A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

vendredi 24 décembre 2010

LAAYOUNE, ENCORE ET ENCORE ! JUSQU'A QUAND ?





La dernière ronde de négociations engagée entre le MAROC et les séparatistes polisariens (la semaine dernière) à Manhasset près de NEW YORK (sous l’œil goguenard des USA qui devraient se demander jusqu’à quand cette mascarade — qui a trop duré — va-elle se prolonger?) m’a inspiré cet additif à mon dernier "post" sur le sujet (dans lequel j’avais avancé quelques arguments un peu excessifs peut-être — parce que j’étais encore sous l’émotion des manifestations de Casablanca).











Au vu des résultats de cette "énième" rencontre (nuls comme pour les précédentes), je réagis comme beaucoup d’observateurs, et j’en suis consterné, non pas par ce résultat parfaitement prévisible, mais par l’inqualifiable posture de nos adversaires, imperturbables dans leur jeu machiavélique de manipulateurs et d’empêcheurs de tourner en rond !!

De qui se moquent-ils finalement ? 
Sous tous les cieux, la patience a des limites !

Et le médiateur américain (dans tout cela), censé animer le débat : est-il éveillé ou en état de somnolence aggravée ? Pour laisser faire à ce point dans l’obstruction ?...

Il faut avouer que devant tant d’incohérence et de passivité (alors que le sujet — qui date — mérite un peu de résolution chez les uns, et de répondant chez les autres), l’on est en droit de nous demander : et si Hollywood (qui n’est pas très loin) pourrait nous prêter quelques uns de ses acteurs éminents, connus pour leur ingéniosité à dénouer les crises, pour nous sortir de ce guêpier !...C’est à s’étrangler de rire !!!

Et toujours ce même scénario : nos diplomates plus préoccupés à ne pas trop "chatouiller " nos adversaires, et nos adversaires trop impatients à "enfoncer le clou" dans la soi-disant "stratégie" de nos diplomates !

Et ça recommence, et ça continue ! La mascarade, quoi !

Et pendant ce temps, le pouvoir algérien continue de récolter le fruit de ses manigances, sans trop se gêner.

Quant aux espagnols (qui regardent de loin et avec délectation cette scène risible digne des "Précieuses Ridicules" !) ils devraient se sentir plus motivés encore que les Algérien (à nous brocarder sans gêne!)... C’est ce que l’on verra plus loin !

Voyons d’abord ce pouvoir algérien, qui, tel un géant d’argile, craint les "batailles" qui portent loin (la construction du Grand Maghreb par exemple) ou encore tel un ours "mal léché", qui réagit au quart-de-tour dès qu’il s’agit du MAROC…Et posons-nous ces questions : pourquoi le pouvoir algérien en a-t-il tellement contre nous ; et chez nous, pourquoi le pouvoir ménage-t-il tant un tel nain politique ?

Pour répondre avec impartialité à ces questions, il faut remonter à mon sens aux premières années de l’indépendance de l’Algérie. Et pour résumer, je citerai deux événements emblématiques des rapports de force qui caractérisent les relations entre nos deux pays : le premier est ce qu’on a appelé communément "la guerre des sables" ; et le deuxième est connu sous le nom de "l’accord tripartite"(conclu à Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie).

Pour faire court, et observer une stricte neutralité, voici ce que dit Wikipédia sur le premier événement:


La guerre des sables d’octobre 1963 est un conflit militaire opposant le Maroc et l’Algérie peu après l’indépendance de celle-ci. Après plusieurs mois d’incidents frontaliers, la guerre ouverte éclate dans la région algérienne de Tindouf et Hassi-Beïda, puis s’étend à Figuig au Maroc. Les combats cessent le 5 novembre, et l’Organisation de l’unité africaine obtient un cessez-le feu définitif le 20 février 1964, laissant la frontière inchangée. 



Et voici une référence à l’accord tripartite, publiée par Mariano Aguirre, dans le Monde diplomatique (Archives novembre 1997):




[...] En réponse, le Roi Hassan II organisa la "marche verte". En novembre 1975, durant l’agonie du général Franco, fut ratifié l’accord tripartite de Madrid selon lequel l’Espagne cédait l’administration du Sahara occidental au Maroc et à la Mauritanie, allant à l’encontre des résolutions de l’ONU, et sans consulter les habitants de la région. Peu après, la Mauritanie abandonnait ses ambitions territoriales.






Une autre référence est donnée à cet événement dans l’Annexe N° 7 de l’accord en question conclu à Madrid le 14 novembre 1975 (selon la documentation marocaine). Malheureusement, cet Annexe doit faire partie de documents classés "Top secret" parce qu’il n’est pas accessible sur Internet.

Une première question s’impose, à la lecture du texte de M. Aguirre : quand la France a quitté l’Algérie, est- ce qu’elle a procédé à une consultation de la population algérienne avant son retrait? Si non, pourquoi vouloir l’imposer à l’Espagne ?

La deuxième question consiste à savoir si tous les conflits territoriaux doivent impérativement passer par l’ONU, ou bien s’il suffit que les parties concernées (ou en litige) puissent trouver un accord entre-elles qui les agrée, pour que la communauté internationale approuve, applaudisse et entérine!

L'accord entre parties concernées était trouvé, mais le pays "frère" l'avait à travers la gorge !!!

Voilà pourquoi ces événements allaient donc ouvrir une plaie douloureuse et lancinante qui n’a pas cicatrisé encore voici déjà plus de 50 ans, entre nos deux pays.

Si, pour le premier, on peut comprendre que l’Algérie (qui a essuyé de lourdes pertes) peut avoir du ressentiment à l’égard du Maroc (alors même que la position marocaine dans ce conflit, héritée des séquelles de la colonisation, est parfaitement légitime), rien ne justifie la prétention de l’Algérie à avoir un droit de regard ni sur le dossier lui-même, ni — encore moins — sur son traitement par les instances internationales, en dépit du fait qu’elle soit frontalière avec les pays concernés (le Maroc et la Mauritanie, face au Polisario).

Ceci pour traduire le climat malsain et chargé de rancœur et d’arrières pensées vengeresses de la part d’un voisin qui a effacé par une ingrate volte-face plusieurs années de fraternel soutien (moral, financier et politique) de notre part : il n’y a pas une seule famille au Maroc (dont au moins un membre) qui n’ait participé (auprès des représentants du FLN installés chez nous) à des campagnes de collectes de fonds (pour l'achat des armes) afin de soutenir nos frères dans leur lutte pour l’indépendance ! Et ma propre famille n’a pas échappé à cet engouement…

Encore une fois, on peut comprendre le dépit et la colère du pouvoir algérien, qui pourrait considérer "indélicat" ou même un brin méprisant le comportement de l’ex Roi défunt (qui lança son armée contre un FLN tout juste sorti d'une longue guerre de libération) dirigé par un Président Boumediene (nouvellement installé au pouvoir, après un coup d’Etat militaire contre Ben Bella), et ayant à gérer un dossier peut-être lourd de contingences diverses, mais pour lequel il a d’abord "commencé par considérer qu’il concerne les pays amis, le Maroc et la Mauritanie". 
La raison qui motive l'attitude du Roi ( comme on le verra plus loin), c'est la volte face des dirigeants algériens qui, après avoir obtenu leur indépendance, ont IGNORE (comme si elle n'a jamais existé) la promesse faite par le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne au défunt Roi Mohammed V, de régler le "dossier" des frontières, (objet de manipulations françaises, au profit du Département Français Algérien, pendant la colonisation), une fois l'indépendance acquise...

