A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

mardi 23 août 2011

FOUAD LAROUI, VICTIME DE SON SUCCÈS !

(Un certain nombre d'événements se sont produits dans ma petite famille, qui m’ont éloigné momentanément de mon blog, que je reprends avec plaisir aujourd’hui).   
A ma grande surprise, je découvre une polémique virulente sur un certain article publié sur « Libération », relative à une position de Fouad Laroui sur les mouvements de contestations qui continuent au Maroc, après l’adoption de la nouvelle Constitution par Référendum…

Indignez-vous les contestataires radicaux !  
Vous qui prônez la démocratie et combattez la pensée unique, comment pouvez-vous vous en prendre à l’un de nos rares intellectuels qui connaît si bien le Maroc et son histoire : le « petit peuple » et ses misères, le « peuple d’en haut » et ses turpitudes ? Lui qui les a fréquentés à El-Jadida et Azemmour, et même à Khouribga, pour ne pas parler de Rabat et Casablanca…Comment des personnes aussi sensées que vous peuvent-ils –avec une certaine morgue-- fustiger celui dont le nom de famille brille par l’excellence des œuvres ontologiques que ce patronyme a publiées sur l’histoire sociale, culturelle, politique (que sais-je ?) du Maroc moderne ou ancien ? Comment pouvez-vous porter ce jugement dédaigneux et sarcastique sur l’intellectuel Marocain qui vit quasiment parmi les émigrés Marocains (de toutes les régions du Maroc) en Hollande, en France ou en Grande-Bretagne, et par conséquent qui connaît un tantinet mieux que « certains » les préoccupations du « peuple profond » (et les attentes concrètes du citoyen lambda) pour pouvoir porter un jugement serein et objectif sur la situation politique au Maroc, vue avec une certaine distance, n’en déplaise à  ses  pourfendeurs (à la lorgnette) qui tirent à boulets rouges sur tout ce qui n’est pas de leur propre mouture ! Fouad Laroui est donc un intellectuel non démocrate pour le seul motif qu’il exprime une opinion différente de la vôtre ? Dans quel pays vivons-nous ? Vous, nos talentueux initiateurs de débats « rugueux » mais féconds qu’une majorité de Marocains suit et admire pour leur pertinence, c’est cela le Maroc que vous nous préconisez ?
Au choix : stalinien ou khomeyniste ! 
Permettez-moi de vous dire chers amis, que vous prêchez dans le désert ! Une majorité de Marocains admire et soutient le Mouvement du 20 Février grâce à la fraîcheur de leurs slogans, et à leur virginité politique, en particulier quand leurs revendications se cantonnaient à réclamer plus de justice sociale, plus de liberté et de droits (loin de la politique politicienne). Et avant d’être noyauté par des manipulateurs de tout bord, leurs revendications  étaient apolitiques. (Ce qui a donné à leur mouvement dès l’origine une légitimité incontestée).

Mais faut-il le rappeler, la politique est affaire de professionnels pardi!
Nous voulons un Maroc apaisé, assumant sans complexe les différentes composantes de la société, adepte de la liberté d’opinion, ouvert sur le monde, mais respectueux de ses traditions, dont la plus emblématique est la cohabitation harmonieuse qu'il affiche entre générations et postures :culturelles, ethniques, religieuses...
Grâce à la jeune génération montante, soutenue par le Mouvement du 20 Février (et pourquoi pas sous  sa pression permanente) le Maroc parviendra peut-être à réaliser son vœux le plus cher : l’établissement d’un régime de monarchie parlementaire, dans la paix et la dignité, sans forcément passer par le chaos ou le fanatisme! Je sais : je fais preuve de beaucoup de naïveté, mais c'est comme ça que je conçois ce Mouvement. Le vrai Maroc n’est pas dans la gesticulation, la provocation, la haine ou la destruction ! Il est dans sa quête « sereine » pour plus de liberté et de justice sociale, dans sa détermination « patiente » à recouvrer ses droits à la dignité, dans sa foi farouche mais « conciliante » pour un avenir meilleur… le tout découlant d’un débat où les civilités et la raison l’emportent sur l’agressivité et les partis-pris.

Espérer un changement unanime et sans heurt dans nos institutions est légitime! Encore faut-il s’y impliquer individuellement tous ensemble, chacun dans notre rayon d’influence propre, en appliquant à soi ce que l’on exige aux autres !
C’est trop facile de voir la Démocratie dans ses belles démonstrations quotidiennes en Europe et de vouloir l’appliquer à l’identique chez-nous. Il leur  a fallu plus de deux siècles de révolutions et de luttes politiques pour en arriver là ! Comment pouvez-vous exiger qu’après 60 ans d’indépendance seulement nous soyons dans le même peloton ?
Je suis de tout cœur avec vous tous mes chers amis, je comprends que vous soyez encore sous le choc des derniers résultats du Référendum…qui n’a pas répondu totalement à nos attentes. Mais même la toute Puissance de Dieu a mis 7 jours pour « créer » ce monde ! Que ne donnons-nous pas un délai raisonnable pour construire un Maroc enfin à notre goût ?! Toutes tendances confondues !
Alors, vous tous qui prêchez pour une vraie démocratie au Maroc, descendez de votre piédestal, et acceptez les approches différentes des vôtres sur la situation politique de notre pays, prenez-le comme un test pour éprouver votre résistance à la propagation de la pensée unique ! En réussissant à maîtriser votre « fougue » dans la défense d’un principe que somme toute, tous les Marocains partagent, vous contribuerez à l’émergence d’un Maroc Nouveau!

