libre (le ci-devant Dominique de Villepin pour ne pas le nommer), qui ont laissé les autres membres du Conseil « sans voix » !


     


La résolution 1973 du Conseil de Sécurité, quant à elle, relative au dossier Libyen a hélas été votée  dans un climat glacial, où la vindicte (en filigrane) l’a emportée sur la raison et les intérêts sécuritaires légitimes du peuple libyen .


Que de distance sépare les deux événements, non pas seulement par le temps, mais surtout et précisément par le manque de panache et de justesse des arguments évoqués, en particulier par la France, qui se veut le "berceau" des Droits de l'Homme et de la Légalité Internationale.

C'est donc qu'Alain Juppé (actuel locataire du Quai d'Orsay) n'est pas Dominique de Villepin... Beaucoup s'en faut !

Que l’on ne se trompe pas sur mes propos : nous sommes des millions de citoyens de part le monde qui ne demandons pas mieux que de voir notre "douce" planète débarrassée de ce tyran, sanguinaire, psychopathe et assassin, qui règne sur un pays comme un "vulgaire commerçant sur son douteux fond de commerce", avec le crime et les frasques en plus…

Et le fait que ce Président soit Arabe et Musulman, ajoute à la charge dramatique, émotionnelle et humiliante de la situation pour des millions de Musulmans de par le monde.

(Mais d’abord, que vient faire Alain Juppé (le meilleur d’entre tous, comme dirait « l’autre »), dans la galère de Sarkozy ? Enfin passons, c’est leur problème…)
Le nœud de ce problème est ailleurs : c’est précisément Sarkozy lui-même!

Voici un Président de la République, empêtré dans des problèmes jusqu’au cou, en chute libre dans l’opinion publique française, subissant coup sur coup les affres d'une politique marquée par l'improvisation et le manque de discernement, tombant si bas dans le ridicule pour recevoir avec un faste exceptionnel ledit psychopathe Kadhafi, en l'autorisant à planter sa tente "bédouine" en plein jardin de la Résidence mise à sa disposition durant son séjour officiel à Paris!
Ne parlons pas de ses ministres en villégiature dans des pays en pleines révolutions (Tunisie, Egypte), coupables en outre d’avoir accepté des faveurs de leurs dirigeants en sursis…

Et c'est ce même Président qui prend la crise Libyenne à bras-le-corps!
Comme pour effacer un affront personnel, une humiliation mal digérée qui le consume de l'intérieur, depuis la "visite carnavalesque" du dictateur à Paris...

Quand on regarde de près les »gesticulations » qui ont marqué le cours des événements avant l’intervention armée de la coalition, l’on est en droit de se poser certaines questions :

- Fallait-il pour Sarkozy de traiter le « dossier » Libyen avec autant de désinvolture ? En prenant la tête de la fronde anti-Kadhafi (qu’il a organisée précipitamment avec certains alliés Européens), le Président  a-t-il pris la mesure exacte des risques encourus en cas d’intervention directe ? Est-il responsable de la part d’un Président de la République d’une puissance moyenne de mimer (et agir comme) la 1ère puissance mondiale ? Le Président Français en a-t-il l'envergure, l’autorité et les moyens financiers nécessaires ?



- Ou bien, fallait-il être à ce point novice et inconscient pour d’une part, occulter le point de vue de son propre ministre des Affaires Etrangères (en cédant aux positions capricieuses et parfois « biaisées » du saltimbanque BHL, passé maître en la matière), et d’autre part recevoir à l’Elysée (sous la houlette du même BHL, et en l’absence de son ministre en déplacement à Bruxelles !) le Comité National Libyen (CNL), conduit par son Président autoproclamé M. Mahmoud Jebril, alors que le mouvement de rébellion est encore en gestation, et que rien ne préfigure encore de ce qui pourrait en sortir officiellement à ce stade de son existence !?