Avant de changer d’avis et de considérer d'autre part que "l’Accord tripartite" sur le Sahara, s’est fait sur le dos de l’Algérie. Et d’entrer de ce fait, dans une virulente opposition au Maroc.

Une séquence historique devrait être citée ici pour illustrer l'esprit de fraternité (à l'égard de l'Algérie sœur) qui déjà recevait les premiers gages de solidarité et de loyauté du Maroc, au moment où elle s'engageait résolument (mais avec sagesse) dans la voie qui l'amènera vers l'indépendance... et cette séquence est rappelée dans l'extrait ci-dessous:

GUERRE SECRETE AU SAHARA OCCIDENTAL, Éditions Encre d’Orient, 2010, pages 100 -101, de Hassan ALAOUI


[...] le 5 juillet 1961 le président du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algériennne), Ferhat Abbès, accompagné d'une délégation où figure Bekheddah, se rend au Maroc, où il est reçu par Hassan II. Si l'entretien se déroule dans le cadre de la journée de soutien au peuple algérien que le Maroc organise, il est surtout dominé par les questions de frontières. C'est alors que le Roi réaffirme la même position que celle de son père Mohammed V, selon laquelle le Maroc ne discutera le problème des frontères du sud-est, qu'avec les frères algériens, une fois l'Algérie libérée, excluant toute négociation avec la France, même si celle-ci l'y convie avec insistance. Dans l'esprit de Hassan II, comme dans celui de Ferhat Abbès, les choses sont plus que limpides et les engagements fermes: l'Algérie devrait récupérer la partie du Sahara qui lui revient et le Maroc ses territoires spoliés, comme Tindouf, Béchar, Saoura, Touat, Gourara, ou Tidikelt. Le lendemain, 6 juillet 1961, un accord secret sur les frontières entre les deux pays est signé, accord dans lequel le GPRA reconnaît officiellement que "le problème territoriale crée par une délimitation arbitraire imposée par la France devrait être ultérieurement résolu par des négociations directes entre le Maroc et l'Algérie".
Cette attitude noble d'un Maroc sûr de ses droits, qui convient (avec l'Autorité Représentative de l'Algérie, le GPRA, en bute de son Indépendance, laquelle reconnaît au Maroc la légitimité de sa "demande"), d'attendre, (pour ne pas donner un coup de poignard au dos de nos frères Algériens encore sous domination française) que leur indépendance soit acquise pour entamer des négociations (de pure formalité) entre Frères confiants et reconnaissants!

Quelle gageure! Et surtout quelle désillusion pour nous qui étions animés de bonnes intentions! Quelle volte-face scélérate pour un pays à qui nous avons tant donné!!!

Aussi, pensé-je, jamais l’Algérie (de Bouteflika) n’aurait dû se laisser submerger par ses démons ravageurs (le dépit et la revanche) et s’adonner à des campagnes de diffamation et de dénigrement aussi acharnées qu’improductives sur le plan diplomatique (contre le Maroc), rendant toute approche conciliante "du dossier sur le Sahara" illusoire, voire utopique ! Bouteflika natif du Maroc, ayant vécu longtemps au Pays pour connaître parfaitement l'ampleur des campagnes de soutien au combat de nos Frères de sang, menées par les Marocains dans toutes les villes du Maroc, et donc l'homme providence qui allait, grâce à sa connaissance du dossier et à sa sagesse (fruit de sa longue carrière diplomatique) sortir nos deux pays de l'ornière où les ont placé ses prédécesseurs haineux et vindicatifs! Lui l'homme "providence", comment a-t-il cédé si promptement aux instincts méprisables de l'ingratitude et de l'arrogance!



En observant l'obstination algérienne, que nous reste-t-il alors?

Et quelle solution s’offre à nous ? Nous détruire mutuellement par des guerres fratricides à répétition ? Jusqu’à la mort de l’un ou de l’autre ? Toutes ces guerres abominables qui se déroulent en Afrique ne nous suffisent-elles pas comme exemples pitoyables et déshonorants à éviter?

Donc, à quand le sursaut salvateur pour nos deux pays ? Ne pouvons-nous pas suivre l’exemple « éclatant » de lucidité et de réalisme politique que donne "le couple" franco-allemand ? Malgré leur lourd passé, chargé de conflits sanglants!

Maintenant, regardons de près ce qui pousse les Espagnols à nous tenir un honteux double langage qui sent fort là aussi une rancœur lointaine mal étouffée, doublée d’un désir fébrile de revanche!

Faut-il rappeler que le MAROC, (grâce au côté fair-play de son Roi défunt et ses qualités de visionnaire et de fin diplomate dans le traitement — au point de départ — de ce conflit), a préféré mettre à l’aise le Gouvernement Espagnol (au moment où le Général Franco était agonisant) pour sortir dignement de cette crise (sans perdant ni gagnant) et demander un avis autorisé, comme celui de la Cour Internationale de Justice, pour le traitement, conforme à la légalité internationale, de ce dossier.



Est-ce parce que cette Cour a fait allusion au fait que des tribus du Sahara avaient l’habitude de faire allégeance aux différents souverains qui se sont succédé sur le Trône au MAROC ? Ou est-ce parce que feu Hassan II avait organisé une Marche Verte qui avait défrayé la chronique par son ampleur et sa témérité ? Toujours est-il que l’Espagne s’est sentie "flouée" ! Alors que le problème était en cours d’être "réglé", et même de la manière la plus légale et consensuelle qui puisse être !!! Sous la pression certes de quelques problèmes économiques (évoqués plus bas).

En effet un "accord tripartite" existe bel et bien dans les archives des parties concernées (ESPAGNE MAROC MAURITANIE). Celui-ci fait suite à des négociations commencées le 10 novembre, qui ont abouti à un accord signé le 14 du même mois et approuvé et entériné le 18 par le Cortès. Cette précipitation espagnole à ratifier un accord, qui plus est, a connu de longues et éprouvantes phases de négociations, n’est pas innocente, loin s’en faut !

