A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

mardi 27 août 2013

L’ISLAM EN QUESTION…



Au moment où l’éveil brutal des populations musulmanes semble bouleverser l’échiquier géopolitique du Proche et Moyen-Orient, en provoquant la chute instantanée des principaux dictateurs qui y ont régné des décennies sans partage ;

Au moment où le « Printemps Arabe » avait suscité un immense espoir de renouveau dans les systèmes de gouvernance de ces pays, vite démenti par les tragiques événements qui continuent de nos jours de secouer la majeure partie des Nations Arabes ; 

Au moment où l’Occident semble observer ces effroyables mouvements de colère et de répressions aveugles (qui se déroulent à ses portes) tantôt avec inquiétude (l’islam étant dans la quasi-totalité des pays de l’U.E. la 2ème religion par le nombre des pratiquants ou adhérents parmi ses populations) et tantôt avec passivité sinon avec méfiance (des « attitudes » des discours et des lois stigmatisant la seule religion Musulmane, accusée à tort d’être fermée à la Modernité, et par conséquent hostile aux principes de la laïcité « à l’européenne »)

Donc au moment où cet Islam tant décrié parait prendre sa revanche en se radicalisant (la plupart des nouveaux pouvoirs élus démocratiquement sont d’obédience islamiste !), voilà enfin un livre « réparateur » suis-je tenté de dire, qui réhabilite la pensée Islamique dans ce qu’elle a de plus noble, les Valeurs Morales, à travers une démonstration magistrale (documentée et argumentée selon une approche moderne, rarement observée chez les « nouveaux penseurs de l’Islam ») sur les « Valeurs Référentielles » sur lesquelles sont construits les  fondamentaux de la Foi Musulmane.

Son auteur, le Docteur Mohamed KETTANI, docteur d’Etat en Sciences Humaines, membre permanent de l’Académie Royale, peu connu du grand public, mais ayant à son actif plusieurs œuvres spécialisées dans la Pensée et les Enseignements de la Foi Islamique au plan social, juridique et philosophique. Ses parutions sporadiques sur le petit écran lors des causeries religieuses présidées par Sa Majesté le Roi pendant le mois de Ramadan, ont laissé chez les téléspectateurs le souvenir d’un « Alem » au sens noble du terme, maniant avec aisance les rudiments du dogme islamique avec les théories philosophiques des Grands Penseurs des XVIIIème et XIXéme siècle). 

La curiosité de mon fils (pour tout ce qui touche à l’histoire du Maroc) lui fait découvrir ce livre parmi tant d’autres (exposés sur les rayons du grand magasin « Virgin » au Mall « Anfa Place de Casablanca) et m’offre par la même occasion l’opportunité de le lire, et à vrai dire de le  "dévorer"  !

Je salue de prime abord la prodigieuse érudition de l’auteur, le cheminement limpide de sa pensée (dans un registre – religion – où le doute  est de mise, et la Vérité souvent difficile à démontrer), sa propension à innover par des arguments tangibles, là où ses confrères (prétendument spécialistes dans l’Etude de l’Islam) se cantonnent dans des postures conventionnelles voire rigides, fermés aux débats..
Et par-dessus tout, je rends hommage à son inébranlable Foi en une religion (Islam) qu’il considère fermement comme un "don" de Dieu à Sa créature, avec tout ce que le terme suggère comme allusion de Miséricorde et de bienfaits pour l’Humanité !

Je ne voudrais pas oublier de saluer au passage l’excellente qualité de la traduction (réalisée par le Centre d’Etudes et des Recherches sur les Valeurs) dont la prouesse a permis de lire cette belle œuvre comme s’elle était de langue française d’origine ! 

            

            
                 « SYSTÈME DES VALEURS                        
                    RÉFÉRENTIELLES EN ISLAM »
                    Dr. Mohamed KETTANI 








Avec une méthode cartésienne assumée et une inspiration foisonnante, l’auteur nous amène à petit pas…mais résolument, avec une rigueur qui ne le quitte pas jusqu’à la dernière page, vers des raisonnements laborieusement mais clairement développés, dans une démarche exploratoire qui ne craint pas de se confronter aux théories philosophiques du « Siècle des Lumières » (et les débats qu’elles ont suscités depuis) pour nous ouvrir, grâce à cette démarche novatrice, des perspectives édifiantes sur le « pourquoi » de notre existence, les motivations qui nous animent (malgré leur disparité en fonction des lieux et des cultures), la place de la Foi dans notre cheminement et les fondamentaux sur lesquels repose cette Foi… Le tout à la lumière des connaissances acquises grâce aux grands philosophes qui ont marqué l’Histoire récente de l’Humanité.