Alors, bon vent !

samedi 6 août 2011

REPONSE A ANONYME 2 (3 août 2011)

Bonjour Anonyme 2,
Je suis désolé, je n'arrive pas à publier ma réponse à votre commentaire. C'est pourquoi je la transmets à travers ce post , à votre intention:
Je viens de lire votre commentaire à mon post (réponse à Anonyme/post Basri est mort vive Basri!) qui m'a laissé un peu sur ma faim, je l'avoue... S'agissant de votre "théorie sur la monarchie, je m'attendais à plus amples développements, mais ce fut court et réducteur.
Au risque de vous décevoir mon cher ami, je reste quant à moi plus circonspect. En observant le monde qui nous entoure, que voyons-nous? D'un côté il y a le monde arabe, avec ses régimes pourris et chancelants, à majorité républicaine ! Et de l’autre, le monde occidental, solidement construits sur des  démocraties bien établies, dont les plus représentatives sont des monarchies : l’Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique, les Pays Scandinaves et la toute dernière dans l’histoire, l’Espagne !
 Donc, à mon sens la monarchie n’est pas le problème, mais le système sur lequel repose le pouvoir en général. Celui-ci, dans le monde occidental, est basé sur l’alternance politique, la liberté d’opinion et des élections libres et périodiques (tous les 5 ans), propres et transparentes. Chaque courant politique a la chance de mettre à l’épreuve ses idées-force. Dans le monde arabe, les dirigeants arrivent au pouvoir après des coups d’état (militaires ou civils), pratiquent le despotisme à outrance et accaparent les richesses du pays sans vergogne. Leur règne se conçoit dans la durée. D’où cette incongruité : la majorité des dirigeants arabes ont plus de 20 ans de règne (et les plus anciens d’entre eux ont été destitués par la volonté populaire, et les plus psychopathes continuent à s’accrocher désespérément au pouvoir à coup de meurtres collectifs…voir Kadhafi, Assad, Ali Saleh etc.). Et regardons leur bilan…de véritables catastrophes!
La monarchie marocaine aurait pu évoluer différemment avec l’avènement de M6. Certes, il a montré des signes tangibles de changement (par rapport à son père), mais parce que la génération de Hassan II est toujours  aux postes-clef du pouvoir, (malgré l’arrivée de quelques jeunes loups dans la foulée de M 6) ces changements sont freinés par le système makhzénien instauré par son défunt père, ou sont timorés par rapport à l’attente de l’opinion…Le temps aidant et la pression des jeunes d’aujourd’hui (le mouvement du 20 Novembre entre autres), avec tout le débat novateur qui en est résulté, toute cette vague d’espérance qui est  en marche ne peut qu’augurer des échéances productives…C’est ma conviction !
Et en poussant  plus loin mon raisonnement, je ne vois, (et alors pas du tout) aucune personnalité importante marocaine, capable d’incarner légitimement la présidence de la République (dans un consensus populaire assumé) comme vous le souhaitez, acceptant de se soumettre aux suffrages populaires régulièrement, et cédant le cas échéant sa place à d’autres prétendants que lui, sans tripatouillages, magouilles et manipulations savantes, voire assassines !...
C’est cela que l’on appelle la Démocratie (dans le monde occidental)  mais qui n’est pas  (encore !) programmée dans les « gènes » des régimes arabes !        
Quant à la religion (les islamistes), c’est une question d’époque et de tempérament : l’islam « se pratiquait » sereinement et sans tambour battant jusqu’à l’arrivée de Khomeiny au pouvoir…A partir de là, la religion est devenue un instrument — indispensable et emblématique— de pouvoir…
Comme les pays arabes vivaient sous des régimes arbitraires et sans concession, « les nouvelles » oppositions (pour  bousculer les régimes en place) ont instrumentalisé la religion à des fins politiques. Et pour survivre, elles ont radicalisé le contenu du message islamique et propagé une idiologie obscurantiste mettant plus en avant les rites et les apparences (révisés et bonifiés pour plus de vigueur à leurs théories) que le fond du message lui-même; et ce faisant, elles ont placé les régimes  dans des positions de défense, où leur seule survie est la surenchère ou la persécution ! Voire l’élimination pure et simple! Le Maroc n’a pas échappé à cette règle, même si elle fut étouffée par  Imarat Al Mouminine (le Roi est garant et protecteur de la religion) qui est la caractéristique de notre monarchie.
De là à considérer que la monarchie (au Maroc) est un mal nécessaire je ne suis pas loin de le penser, objectivement. Elle porte (à l’évidence) des germes de transformations, même si elles nous paraissent timides et lentes encore. A choisir entre le bien et le mieux, mon choix est clair : je préfère des changements légitimes et par étapes, qu’un bouleversement chaotique qui perdure…même s’il est annonciateur de renouveau !