GUERRE SECRETE AU SAHARA OCCIDENTAL, Éditions Encre d’Orient, 2010, pages 142 et 143 de Hassan ALAOUI




L’Espagne, qui a investi dans l’exploitation et la mise en œuvre des phosphates de cette région, assiste en effet cette année à une montée en puissance des prix. Entre 1972 et 1975, ils ont tout simplement quadruplé, passant de 14 dollars la tonne à 42, ensuite 68 dollars. Si les phosphates procuraient l’équivalent de 25% des entrées de devises, ils lui en fournissent désormais en 1975 60 à 70% et les exportations couvrent alors plus de 92% des importations à fin 1974.


A la suite de quoi et dans la foulée :


Rabat et Madrid créent une société mixte d’exploitation dans laquelle le MAROC détient 65% des parts et l’Espagne 35%.En moins de deux mois — entre octobre et fin novembre 1975 — l’affaire du Sahara a connu une accélération sans précédant. Les nations unies se sont trouvées acculées à entériner une séquence sans commune mesure avec ce que le dossier a vécu depuis vint ans de négociations stériles et épuisantes.
(toujours selon les mêmes sources/ le livre document de Hassan Alaoui).

La question qui brûle les lèvres est : pourquoi ce revirement intempestif de l’Espagne, alors même qu’un lourd contentieux colonial reste pendant dans nos relations (relatif aux cas de Ceuta et Melilla), et qu’en plus des capitaux espagnols énormes sont investis au Maroc pour fructifier et dynamiser l’économie "montante" de l’Espagne, et la mettre à l’abri de la spéculation internationale?!

D'où vient l’erreur d’appréciation alors? Dans quel but l’Espagne cherche-t-elle à mettre la Monarchie marocaine aux abois !! Alors même qu’un accord sur le dossier Sahara existe et dûment paraphé (et approuvé par le Cortès) ? Qui aurait débouché mieux encore sur d’autres accords « d’exploitation en commun » sur d’autres richesses du sous-sol de notre Sahara, à l’instar des compagnies françaises installées dans le Sahara algérien?!

Faut-il être frappé de cécité à ce point pour ne pas voir où vont les intérêts légitimes espagnoles? Que faut-il en déduire? Que l’Espagne, rancunière depuis tous ses démêlés (conclus à son désavantage) dans les conflits du Rif (marocain) cherche une revanche sur le Maroc ? C’est à désespérer de la politique!





D'où cette déduction toute personnelle : n’y a-t-il pas une duplicité doublée d’un accord secret, monnayés généreusement par le pouvoir algérien, (à travers des contrats "préférentiels" de livraisons de gaz et de pétrole à l’Espagne) pour contourner le Maroc et le rendre perpétuellement vulnérable?

Si oui, qu’attend le Maroc pour opérer un tour à 180° dans sa démarche diplomatique, en "jouant cartes sur table" avec ses adversaires, et en leur annonçant que désormais Rabat "reconnaîtra" les mouvements d’autonomie déclarés en Kabylie, et chez les Touaregs au Sahara algérien, ainsi que ceux des Pays-Basques et en Catalogne...Avec en perspective leur indépendance peut-être et l’ouverture de leur Représentation Officielle au Maroc!!

Ou bien ils cherchent l’obstruction, et nous pouvons "manger du même pain"; ou bien nous sommes tous pour la concertation, et asseyons-nous autour d'une table pour des discussions (ou pourquoi pas des négociations) dignes et utiles pour notre avenir commun, pour laisser aux générations montantes des pays apaisés et motivés, et construire ensemble des lendemains sereins et prometteurs …pour "le Grand Maghreb Arabe Uni"!










Il faut bien que tous les tenants de l’obstruction dans la résolution de ce conflit sur le Sahara marocain sachent bien que la solution ne peut venir qu’au prix de cette simple et nécessaire prise de conscience :"la Realpolitik"!

mardi 21 décembre 2010

DIALOGUE DE SOURDS !



Deux individus que le hasard a réuni par pure coïncidence, sont assis côte-à-côte, dans un vol "imaginaire", pour un pays lointain…


Après le décollage, une conversation s’est installée entre nos deux compères, d’abord anodine et polie, puis au fur et à mesure, abordant des sujets qui soulèvent des questions dérangeantes…

Par commodité donnons- leur des noms, et imaginons qu’il s’agit de BILADI et AJAMI. Voici leurs propos :


AJAMI : Vous portez là une jolie Gandoura aux couleurs chatoyantes ! Corrigez-moi si je me trompe, mais vous venez de ce pays dont on dit qu’il est gouverné par un jeune Roi qui ne ménage pas ses efforts pour "moderniser" son Royaume et le rendre "accueillant" pour ses innombrables visiteurs !

BILADI : Vous êtes trop gentil cher Monsieur ! Si ma Gandoura vous plaît, je vous l’offre ! J’en ai une autre dans mes bagages, tout aussi belle…

AJAMI : Je vois que je ne me suis pas trompé ! Vous êtes bien de ce pays "émergeant" dont les visiteurs apprécient beaucoup la Générosité !

BILADI : C’est possible, c’est possible…Mais dites-moi, vous qui venez d’un pays qui tient la Morale au pinacle de la Civilisation, vous me voyez encore sous le choc ! Comment un si Haut Dignitaire Religieux, aussi pieux et respectable que le Pape (Souverain Pontife s’il en est), peut-il autoriser l’utilisation des "préservatifs" dans les relations sexuelles, en favorisant ainsi la permissivité et la débauche parmi la population ?!



AJAMI :  Tiens tiens ! Vous me prenez de court cher Monsieur ! C’est là en effet un sujet d’actualité. Je perçois chez vous comme un léger ressentiment ! Permettez-moi de corriger un tant soit peu votre opinion sur le sujet : si notre Pape a autorisé — dans certains cas seulement — l’utilisation des "préservatifs", c’est surtout en direction de certaines communautés (connues pour leurs pratiques sexuelles non-conformes aux règles convenues) ou aux relations sexuelles extra conjugales).
Admettez avec moi que le langage de la franchise, quand il s’agit de sexualité, et de la part d’une Autorité Religieuse de surcroît aussi emblématique que le Pape, est une démarche courageuse mais surtout salutaire pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles et contre leur propagation, et notamment ce fléau ravageur du siècle qu’est le SIDA.


BiLADI : Vous m’en voyez ravi pour vos citoyens cher Monsieur! Pourvu qu’ils se conduisent "civilement" quand ils sont en visite chez-nous !
Voyez-vous, chez-nous le problème est résolu par avance : notre religion interdit les relations sexuelles avant le mariage !! Et d’ailleurs, dans Sa Grande Mansuétude, et pour prévenir les "appétits" sexuels des hommes, Dieu leur a permis d’avoir quatre femmes légitimes ! A condition qu’ils soient équitables et impartiaux dans leurs rapports avec elles...Conditions évidemment difficiles à remplir! (Rires de nos deux compères).