L’ossature de l’œuvre reste l’Islam naturellement, mais un Islam Humaniste, dotée d’une Vérité Sacrée, puisant ses Valeurs Morales incontestables et ses Enseignements Scientifiques irréfutables d’un Livre Saint, le Coran, transmis au Messager de Dieu le Prophète Mohammed (Salut et Bénédiction sur lui), pour répandre le contenu de cette « Révélation » autour de lui et sur son chemin de prêche sans relâche, mue par sa seule FOI et le Soutien de Dieu dans sa Mission…

J’ai sciemment mis en gras ces 4 mots qui constituent autant de thèmes développés par l’auteur sur l’Islam (parmi tant d’autres particulièrement intéressants, parce que traités tous avec le souci permanent de rester fidèle à la « philosophie » du texte Sacré, tout en soulignant leur apport à la Civilisation Musulmane et leur Conformité aux acquis scientifiques des temps modernes)

Comme avant-goût (de cette œuvre brillantissime) je vais vous livrer quelques citations autour des thèmes représentés par les mots mis en gras ci-dessus et qui sont, dans l’ordre :

VÉRITÉ – VALEURS MORALES – SCIENCE – FOI 

Précisément, en ces temps de doute et de violence, ce sont des Valeurs qui honorent l’Islam !

A. VÉRITÉ :  (citations) 

« Les philosophes et les scientifiques, comme eut à le constater le physiologiste allemand Emil Heinrich du BOIS-REYMOND (décédé en 1896), furent de tout temps préoccupés par des questions auxquelles ils ne purent finalement pas apporter de réponses. Ces interrogations étaient toutes axées sur l’origine de la matière, l’énergie, le mouvement, les sensations ressenties par l’être vivant, ainsi que le libre arbitre chez l’homme. Pour la science et la philosophie ce furent là autant de questions brûlantes concernant tant la matière et l’âme humaine que la raison. » (Page 29)
[…]
« Le XVIIIème siècle, étape transitoire plus récente dans l’histoire de la pensée humaine, amena un tel développement des sciences naturelles que les gens, fascinés par la découverte des lois de la nature, « déifièrent » la raison [humaine] qui leur permit l’accumulation d’aussi grandes connaissances. Certains, découvrant le système stable de la nature, lui conférèrent un aspect divin qui la rendait ainsi indépendante d’une volonté antérieure à son existence. Ils estiment que seule la raison et la méthode expérimentale pouvaient appréhender les lois expérimentales de ce système, et que l’homme comme élément de la nature pouvait renoncer à tout ce qui n’avait pas trait à la raison. C’est le cas de Voltaire (1694-1778) qui évoque « les Droits Naturels de l’homme » par opposition aux Lois de la Nature (Page 31-32)