- Force donc est de constater l’amateurisme mêlé d’un zeste d’arrogance avec lesquels, chaque fois que l’Occident est confronté à une crise dans le Proche et le Moyen-Orient, il entreprend de la résoudre : plus en donneur de leçons que comme un apport amical et désintéressé pour sortir ces régions de la crise...
Pourquoi ne pas commencer d’abord par consulter les pays en question et éventuellement les associer à l’examen et la mise en œuvre des solutions préconisés ?

- Certes, (et c’est une première pour mériter d’être souligné), le Président Français a invité le Secrétaire Gl de La Ligue Arabe à la réunion de consultations qu’il a organisée à l’Elysée (au lendemain du vote de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité), avec les pays européens (voisins) qu’il a su convertir à ses visions sur le dossier Libyen.
Malheureusement « le dé » était pipé, et l’initiative heureuse à première vue, s’est avérée inopportune, pour ne pas dire catastrophique (après coup) parce que dès son retour au Caire, l’invité Arabe « a retourné » sa veste ! 
Et voici comment l’image de cohésion (des pays alliés) indispensable à la réussite de « l’Opération Aube de l’Odyssée » est devenue chancelante !
Parce que le désistement de l'allié Arabe porte un coup fatal à « l’Opération », et que d’autres pays de la coalition ont commencé à émettre des réserves dès le lendemain des attaques  de la coalition  contre l’armée Libyenne.

A mon sens, le choix de l’invité Arabe était discutable dès le départ, et pour cause : la longévité de Amer Moussa comme Secrétaire Gl de la Ligue Arabe est déjà contestable (au sein de la Ligue), mieux, sa représentativité même (comme porte-parole de la Ligue) est peu crédible du fait de sa candidature annoncée aux prochaines élections présidentielles en Egypte, et qu’en conséquence, son engagement est peu fiable, parce que entaché de « calculs » politiques pas forcément "innocents" (notamment pour préserver ses chances pendant ces élections).



D’autre part, la conduite des opérations militaires par la France (de M. Sarkozy) est tellement improbable (compte-tenu de l’ampleur des risques courus par la coalition) que tôt ou tard, les Américains se verraient contraints de prendre le commandement desdites opérations (pour éviter le chaos!), ce qui posera problème à la France qui tient à « respecter les susceptibilités » du monde Arabe (à l'égard des interventions américaines).

Voici de mon point de vue, les raisons majeures qui laissent penser que l’Initiative Française est vouée à l’échec, sauf retournement de situation :

1- Elle a donné l’impression à tout le monde que sa « campagne » contre la Libye est plus une revanche personnelle de Sarkozy contre Kadhafi, qu’un moyen de sortir ce pays du marasme dans lequel l'a plongé son "maniaco-dépressif" Président.

2-Alors même que le sanguinaire Libyen poursuivait sa hargne meurtrière contre les insurgés (depuis le début du mois de mars), alors que les habitants de Benghazi (l’insurgée) manquaient terriblement de soutien militaire pour s’opposer à armes égales contre le despote Libyen, les tergiversations de Sarkozy et de ses alliés traînaient en longueur, et laissaient le temps à Kadhafi de « revigorer » ses troupes en leur donnant les moyens de riposter à toute attaque extérieure !



3-Pour apporter plus de crédibilité et de transparence à leur intervention militaire dans la crise libyenne, la coalition occidentale (conduite par M. Sarkozy) aurait été mieux inspirée de mener d’abord une « campagne de communication »en bonne et due forme (en direction du monde Arabe) avec à la clef, le soutien sans équivoque de ce dernier dans le conflit qui se prépare. Et « contourner » un Amer Moussa (plus intéressé par les élections de son pays que par l’issue de la crise Libyenne !).

   






4-Enfin, au lieu de lancer des opérations militaires de grandes envergures (à l’image du film mémorable « Apocalypse Now »), dans un pays Arabe (encore un, comme si la tragédie irakienne ne suffit pas !), ne vaudrait-il pas mieux de commencer par fournir d’abord les armements nécessaires à la « rébellion » (pour appuyer plus significativement ses ripostes contre la soldatesque kadhafiènne), et attendre de voir l’évolution de ces « rebelles » sur le terrain avant d’aller plus loin dans leur soutien logistique et stratégique.