AJAMI :  Je suis confondu devant tant de sagesse . Décidément, l’exotisme oriental nous séduira toujours…

C’est vrai que nous avons des conceptions différentes sur nombres de sujets, et des approches différentes pour les circonscrire.  Mais passons !
 Puisque vous m’interpellez sur des questions d’actualité, je dois vous avouer que je suis moi-même un peu "médusé" devant la situation peu enviable — il faut le souligner — des médias dans votre pays : comment peut-on "prôner" l’ouverture et la liberté d’opinion par les autorités de votre pays, et en même temps pousser à la faillite et donc à la disparition pure et simple des titres prestigieux qui participent — avec beaucoup de panache et de professionnalisme — à donner du Royaume l’image d’un pays qui avance sur la voie de la Modernité, pratiquant la libre opinion et l'objectivité dans le traitement de l'information ?!
La justice dans votre pays est-elle à ce point incompétente — pour ne pas dire suicidaire — ou agit-elle sur ordre ? Comme je suis journaliste moi-même, vous comprenez que je sois spécialement préoccupé !



BiLADI : A regarder de plus près, je ne sais pas si mon pays est le seul "malade" de sa justice…Regardez ce qui se passe chez-vous avec "l’Affaire Bettencourt" (dont les malversations fiscales et délits de corruption flagrants sont étalés au grand jour, sans oublier les "cambriolages ciblés" d’ordinateurs (dans des rédactions réputées pour le
professionnalisme de leurs journalistes spécialistes de l’investigation). Le "fantôme" du Pouvoir (tantôt bienveillant, tantôt vengeur) plane au-dessus de ces "affaires", et pour ne rien vous cacher, cela ne semble pas gêner outre mesure les tenants de la transparence et de la démocratie chez vous!
Quelle était la réaction de la justice devant ces cas impardonnables "d’abus de pouvoir" et de détournements de fonds?


AJAMI :  Je vous l’avais dit au début, vos traditions culturelles laissent percer une certaine sagesse qui me laisse dubitatif parfois : un dicton de chez-vous ne dit-il pas ceci : un chameau ne voit que les bosses de celui devant lui, pas les siennes propres ! Mais passons, passons !



Cependant — puisque nous parlons de corruption — dites-moi : qu’est-il advenu de ces hauts fonctionnaires et Directeurs d’entreprises ou de banques (leaders dans leur secteur) tous accusés de corruption aggravée, de détournements de fonds et d’abus de pouvoir, que la  Cour Des Comptes de votre pays a "épinglés" dans son rapport annuel de 2008. Et jusqu’à votre Premier Ministre, impliqué (il y a peu) dans une affaire "d’investissement de fonds étrangers" ayant débouché sur une inqualifiable escroquerie qui a fait beaucoup de victimes (parmi les petits salariés !).

Est-ce que la justice chez-vous est conçue comme une prestation nationale à régimes variables : radicale et exécutoire pour les "gens d’en-bas", et clémente et laxiste pour les "gens d’en-haut"? (pour reprendre une formule bien de chez-nous). Excusez ma franchise, mon métier l’exige, vous le comprenez bien.

BiLADI : Laissez-moi rire cher monsieur le Journaliste !(ne le prenez pas comme un manque de civilité de ma part !). Mais que faites-vous du cas de votre ancien Président de la République qui traîne derrière lui plusieurs "casseroles", dont celle relative à des "salaires fictifs" versés à des "fonctionnaires fantômes" (du temps où il était Maire de la Capitale) n’est pas la moindre entorse (à la légalité) dans son comportement scandaleux et indigne de la part d’un ancien Premier Ministre et Maire d'une prestigieuse capitale : Paris !

AJAMI : Quelqu’un qui nous entendrait parler ainsi pourrait croire que nous jouions à une "partie de Ping-pong", vous ne trouvez pas ? Et pourtant, tant de "sujets sensibles" sont évoqués…Et nous nous efforçons d'y répondre avec honnêteté me semble t-il...Sauf que nous parlons de domaines qui ne sont pas comparables…Tenez ! Prenons par exemple les traditions religieuses auxquelles vous tenez tant ! Grâce à mes quelques fréquentations "d’Imams modérés" de chez-nous, j’ai pu apprendre quelques rudiments des enseignements que véhicule votre religion, (et qui ne sont pas très éloignés  de ceux de notre propre religion d’ailleurs!). Les "préceptes" qui m’ont le plus marqué, par leur côté humanitaire indéniable, sont, dans l’ordre prioritaire :
*Oeuvrer pour le Bien et prévenir — empêcher  — le Mal.
*Assister et protéger les pauvres et les orphelins.
*Rendre une justice équitable et égale (dans son application) pour tous.
*Souhaiter — et accorder — à autrui ce que l’on souhaite — et accorde — à soi-même.
*Apprendre et s’instruire par "l’Ijtihad", même s’il nous en coûte — pour ce faire — d’aller en Chine !
*Donner une "Zakate" une fois l’an (une forme d’impôts sur les revenus)...

Eh bien ! Si ces judicieux préceptes étaient minutieusement appliqués par les autorités et les citoyens de votre pays, le Royaume aurait connu une autre destinée que la sienne aujourd’hui ! (sans rentrer trop dans les détails…) Ne pensez-vous pas ?

Nous qui sommes une république laïque, (grâce à nos aïeuls qui ont commencé le travail plus tôt, et aux générations successives qui ont pris et transmis le relais) grâce à notre persévérance, nous n’avons pas démérité ! Et malgré les reproches que vous nous faites, regardez objectivement la réalité en face, nous n’avons pas à rougir de nos institutions ni de nos réalisations, toutes choses confondues!

Franchement, peut-on dire la même chose de vos institutions, ou des pratiques que vous en faites?

Parce que nous considérons que la religion est affaire individuelle, et la gestion d’un pays est affaire du peuple, et des choix politiques qu'il s'est choisis en toute liberté pour vivre ensemble: c'est cela le secret de notre réussite, qui n'est pas exemplaire, je vous l'accorde! Et voici en résumé ce en quoi "vivre ensemble" consiste-t-il :

- Nous avons choisi comme mode de gouvernance l’alternance politique authentique, avec des gouvernements qui reflètent les choix politiques issus des élections libres et qui sont responsables devant un parlement élu au suffrage universel. Qui juge le travail du gouvernement en place qui applique le programme politique pour lequel le Chef de l’Etat est élu.

 - Nous avons veillé à ce que le pouvoir exécutif soit séparé du pouvoir législatif.

- Nous avons un appareil judiciaire qui fonctionne — malgré quelques couacs de temps en temps —.Et tous les justiciables sont égaux devant la loi.