Montesquieu (1689-1755) dans son prestigieux livre « L’Esprit des Lois », se basant alors sur les « lois naturelles » forgea le concept de Droit, à savoir la base de référence organisant les rapports humains, établis sur une base stable inspirée de la Nature elle-même. Aussi affirme-t-il dans l’introduction de l’ouvrage précité : « les lois dans la signification la plus étendue, sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses, et dans ce sens, tous les êtres ont leurs lois, la Divinité a ses lois, le monde matériel a ses lois, les intelligences supérieures à l’homme ont leurs lois, et l’homme a ses lois. Ceux qui ont dit qu’une fatalité aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité ; car quelle plus grande absurdité qu’une fatalité aveugle qui aurait produits des êtres intelligents. Il y a donc une raison primitive ; et les lois sont les rapports qui se trouvent entre elle et les différents êtres, et les rapports de ces différents êtres entre eux. » (Pages 31-32)
[…]
« Il va sans dire que le Saint Coran est le livre sacré qui consigne les vérités révélées aux autres religions antérieures à l’Islam. Il témoigne de la véracité de tous les prophètes ayant précédé le Prophète Mohammed (Salut et Bénédiction sur lui), et constitue en soi-même la preuve d’un message divin car, outre son caractère inégalable et son exposition des faits réels, ce livre saint comprend de manière concluante et définitive toutes les réponses aux questions les plus embarrassantes et aux interrogations qui semèrent le plus de confusion, démontrant ainsi qu’il ne saurait être raisonnable de considérer « Vérité » que le principe qui existe en soi-même et par soi-même, celui dont dépendent toutes les autres créatures. C’est d’ailleurs ce que le Très-Haut proclame dans les versets suivants : 
« Dis [leur] : Qui vous procure de la nourriture du ciel et de la terre ? Qui détient l’ouïe et la vie ? Qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant, et qui administre le tout ? Ils diront : [C’est] Dieu. Dis [leur] alors : ne le craignez-vous donc pas ? Tel est Allah, votre Seigneur. Au-delà de la Vérité, qu’y-a-t- il donc sinon l’égarement ? Comment pouvez-vous alors vous détourner [de la réalité] ». (Page 35)

B. VALEURS MORALES :  (citations)

« En réalité, l’homme est, en premier lieu, un être moral, c’est-à-dire un être responsable de ses actes et de son destin ; c’est une créature tenue de parfaire au mieux ses aptitudes et facultés. En outre, l’homme détient la capacité de distinguer le bien du mal et la vérité du mensonge ; son aptitude au discernement s’étend encore aux faits qui se déroulent autour de lui et qu’il parvient à sérier en 2 catégories : d’une part, les faits qu’il admet, de l’autre, ceux qu’il rejette. Ainsi prouve-t-il par là sa capacité à les évaluer au vu des finalités auxquelles il aspire. C’est pourquoi, poussé par le désir de se parfaire qui emplit sa conscience, tout comme l’aspiration vers la Vérité qui habite son esprit, il n’hésite guère à émettre des jugements approbatifs ou improbatifs sur les choses qu’il aperçoit ou les idées qui lui viennent à l’esprit. (Pages 17-18)
[…]
« Il est indiscutable que le concept de « Valeurs » tantôt se rétrécit, tantôt s’élargit en fonction des domaines où il est employé. C’est le cas de l’économiste, du politicien, du philosophe de la morale, de l’homme des lettres et des arts, et du théologien qui usent tous de ce vocable selon le domaine de leur spécialité. Chacun de ces spécialistes en effet a sa conception propre des valeurs qui correspond au domaine de sa pensée. […] On s’aperçoit ainsi de l’enchevêtrement et la diversité des facteurs fondant les valeurs, dont la preuve la plus manifeste reste l’évolution que connaissent les valeurs d’une époque à l’autre et d’une culture à l’autre ». (Page 19)
[…]
« Ces Valeurs revêtent à nos yeux deux caractéristiques indispensables, à savoir la nécessité d’une morale et son applicabilité à l’ensemble de l’espèce humaine. C’est ainsi qu’une Valeur comme la Vérité est aussi commune à tous les hommes que nécessaire au fondement d’une éthique humaine.[…] en termes plus explicites, les valeurs sont soit fondées sur la Foi en l’existence de Dieu, d’un ordre universel pourvu d’une finalité, ordre où se manifestent Sa Sagesse et Sa Seigneurie, et au sein duquel l’homme se voit investi d’une mission ou d’une responsabilité dont il se charge de son propre gré, soit ces valeurs sont dénuées de tout sens. A cet égard la position de l’Islam est explicite : l’homme est bel et bien investi d’une mission universelle qu’il est censé observer tout au long de sa vie. Aussi Allah, exalté soit-il, affirme-t-il : « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste (envers lui-même) et très ignorant ». (Page 21)