  


En échange de la situation dramatique où se trouvait le peuple Libyen avant l’intervention de la coalition, qu’avons-nous gagné de cette « opération » risquée, 3 jours après son lancement ? On peut les résumer ainsi :

1-Le monde Arabe est « muet » de stupeur et de réprobation devant le massacre et les dommages « collatéraux » causés et inévitables par l'intervention militaire des occidentaux, sans l'approbation de ce monde arabe.

2- Certes, l’évolution dangereuse des pro-Kadhafi (appuyés de mercenaires) en direction de Benghazi fut stoppée in-extremis. (C’est le seul résultat probant de cette « opération » à ce stade de l'intervention. 

3- Quelques dégâts (peu significatifs) dans l’arsenal encore conséquent du psychopathe Mouammar Kadhafi !



4-Une lamentable cacophonie non seulement sur le commandement des opérations sur le terrain, mais même sur les engagements initiaux de certains alliés (qui s'interrogent tardivement sur les risques auxquels leur pays est exposé, si d’aventure « l’opération » venait à échouer).

5-Et comme si la situation n’était pas suffisamment chaotique, voici qu’un avion F15 (s’il vous plait !) de l’armée américaine qui « pique du nez » et s’écrase au sol (en laissant les observateurs que nous sommes pantois !) : comment est-ce possible que la 1ère puissance mondiale puisse essuyer pareille déveine ?


      

6-Enfin, cerise sur le gâteau, le potentat psychopathe et arrogant Kadhafi continue à narguer le monde par ses allégations grotesques et ses imprécations ridicules (qui n’impressionnent que lui-même et son entourage), sans donner la moindre lueur de sortie honorable à cette coalition militaire, engagée dans cette bataille à l'issue incertaine, avec des arrières pensées politico-économiques (immigration, pétrole…) et pourquoi pas revanchardes : la France, l’Angleterre et les USA ont encore « à travers la gorge" les attentats de Lockerbie et UTA Vol 772 , télécommandés par le sanguinaire Kadhafi (malgré leur indemnisation) et d’autres pays gardent encore en mémoire les supplices subies par les infirmières Bulgares dans les geôles de Kadhafi)



  



En conclusion :

 La résolution 1973 du Conseil de Sécurité aurait due être respectée à la lettre (par la coalition) en limitant ses interventions à la seule « exclusion aérienne » de l’armée libyenne.

 Le « Printemps Arabe » aidant, les pays nouvellement ouverts à la Démocratie auraient pu se joindre à la coalition pour neutraliser le « pouvoir » de Kadhafi et précipiter sa chute (afin de débarrasser le paysage Arabe de dirigeants despotes et archaïques, qui nuisent à la cause arabe toujours en péril).

 Ce sont les insurgés libyens qui devraient donner le coup de grâce à ce mégalomane et illégitime Président, qui a tenu ses compatriotes comme des esclaves à ses « lubies » et ses « fantasmes » d’une autre époque, et cela depuis plus de 40 ans !

 Le rôle de la coalition (après l'exclusion aérienne de l'armée libyenne) aurait pu se limiter à la livraison des armes (plus sophistiqués) aux insurgés, et les accompagner (en les couvrant contre les ripostes des troupes kadhafiènnes) dans leur mouvement pour recouvrer leur totale liberté et mettre en œuvre par eux-mêmes (à l’instar des Tunisiens et Égyptiens) les résolutions nécessaires au passage sans contrainte de leur pays à l’exercice de la démocratie, dans un environnement enfin propice au dialogue et à la construction d'un Etat de droit.

Et pour finir (je peux me tromper) et sans vouloir "jouer" à l'oracle de mauvaise augure, je considère l'intervention de la coalition en Libye, conduite par Sarkozy, comme une grossière erreur! Qui n'apportera pas de solution "miracle" ni à court ni à long terme!

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