- Nous plaçons la liberté d’opinion et les droits de l’homme au centre de notre système démocratique. Ainsi, le rôle des médias apparaît comme un "bouclier" naturel contre les dérives éventuelles du Pouvoir.

- Nous respectons la liberté du culte — sans restriction — et nous soutenons (avec le concours des ONG, très actives chez nous) les SDF et autres populations déshéritées, par des actions humanitaires d’envergure. La solidarité nationale chez nous (Resto du cœur, Téléthon, Sidaction) ne sont pas de vains mots .

- Nous assurons à nos enfants une éducation la plus performante possible —dans le service public — en leur assurant la poursuite de leurs études supérieures grâce à des soutiens financiers.

- Nos Universités (et Instituts Supérieurs) sont parmi les plus prestigieux au monde, et nos diplômés forment l’élite dirigeante de la République.

Sans vouloir vous vexer, votre pays n’est pas encore au bout de ses peines en matière de développement et de mise à niveau socio-économique comparable au nôtre. Il empreinte la voie certes, mais avec beaucoup d’improvisations et de tâtonnements. Le fait d’y croire c’est déjà essentiel, je suppose !.

BiLADI : Vous l’avez dit tout à l’heure, nous parlons de sujets incomparables, parce que obéissant à des contextes diamétralement opposés. Je vous l'accorde, je suis admiratif devant ces belles réalisations...Mais n'oublions pas :

*Votre parcours a commencé voici plus de deux siècles (après la Révolution de 1789).
*Vous n’avez pas connu d’Occupation à proprement parler (sinon une très brève période de 5 ans par l’Allemagne).
*Vous avez profité du Plan Marshall (pour la reconstruction de l’Europe).
*Vous avez opté pour la laïcité dans votre mode de gouvernement, ainsi qu’à une alternance politique issue des élections libres…(Vu les soubresauts qu'a connus votre histoire nationale, le sucés de cette dernière option n'était pas garantie d'avance!). 


Ne fût-ce que pour ces raisons (dites sommairement et sans exhaustive), et avec de la bonne volonté derrière, il y a de quoi pavoiser et être fier du résultat : parce que vous avez pris un élan étendu sur le temps ; parce que vous avez reçu des soutiens financiers importants ; et parce que vous avez choisi de gouverner —avec l’aval de vos concitoyens — par une méthodologie politique et non par des préceptes religieux !

Permettez-moi de vous féliciter sincèrement pour votre succès ! Mais vous entendez l’Hôtesse annoncer l’atterrissage…
Et pour ne pas oublier, voici la Gandoura que je vous ai promise…
(Il ouvre un bagage de cabine, sort un paquet joliment emballé et le tend à son voisin de voyage).

AJAMI : Votre geste me va droit au cœur cher ami, je suis gêné mais en même temps doublement enchanté : d’abord de vous avoir connu, puis de recevoir ce joli présent (qui me rappellera à mes moments perdus votre très beau pays !).


Mais pour faire honneur à la bonne tradition de mon pays (les bons procédés font de bons amis !) laissez-moi vous offrir à mon tour ce beau livre qui m’a  beaucoup impressionné par la qualité du dialogue de ses auteurs et leur érudition : il s’agit de "Loi d’Allah, loi des hommes" (liberté, égalité et femmes en Islam). De Leïla Babès et Tareq Oubrou/ Albin Michel (Avril 2002).

Vous verrez, vous qui êtes Musulman, vous serez captivé (plus que je l’étais moi-même) par le contenu de cette œuvre, riche en enseignements pratiques sur l’Islam, et vif par les réparties sans concession qui opposent deux interprétations : l’une traditionaliste "modéré", l’autre "moderniste" bien inspirée… Je vous souhaite bonne lecture !


En conclusion, que dit le "modérateur" que je suis sur ce dialogue que la pertinence des deux antagonistes a rendu audible et instructif.

Imaginer ainsi deux personnages très vraisemblables (mais néanmoins virtuels) pour confronter des opinions très éloignées en apparence (mais néanmoins assez proches dans le fond) de leurs pays respectifs m'a séduit par son côté "contrasté" et révélateur : le Marocain ayant une parfaite connaissance de l’actualité française, malgré un certain aspect "traditionaliste" de sa culture générale (enrobée d'une certaine admiration du système politique français); et un journaliste Français qui n’est pas en reste sur ses analyses "très pointues" de la situation au Maroc…et reconnaissant en filigrane que la perfection n'existe nulle part en ce bas monde, même dans cette France, tant "convoité" par les Marocains!

Leurs échanges ont révélé aussi que d’une part, le regard de l’étranger sur le Maroc reste perpétuellement marqué par les mêmes critiques sur le retard de développement qu’accuse notre pays (malgré quelques apparences trompeuses !) et sur le "style de gouvernance" que pratique le Pouvoir qui ne semble pas briller par sa probité ni par sa cohérence!

Et que d’autre part, le Marocain, (même en étant conservateur sur le plan religieux) est  parfaitement informé du système politique (laïc) français et de son mode de vie… qu’il semble apprécier (au fond de lui) au- delà de ce que lui exigent les civilités dont il se délecte avec un interlocuteur qui les lui rend bien!

Et tout cela me laisse songeur, voire un peu perplexe :

Jusqu'à quand nos sempiternels "bavardages de salon" sur les retards de développement qu'accuse notre pays? Que nous assumons par ailleurs avec résignation?
Jusqu’à quand l’immobilisme et l'incurie du Pouvoir qui dirige ce "pauvre" pays depuis son indépendance, et qui mérite vraiment mieux ?!

-     Voici donc un pays qui a subi de multiples invasions extérieures ;
-     Qui lui ont légué un patrimoine culturel et civilisationnel impressionnant ;
-     Qui fut gouverné par des Dynasties "flamboyantes" (en matière de puissance et de diplomatie);
-     Qui dispose de la plus ancienne Université (ou parmi les 2 premières) du monde ;
-     Qui a failli être lié à la Monarchie française par le lien du mariage !
-     Qui a "ouvert" (le premier parmi les pays du bassin Méditerranéen) des Délégations Diplomatiques auprès des Grandes Puissances de l’époque depuis des siècles!
-     Qui reconnut le premier l’indépendance des États-Unis !
-     Qui plus est a brillé (au moment de négocier son indépendance du Protectorat français) par une élite politique de premier plan : bien cultivée, très avertie (sur le plan politique), bien préparée pour prendre la relève, et digne par sa loyauté et son nationalisme, (à l’égard du régime qu’il soutenait fermement, la Monarchie).

      Et qu’avons-nous obtenu en fin de course ?