C. SCIENCE :  (citations)

« Le dogme établi par le Coran, et fondé sur l’existence de la « Vérité » constante et absolue, ne signifie pas seulement la foi en un Dieu unique, au lieu de la croyance en des dieux multiples ou de l’incrédulité absolue. Il repose aussi sur la « connaissance » que l’on a des réalités de l’Univers et des faits du monde invisible ; un tel « savoir » devrait en principe nous guider sur la bonne voie, soit par l’usage de la raison, soit par l’adoption du comportement moral. » (Page 67)
[…]
« L’Islam expose son dogme à l’homme après l’avoir invité à contempler le Royaume des cieux et de la terre, et après que celui-ci eut déduit la vérité du système qui régit l’Univers et des lois immuables qui le gouvernent, c’est-à-dire après que la personne conviée à embrasser la foi eut pris « connaissance » des « réalités » qui l’entourent. Ensuite, une fois que l’individu eut pris conscience de ses responsabilités et des vérités auxquelles il croit, il demeure libre de décider lui-même son destin et d’adopter la conduite qu’il désire. C’est la raison pour laquelle le discours coranique se conçoit avant tout comme un appel à la réflexion et à l’acquisition de la « science », mais il faut au préalable que la « connaissance » véritable passe d’abord par l’observation, puis par la perception sensible appréhendée par la raison, pour en conclure à l’existence de ce qui n’est ni sensible, ni visible , et mobiliser ses capacités mentales pour passer du signifiant au signifié, et du perceptible au raisonnable. Dès lors, on peut affirmer qu’une religion véritable n’a de sens que si elle fournit à ses adeptes une vision globale de l’univers et des obligations qu’ils y tiennent, et ce au sein d’un ensemble ou d’un système de valeurs émanant du créateur de cet univers, qui en est le sage administrateur, autrement, toute religion serait dénuée de sens. » (Page 68)
[…]
« Ainsi le Prophète Abraham (sur lui la paix), ami rapproché de Dieu, voulait se rassurer quant au Jour du Jugement dernier et la Résurrection des morts, demanda à son Seigneur de lui révéler une vérité ou de lui faire une démonstration de sa puissance. Allah le Très-Haut dit alors : « Et quand Abraham dit : Seigneur ! Montre-moi comment tu ressuscites les morts » (Page 69) « Allah dit : Ne crois-tu pas encore ? Si, dit Abraham ; mais que mon cœur soit rassuré. Prends donc, dit Allah, quatre oiseaux, apprivoise-les (et coupes-les) puis, sur les monts séparés, mets-en un fragment, ensuite appelle-les : ils viendront à toi en toute hâte. Sache donc qu’Allah est puissant et sage. »
Le Coran cite également l’exemple de Moïse (sur lui la paix) qui, à son tour, désira voir son Seigneur. En ce sens Allah le Très-Haut dit : « Quand Moïse vient à notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : « Ô mon Seigneur, montre-Toi à moi pour que je te voie ! Dieu dit : tu ne Me verras pas ; mais regarde le Mont : s’il tient à sa place, alors tu me verras. Mais lorsque son Seigneur se manifeste au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu’il fut revenu à lui, il dit : « Gloire à Toi ! A toi je me repens ;  et je suis le premier des croyants. »
C’est là un second exemple démontrant que dieu instruit ses Messagers et Prophètes au moyen de « l’Expérience » et de l’observation. Car « l’Absolu » ne peut être déterminé en un lieu, un temps et un esprit ; la raison humaine ne pouvant – à travers l’observation, l’expérience et la déduction – appréhender que les phénomènes cosmiques matériels et ceux relatifs à la vie humaine. » (Page 70)
[…]
Aussi pourrons-nous en conclure que l’Islam non seulement fit appel à l’homme pour qu’il croie à l’Unicité et, en conséquence, ait foi en un Dieu unique, mais le convia également à raffermir cette foi par un projet scientifique qui serait susceptible de le doter d’une somme de connaissances ayant trait à l’Univers qui l’entoure, aux lois de la société humaine et à l’homme lui-même, corps et âme.
Le Coran s’adressa au Prophète Mohammed (Salut et Bénédiction sur lui), lui demandant au tout début des versets révélés, au sein d’une nation d’illettrés submergés par la superstition, l’idolâtrie et les coutumes ancestrales, de lire. Allah le Très-Haut dit : « Lis, au nom de Ton Seigneur qui a crée, qui a crée l’homme d’un embryon. Lis ! Ton seigneur est le tout-Généreux, qui a appris [à l’homme] par la plume [le calame], Il a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas ».
Ces versets enjoignent de lire, amorçant ainsi le passage d’une connaissance basée sur l’oralité et la mémorisation à celle fondée sur l’écriture, ce qui suppose donc rédaction et consignation. Ce furent là autant de signes prémonitoires sur la Révélation qui sera faite au Prophète (Salut et Bénédiction sur lui) sous forme de Livre dont les Versets, récités et psalmodiés, furent révélés au fur et à mesure, pour être médités et considérés afin d’assimiler les prescriptions divines relatives tant au monde perçu qu’au monde voilé.
Par ailleurs, ces versets éclairent également l’homme sur sa création embryonnaire biologique, puis son évolution mentale et cognitive. Dieu lui apprit ainsi ce qu’il ne savait pas, l’incitant à acquérir davantage de connaissances sur lui-même et sur son milieu ambiant. » (Page 71)