·    Un pays replié sur lui-même, malgré quelques velléités d’ouvertures vite réprimées (Hassan II était un monarque égocentrique et totalitaire!)
·    Une société divisée par des courants antagonistes (islamistes et modernistes) ; sans vision d’avenir (vivant au jour le jour) ; pliée sous le fardeau de l’injustice sociale, la précarité, voire (pour une large couche de la population) la médiocrité : économique, culturelle et sanitaire.
·    Une génération de politiciens (au pouvoir ou à la tête des partis) sclérosée, affaiblie et corrompue jusqu’à perdre l'infime partie de leur dignité, laissant un vaste "boulevard" à tous les mafieux et les "brigands des quatre chemins" pour s’installer et prospérer dans le pays ! Sans  vergogne !

·    Le tout sous "l’œil impavide" du véritable Pouvoir: le Palais !

 Alors même que pris à part, chaque Marocain ne rêve que d’évasion ! De fuite en avant...
 de partir…

 D’où nous vient donc ce sentiment de rejet que nous avons à l’égard de notre pays?

 Pourquoi nous "semblons" être fascinés (voire envoûtés) par la Civilisation occidentale en général, et la culture française en particulier?! Sans entreprendre la moindre démarche pour nous en rapprocher ?! 

De mon point de vue, il y a une raison toute simple et bête de banalité : la modernité et le "bon vivre" de "nos voisins" français nous fascinent vraiment ... Mais le carcan religieux qui nous tient aux chevilles nous empêche de nous "libérer" pour progresser vers la modernité. Le charme ambiant, l’Architecture, les Musées, les Spectacles, la Gastronomie, la Mode, la Littérature, tout cela nous fait rêver nous les Marocains quand nous nous rendons en France, et nous laisse comme un sentiment de frustration irrepressible : oui, nous aimons, nous Marocains, le bon goût et l'élégance dans toutes leurs manifestations, culturelles, artistiques et gastronomiques...


















Que recherchons-nous en fin de compte à travers ce regard "envieux" envers cette "civilisation" qui nous fascine?

·    Une bonne éducation pour nos enfants, via l’enseignement publique: primaire, secondaire et universitaire (la prolifération des écoles et groupes d’enseignement supérieur  privés est non seulement souvent accompagnée d’arnaques, mais pèse très lourd sur les budgets des familles).
·    Une bonne couverture médicale généralisée (la CNSS a déjà commencé son "parcours de combattant" avec l'AMO: Tiendra t-il le pari?)
·    Une bonne justice sociale (à quand la réforme tant proclamée de la Justice?) et non l'abus du pouvoir et les inégalités criardes qui caractérisent le tissu social, dans l'indifférence totale des autorités!
·    Une gouvernance crédible et visionnaire : le Palais doit se muer en Arbitre Suprême de la Nation, en cédant de ses prérogatives à un gouvernement  QUI GOUVERNE! qui assume ses responsabilités et qui donne la priorité aux problèmes socio-économiques et de justice sociale qui entravent la bonne marche du pays vers le progrès. 

Une bonne dose de civisme et d'hygiène (mentale et physique !) serait la bienvenue pour couronner le tout ! 


Ce sont la médiocrité et l'absence de patriotisme chez nos gouvernants qui sont responsables du préjudice que nous subissons tous, en silence !



mercredi 1 décembre 2010

LAAYOUNE EST POUR LES MAROCAINS UN SANCTUAIRE SACRE ET INVIOLABLE



L’ALGERIE ET LE POLISARIO ONT EU TORT DE PROFANER NOTRE SANCTUAIRE 

(Telquel N° 448, La Main d’Alger, page 22)



Trois événements grandioses (par la participation massive des Marocains) ont marqué l’histoire récente du Maroc. A chaque fois, ces événements ont contribué à donner du Royaume l’image d’un pays uni, courageux et pacifique, prêt devant les épreuves qu’il traverse, à défendre son Honneur et sa Dignité, par un mouvement de masse impressionnant par son engagement et sa détermination à montrer sa solidarité.

Ces événements mémorables représentent pour moi une charge émotionnelle toute particulière dans le foisonnement de souvenirs qui émaillent ma mémoire, dès que j'évoque les périodes euphoriques d'après indépendance...

I-CE FUT D’ABORD LE RETOUR DE L’EXILE DE SA MAJESTE MOHAMMED V ET DE SA FAMILLE EN 1956.





La foule qui l’a accueilli à sa descente d’avion (et les vagues humaines qui ont manifesté leur joie pendant 3 jours sans interruption, dans toutes les villes du Maroc — et dont je faisais partie —) voulaient exprimer au monde, par leur liesse fervente, leur fierté de recouvrer enfin leur Honneur et leur Dignité, après l’indigne "usurpation de pouvoir" dont s’est rendu coupable le Protectorat Français au Maroc, en détrônant honteusement et sans ménagement un Sultan ( héritier d’une longue dynastie) devenu un "peu trop" rebelle…pour les "calculs sournois" de certains colons en mal de Pouvoir …

II-C’EST ENSUITE LA "MARCHE VERTE" ORGANISEE PAR LE ROI (DEFUNT) HASSAN II (un stratège de politique extérieure hors du commun!).




Cette initiative hardie du Souverain était sensée libérer pacifiquement nos provinces du Sud, demeurées sous tutelle de la puissance coloniale espagnole, après l’indépendance du Maroc.


A ce propos, il me vient en souvenir des images attendrissantes…

J’étais en fonction à Oslo (Norvège) et la télévision nationale transmettait en continu des "images tout à fait grandioses" sur les défilés impressionnants des masses humaines participant à la " Marche Verte", en mouvement vers le Sahara. Ce fut tellement saisissant (par l’ampleur de la manifestation retransmise par la TV) que mon fils, âgé de 7 ans (un peu impressionné par les images diffusées) a spontanément rebondi sur l'événement et reproduit, dans un dessin enfantin mais très parlant (avec représentation de la foule bigarrée et des pancartes portant des slogans appropriés : " Vive le Sahara Marocain" etc…



  (Qelques vues d'Oslo)

" Quel prodige!" me dis-je en moi-même: en l’embrassant très fort. Recevant le dessin des mains de mon fils (qui était très fier de ses talents d'artiste en herbe) je fus en même temps ému et soulagé : voilà que grâce à mon fils j’ai apporté ma contribution (même lointaine et symbolique) à cette fabuleuse " Marche Verte" que les télévisions du monde entier ont couvert par des reportages où transparaissaient plutôt un sentiment de sympathie! (non sans une certaine dose de réserve).

L’organisation de cette "Marche" inédite dans l’histoire de la décolonisation, l’habilité du Souverain à mettre à contribution la Cour Internationale de Justice de la Haye  comme témoin neutre — pour démontrer la légalité de sa démarche, et surtout l’extraordinaire participation populaire, avec son enthousiasme débordant et sa volonté — toute pacifique — de fouler le sol sahraoui, un drapeau dans une main et le Coran dans l’autre ! Tout cela dans une conviction sans faille, une liesse "bon enfant" et une discipline martiale ! Ce qui n’a pas manqué d’impressionner le monde. Et particulièrement l’Espagne franquiste, rancunière à l’égard du Maroc (pour tous les déboires coloniaux  qu’elle n’a pas su digérer, comme la guerre du Rif par exemple, pour ne citer que le plus humiliant pour elle!).

III-ENFIN LA DERNIERE MANIFESTATION EN DATE, DE CE 28 NOVEMBRE 2010 A CASABLANCA.



Trois millions de Marocains (venus de toutes les villes du Maroc) sont sortis exprimer leur indignation et leur amertume à l’égard de nos voisins du nord et de l’est (Espagne et Algérie) qui, pour une fois et simultanément, se sont ligués ensemble pour nous porter des "coups traîtres" d’une rare violence.




Le plus frappant dans cette manifestation, c’est le sentiment fortement ressenti parmi les participants, qu’une nouvelle génération de Marocains (n’ayant pas connu la "Marche Verte") s’est jointe spontanément et avec beaucoup d'enthousiasme à celle qui a participé (ou assisté) à ce lointain haut- fait  de notre histoire, comme pour "compenser une absence" qui l’interpellait quelque part, afin de combler un patriotisme à fleur de peau…
 
Cette jeunesse exubérante mêlée à ses aînés (que sont pour la plupart les parents participant à cette liesse) avait quelque chose de très émouvant !

Malheureusement, cet enthousiasme est entaché par les mauvais sentiments (et arrières pensées) témoignés à notre encontre par nos "amis d’hier", devenus nos ennemis aujourd’hui !
(Le Temps N° 72, page 16)


(Puce N° 4, Politique/page 22)

En couvrant les récents événements qui se sont déroulés à Laâyoune les médias et partis politiques espagnols ont versé traîtreusement  dans le  mensonge et la falsification des faits.
(Photos Telquel N° 447, page 24)



Des " hordes sauvages" et meurtrières (armées de machettes, et circulant en 4x4) qui sont venues semer l’horreur et la mort, parmi une population prise (par surprise) en otage, et qui, rencontrant les forces de l’ordre (désarmés) sur leur chemin, n’ont pas hésité à sabrer dans la chair des innocents ! (en laissant 9 cadavres d’agents de sécurité sur le terrain !).
Nos "amis  espagnols" (médias et leaders de partis politiques) semblaient vouloir dire que ces " hordes" venues mettre (intentionnellement) à plat le gain de crédibilité que la position marocaine commençait à "récolter" dans la communauté internationale (face l’intransigeance du Polisario), que ces hordes donc n’étaient autres que de "pauvres Sahraouis" révoltés par leurs conditions de vie (de colonisés!) et avaient  voulu  démontrer par-là leur "ras-le-bol !" à la communauté internationale… (On peut dire qu’ils ont réussi, les fourbes!) 

Et dire que le Maroc leur a ouvert les bras sans retenue! (l’Espagne ne l'oublions pas est le 2ème investisseur au royaume, après la France) .

(Le Temps N° 72, Tempo, page 16)
Interview Mohamed Tajeddine Husseini 


"Comment voyez-vous l’attitude des médias espagnols vis-à-vis des événements de Laâyoune ?
L’attitude des médias espagnols ne me surprend pas. A chaque fois, qu’il s’agisse d’une cause nationale ou d’un dossier qui tient le Maroc, certains médias espagnols, poussés par une droite politique des plus extrémistes, déforment les faits et essaient de les utiliser à l’encontre de notre pays. Cette attitude est liée à l’histoire et à la société espagnoles, en ce sens que le voisin ibérique n’arrive toujours pas à oublier son passé colonial au sud du royaume et n’accepte pas que le Maroc demande à récupérer les deux enclaves occupées Sebta et Melilla. […] Il faut savoir que le Polisario et l’Algérie usent de tous les moyens pour mettre à mal notre pays et saper toute possibilité de résoudre le conflit autour du Sahara marocain."

 Qu’importe si, simultanément à cette gigantesque manifestation à Casablanca, se déroulaient à Madrid, Paris et Washington, d’autres manifestations de résidents marocains (pour dénoncer le mensonge et la trahison de nos " amis"): le mal est fait, et très mal ressenti par le peuple Marocain. Qui voit très bien la main "traitresse"de l’Algérie derrière ces manigances de gens aveuglés par la haine et la rancune mal dissimulées.

(Actuel N° 71, Politique, page 38)


"Six algériens, dont deux officiers des services secrets et plusieurs membres actifs du Polisario ont été arrêtés parmi les émeutiers de Laâyoune. Selon les sources chargées de l’enquête, d’importantes sommes d’argent en devises ont été saisies  sur ces personnes. En tout, une centaine de suspects dont certains ont été déférés devant la justice militaire seule compétente, alors que les autres ont été présentés au juge d’instruction pour enquête sur les crimes qui ont fait 11 morts et 159 blessés, essentiellement parmi les forces de l’ordre. Ils sont poursuivis « pour constitution d’une bande criminelle, participation à séquestration, enlèvement et torture, avec utilisation de véhicules à moteur, participation à l’incendie d’un véhicule transportant des personnes» "


En quoi ces événements —  malgré leur coté  "initiés"    peuvent- ils nous interpeller ? Nous émouvoir ? :

Ils ont valeur d’exemples (de leçons ?) aux générations montantes : le Maroc sait se tenir debout, solidaire et digne quand les nécessités (les devoirs?) l’exigent.

Mais encore ?

Le patriotisme débordant (à chaque fois que le pays est "visé" par des événements extérieurs) et la loyauté des citoyens à l'égard de la patrie n'ont comme "exutoire" qu'une manifestation populaire clamant haut et fort son dévouement à la nation, voire son sacrifice si nécessaire, quand la patrie est menacée...Et tend à démontrer quelques évidences :

A – Le Maroc est peut-être un beau pays... Comme tant d’autres ! Ni plus ni moins !

B – Il a une longue histoire, qui lui fait honneur. Et tant pis pour les envieux!

C – Sa population est encore jeune et douée (puisque un quart de celle-ci est installé aux quatre points cardinaux de la planète!) malgré des contingences socio-économiques contraignantes.

D – Ses élites politiques, malgré leur longévité et parfois leur archaïsme font marcher le pays quand-même , à petit pas certes, mais il avance…             

Oui, mais...             

Question: au fait, qui a permis à l'Algérie de s'arroger le rôle de "donneur de leçons" (en matière de Droit) et de "Porte- Parole" de la Charte des Nations Unies (concernant le principe de l'Autodétermination des peuples)?

Réponse: C'est une démarche unilatérale bien entendu (donc arbitraire) doublée d'un "coup de poignard" dans le dos de tous les Marocains que nous sommes!