D. LA FOI : (citations)

«Dans la conception Islamique, la science ne constitue pas une fin en soi ; son utilité consiste à ce que l’homme acquière des connaissances pour mieux prendre conscience de ses devoirs et de ses engagements. Aussi, la foi prend-elle la même valeur que la science, indépendamment du type et du domaine du savoir acquis. Il s’ensuit directement que notre comportement doit se conformer à la science, en particulier lorsque « la science » engage dans le chemin de la foi. » (Page 113)
[…]
« Ce que l’on entend ici par « Foi », à tous les niveaux et pour tous les thèmes qui y sont liés, à trait à deux éléments complémentaires, quoiqu’ayant chacun son propre domaine d’étude. Le premier relève entièrement du cœur, en tant que source des qualités de caractère et siège de la conscience intuitive, et consiste à donner crédit aux faits non perçus par les sens ; c’est le contenu du dogme « Âquida » ; le second, lié aux sensations et aux émotions, reconnaît que ce qu’enseignent la religion et la loi divine, constitue une vérité en soi.
L’adhésion décisive à la vérité voilée, qui n’est saisissable ni par les sens, ni par le raisonnement démonstratif, signifie que cet assentiment transcende la conviction rationnelle qui, elle, se réalise au moyen de preuves matérielles ou logique. En effet, la croyance religieuse et une chose, la conviction rationnelle en est une autre, parce que celle-ci se confine dans le domaine des sens et de l’observation, ou dans l’univers du rationnel ; tandis que la première, qui est la « Foi », est strictement liée au monde « invisible ».

Dès lors, il est légitime de se demander : quel crédit accorder à une croyance non basée sur un fond sensible ou rationnel ? Le Coran fonde son discours principalement sur cette croyance, comme le montre le verset suivant :
« Alif, Lam, Mim. C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux qui croient à l’invisible ».
Cette exhortation coranique nous place-t-elle alors devant le difficile choix de croire, d’avoir foi sans à-priori, ni arguments ? La foi, telle que nous la concevons, ne signifie ni la conquête d’un infini espace empreint de confusion et d’obscurité ; ni que l’ordre cosmique veuille échapper à la découverte et à l’exploration de ses mystères, ni non plus que l’on adhère de manière naïve et mythique à des croyances pour nous soustraire aux terreurs et à l’ambiguïté de l’existence. Bien au contraire, c’est un passage volontaire qui s’effectue sur des bases solides, et à la lumière des données évidentes, voire d’une lueur pénétrante qui entre dans nos cœurs du tabernacle de la « Prophètie », quand l’investigation rationnelle se retrouve elle-même perplexe devant l’équivalence des preuves entre la négation et l’affirmation ». (Pages 136-137)
[…]
« La prédication Mohammedienne, qui fut l’Ultime Message céleste, eut à affronter cette rude réalité marquée par tant de contradictions et d’enlisement dans l’associationnisme, l’idolâtrie et la bestialité. Le Coran s’adressa alors à toutes les catégories sociales, y compris ceux à qui la religion divine avait déjà été révélée, comme Les Gens du Livre, ou ceux qui se complaisaient à des croyances erronées, telles que le mazdéisme, le dahrisme et le paganisme. Il exhorta à avoir la foi en le Dieu Unique, l’Unique Seigneur de l’Univers qui n’a pas d’associés, et à croire à tous les messages divins précédents et les Livres Révélés, de même qu’à la Résurrection et la Récompense. Le Coran érigea cette croyance, à laquelle les gens furent conviés, sur trois principes :