Question: Et que fut la réaction du Maroc face à cette ignoble ingratitude de nos prétendus "frères"?

Réponse: Mû par l'indiscutable légitimité de ses droits et la confiance en soi pour l'assumer, il s'est laissé envahir par une certaine passivité (qui l'a empêché de voir loin et de préparer une stratégie minutieusement élaborée dans le traitement du dossier).Ce faisant, il a lésiné à trouver des négociateurs chevronnés et des juristes talentueux capables de répliquer, point par point, à l'insolente "pertinence" de l'argumentaire algérien (qui réussissent à tous les coups à convaincre leurs interlocuteurs étrangers, lesquels oublient de les questionner : Que faites-vous dans cette galère?...

Question: Mais alors, faut-il se croiser les bras?

Réponse: Nous cherchons désespérément une diplomatie avisée et crédible...capable de battre par K.O notre inqualifiable adversaire (soudainement amnésique pour ce qui concerne notre soutien à sa lutte pour son indépendance)! 

C'est bien beau tout ça, mais ça ne résout pas le problème!...

Hélas! Je ne peux qu' attester, le cœur bien lourd, notre humiliante impuissance à répondre à l'ignominie de nos voisins par "un coup d'éclat" qui leur "clouera le museau" une fois pour toutes!
 il y a 7 heures
Aussi, qu'il me soit permis maintenant de "placer" librement quelques réflexions, comme ça me vient :  

1 – Le dossier du Sahara marocain demeure une plaie ouverte pour les citoyens que nous sommes, et aussi un sujet énigmatique par la manière dont il est " traité" par nos responsables.

2 – Alors que la population marocaine s’est "donnée" corps et âme dans la défense de ce qu'elle considère comme un appel sacré de la patrie (350.000 citoyens y ont pris part), le pouvoir l’a gardée éloignée  de ce dossier — à travers le musellement des médias —  et ne le faisait  "intervenir" que "sur ordre", quand les crises surgissaient dans les négociations qui se déroulaient au-dessus de sa tête !

3 -  Ce qui était "une affaire nationale" (à la résolution de laquelle ne devraient être mêlée que les parties réellement concernées: la Mauritanie et le Polisario) est devenue par manque de vision et de pragmatisme de la part de nos négociateurs  une "affaire d’Etats":  Algérie, Union Africaine, Nations-Unis, Afrique du Sud etc …etc...

4 -  Depuis le départ, la présence de l’Algérie autour de la table des négociations avec le Polisario, paraît non seulement incongrue mais proprement démentielle pour tous les marocains (sauf pour ceux chargés de défendre ce dossier!)

5 - Nos principaux ennemis dans cette affaire, souffrent tout autant de problèmes de minorités ethniques qui ne demandent que la reconnaissance étrangère…Qui nous interdit d’utiliser cette "carte" pour la retourner contre nos adversaires ? (Pays-Basques, Catalogne, pour l’Espagne ; Kabylie pour l’Algérie).

6 - Nos ennemis sont décidés à nous harasser par des luttes éprouvantes (avec  prolongations) pour nous affaiblir (pour l’Espagne il y a des dossiers brûlants sur la table, ceux de Ceuta et Melilla; pour l’Algérie il y a celui de Tindouf). Ils "jouent" un jeu machiavélique avec nos nerfs...sciemment, pour nous faire mal! 

7 -  A nous de ne plus en subir les conséquences, ni entretenir le flou (par notre improvisation!) :jouons cartes sur table et prouvons notre détermination à en finir avec leur ignominie. Utilisons les moyens qui sont à notre disposition :

 *Demandons (avec la plus extrême énergie) le retrait de l’Algérie de la table des négociations, puisqu’elle se considère elle-même comme partie non-concernée. Et exigeons des Nations-Unis que l’entité Polisario quitte Tindouf (territoire contesté) pour s’installer ailleurs, et exigeons aussi de l’Algérie (partie non-concernée) d'observer la plus stricte neutralité, concernant ce dossier. Toute intervention de leur diplomatie dans cette affaire doit être considérée par les N.U comme une ingérence dans un dossier qui relève exclusivement du Conseil de Sécurité et des parties concernées (Maroc, Mauritanie et Polisario).
           
*Puisque nous sommes membre à part entière des N.U. comme le sont nos ennemis, et puisqu’ils "exigent " beaucoup de nous... qui nous empêche "d’exiger" d’eux de la même manière !(Œil pour œil et dent pour dent!).

*Demandons officiellement une enquête en bonne et due forme de la part des N.U sur les conditions de vie de nos compatriotes séquestrés à Tindouf, et exigeons l’intervention de cette institution dans la sauvegarde des droits de nos réfugiés, et leur liberté "inaliénable" de retourner dans leur pays d'origine (n'en déplaise à l'oligarchie militaire qui dirige de main de fer le pays "ami", et qui tient en otages dans des camps de fortune des milliers de sahraouis, comme monnaie de change contre le Maroc).

*Le litige sur Tindouf étant toujours ouvert pour nous, préparons nos dossiers et demandons aux N.U d’intervenir, et impliquons la France par la même occasion pour la mettre devant sa responsabilité, en sa qualité d’ex puissance "protectrice", ayant procédé elle-même aux manipulations des frontières, en nous habilitant ainsi à créer une tension permanente sur nos ennemis (l'oligarchie algérienne) comme ils ne cessent de le faire sur nous.            

*Puisque le "dossier" est entre les mains du Conseil de Sécurité (seul habilité à en découdre), exigeons des Espagnols leur neutralité absolue à l'égard du litige sur le Sahara (condition essentielle pour tous pour une issue aisée de la crise) s'ils tiennent encore aux relations cordiales et sereines avec le Maroc, et à l'attitude bienveillante des autorités marocaines qui leur ouvrent très grands les espaces de "délocalisations sans risque" engagées sur notre sol (avec frénésie depuis les deux dernières années).

*S'ils refusent cet appel à la raison, soutenons officiellement l'indépendance des Iles-Canaries, et de Catalogne, et ouvrons une Représentation Officielle de leur Mouvement à Rabat, ainsi qu'à l' ETA espagnol. Procédons de la même manière pour le Mouvement d'Autonomie de Kabylie ( en Algérie) en même temps! 


Ce sont là quelques idées (toutes personnelles certes et qui n’engagent que moi) sur un dossier qui commence à exacerber la patience et la bonne volonté des Marocains dans leur ensemble, même les moins "portés" sur la politique . 

Pour la bonne raison que LAAYOUNE est devenue notre refuge sentimental (au bout de tant d’années de lutte) en même temps que le symbole de notre "unité nationale" retrouvée.

Pour une fois, restons "droits dans nos bottes" et rappelons-nous l'adage: "les chiens aboient et la caravane passe"!