Le premier principe enseigne qu’il faut commencer par contempler les phénomènes cosmiques, pour en appréhender le fonctionnement et les lois dans toutes leurs particularités, des plus petites aux plus grandes, débutant par la vie humaine et la nature assujettie qui l’entoure, et finissant au monde des orbites et des cieux. 
Le deuxième principe s’attache à reconnaître que l’Univers, dans toutes ses manifestations ordonnées et harmonieuses, sur la terre comme dans le ciel, et à tous les niveaux de la vie et des être vivants, ne peut s’être auto-généré ou crée sans début ni fin raisonnable. Ainsi l’ordonnance et la cohésion qui le caractérisent ne peuvent se concevoir que sur la base d’un Créateur, c’est Allah tout-puissant, principe premier de l’existence.
Le troisième principe souligne que le Message Mohammédien s’inscrit dans le contexte des Messages Divins révélés aux précédents Prophètes et Messagers (Paix sur eux) pour convaincre les gens ou les guider vers cette Vérité ; soutenus en cela par des miracles qui attestent de leur crédibilité. La Mission de Mohammed (Salut et bénédiction sur lui) ne fut donc ni une dérogation à la coutume, ni une exception à la règle de guidance divine aux êtres humains à travers les âges. » (Pages 138/139)

CONCLUSION

Que faut-il ajouter à ces belles et enrichissantes tirades ?

Tout est dit ! 

C’est un véritable traité de philosophie islamique, qui vient à point nommé remettre les pendules à l’heure, et effacer de nos mémoires ces images médiatisées à outrance, tantôt haineuses (l’Occident a vite oublié les apports philosophiques et scientifiques de l’islam qui contribuèrent à son épanouissement d’aujourd’hui, et n’a de réponse que par l’ingratitude et l’arrogance) et tantôt insoutenables (les luttes fratricides et sanguinaires auxquelles se livrent des Musulmans que l’injustice et le radicalisme ont divisé, et que certains intérêts cupides étrangers exploitent en sous-mains…)

J’ajouterais que tous les Ayatollahs, les Ben-Laden, les Ayman-Al-Zawahiri, Hassan Nasrallah,  Mollah Omar et consorts, tous les obscurantistes patentés, prêcheurs de haine et de violence (se prévalant honteusement de l’Islam) avec leur innocents et maudits gibiers que sont les Kamikazes, tout ce ramassis de gourous manipulateurs, ne sont au mieux que des égarés de Dieu (que l’Islam ne reconnaît pas dans ses rangs) et au pire des oracles diaboliques qui exercent indûment un métier au goût du jour, la contrefaçon !

Mais laissons ces diables à leurs délires, et allez maintenant vous procurer le livre : c’est une œuvre magistrale qui foisonne de réflexions et d’analyses sur des thèmes (j’en ai choisi quatre sur le tas) et les Enseignements Supérieurs et profondément Humains de l’Islam (que le Monde Musulman a tendance à oublier) et qui abordent sans réserve tous les sujets qui nous interpellent, toujours d’un esprit ouvert et d’une approche philosophique qui tire toute sa force de LA RAISON… Mais une RAISON que hélas ne partage plus ni l’Occident dit « civilisé », ni le Monde Musulman, dit «humaniste» !

C'est un dilemme qui me taraude en permanence, moi qui admire sans réserve les progrès vertigineux acquis par l'Occident, et qui observe impuissant, la désolation absolue et le manque total de perspectives rassurantes dans le Monde Musulman d'aujourd'hui, mais qui continue néanmoins à croire fermement en nos «belles Valeurs Morales»... en espérant qu'un jour le miracle se produise! Et que ces Valeurs Morales nous conduisent enfin vers le Salut...

Mais l'attente me paraît longue... très longue !

Quand-est-ce que ce Monde Musulman va-t-il se réveiller de son "coma" profond?