A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

samedi 20 novembre 2010

LE MAROC EST COMME UNE MARMITE QUI BOUILLE... MAIS LA SAUCE PEINE A PRENDRE !





Je ne vous cache pas que je suis perplexe et souvent partagé entre la colère et la révolte, face à ce « mauvais sort «  qui s’acharne à nous défier chaque fois que l’on avance d’un pas vers la "normalisation" de nos institutions. Je suis en colère contre nos dirigeants qui, sans gêne, "reprennent d'une main ce qu'ils ont donné de l'autre" dans leur gestion des affaires du pays; et je suis révolté de voir que nous sommes toujours classés au bas de l’échelle (130/140ème sur 182 pays recensés) dans les enquêtes menées par les institutions internationales de notation sur les avancées réalisées dans les domaines de Liberté, de Justice Sociale et de Démocratie.

Pourtant, tant de signes encourageants apparaissent ça et là, dans notre quotidien.

Ne fut-ce que depuis ces dernières années, que d’événements annonciateurs de lendemains meilleurs pour les citoyens que nous sommes !

Regardons ensemble les faits :

A – C’est vrai, le Maroc croule sous de gros projets d’infrastructure (et aucune région n’est oubliée). Certains projets sont en cours de finition, d’autres sont en marche pour aboutir incessamment…


 


Quelle chance pour la relance de l’emploi et le développement économique (qui profiterait à bon nombres de nos concitoyens démunis) !

B– La vaste campagne de l’INDH lancée par le régime depuis peu, et qui vise à éradiquer les signes d’extrême pauvreté qui affecte de très larges couches de la population rurale, commence à porter ses fruits (peut-être trop lentement à notre goût ?) .

C- l’électrification avance à grands pas dans les zones rurales reculées du pays, systématiquement accompagnée par l’introduction à grande échelle de l’eau potable dans les régions jusqu’ici non alimentées.

D- des centres d’hospitalisation et des dispensaires pour des soins médicaux de premières urgences sont ouverts dans des régions demeurées trop longtemps oubliées par les autorités en charge de la Santé publique. Ils comblent ainsi un déficit flagrant d’hygiène et de santé publique difficilement acceptable dans le Maroc d’aujourd’hui.

E – Prise de conscience et volonté affichées (en haut lieu) de procéder rapidement à la mise en œuvre d’une Réforme de la Justice (projet que soutient énergiquement et avec une implication financière significative l’U.E.,entre autres) qui puisse répondre très concrètement aux attentes légitimes des marocains.


F – Dans ce même mouvement de réformes, l’Eduction Nationale, l’une des trois « plaies nationales» douloureusement ressenties par la population, devant une "Justice aux ordres", et une Administration obsolète et corrompue, est à son tour inscrite en lettres majuscules sur l’agenda du pouvoir, et cette fois-ci il ne pourrait pas y échapper, car les regards de toutes les agences de notation sont braqués sur nous (voir notre classement cité plus haut).

G- la scolarisation générale est sinon effective, du moins en cours de généralisation dans toutes les régions du royaume. Avec des efforts louables des pouvoirs publics ( et quelques donateurs privés) pour soutenir les couches les plus déshéritées (gratuité et distribution des fournitures, des livres scolaires, des cartables etc…)


H- la politique d’alphabétisation menée par le Ministère des Habbous a permis d’autre part, à plusieurs milliers de citoyens de suivre (dans les mosquées du Royaume) le programme de lutte contre l’analphabétisme. Avec le recul, cette politique semble être couronnée de succès aujourd'hui (selon les dernières enquêtes établies et publiées par les services du Ministère : et notre employée de maison en est la preuve vivante!).

I- Des ONG plus actives et plus audibles, œuvrant énergiquement pour la Défense des Droits de l’Homme, de la Femme, et des Enfants (exploités dans les ateliers de travail, ou dans les domiciles privés), et sous la pression desquelles des lois ont été élaborées (laborieusement!) pour enfin faire valoir et protéger ces Droits ! 

J - Et, ce n’est pas le moindre, la mise en application d’un nouveau Code de la Route, dont l’objectif premier est de mettre fin à l’hécatombe qui s'acharne sur les routes marocaines et les désigne parmi les plus meurtrières du monde !

K - Et cerise sur le gâteau, sur le plan culturel, et grâce à l’initiative privée d’un intellectuel de stature nationale (Abdellatif  LAABI, pour ne pas le nommer), un Appel pour un Pacte National pour la Culture a été lancé en Avril 2010, qui a laissé un large écho dans les médias, et dont voici un extrait parlant : 

« Une telle perspective n’est pas une vue de l’esprit car, malgré l’impasse politique qui est en train de se dessiner, le Maroc a profondément changé. Dorénavant, qu’on le veuille ou non, il fait partie intégrante du village planétaire. Les besoins vitaux et intellectuels d’un nombre toujours croissant de Marocains, à l’intérieur du pays comme dans la diaspora, ont tendance à s’aligner sur ceux des pays avancés. L’archaïsme persistant dans les mentalités, la forte pression exercée sur les mœurs et les comportements par les mouvements passéistes, sont contrebalancés par l’attrait aussi fort d’autres modèles où la conquête des libertés et des droits, l’accès à la modernité et la jouissance de la prospérité ont été préparés par une révolution des connaissances, des techniques, et de grandes avancées dans le domaine des idées. »

En observant toute cette effervescence d’idées, de projets (socio-économico-culturels), aboutis ou en cours de réalisation, on est en droit de se dire : ce n’est quand-même pas mince toutes ces avancées—même si elles n’ont pas encore donné tous leurs fruits sur le chemin du progrès auquel aspire pleinement notre pays ! D'où vient donc ce classement honteux et dégradant que nous traînons derrière nous, année après année?

Peut-être faut-il voir l'origine de ce malentendu dans le climat léthargique qui sévit dans le pays tout entier... parce que non seulement les fruits de tous ces "beaux projets" ne profitent qu'à un clan de privilégiés, mais en plus un voile de doute profond s'est abattu sur une population qui ne croit plus en ses institutions ?!

En effet:

1/  Une atmosphère de peur sourde à l’égard d’un terrorisme latent (qui nous a déjà « explosé au visage ») venant de nulle part (insoupçonnable auparavant), et qui a inhibé le mouvement entamé par notre pays vers une certaine forme de liberté, et surtout une tendance manifeste de « réconciliation » entre pouvoir et citoyens...encouragée par l'avènement de Mohammed VI.


2/ Des dérives policières (prenant prétexte de la menace du terrorisme) qui se manifestent régulièrement dans nos villes (et souvent à propos de presque rien !) par des brutalités injustifiées de la part des forces de l'ordre (rappelant les traditionnelles bastonnades et brimades récurrentes subies par des citoyens qui osent s'exprimer dans la rue sous l'ère hassanienne!), et laissant ainsi à chaque fois ce sentiment de « déni de droit » qui plane sur notre pays.

3/ Des atteintes répétées à la liberté d’expression, en particulier dans la presse écrite, qui a vu nombre de ses titres prestigieux interdits de paraître (le Journal, Assahifa, Demain, etc…). Conséquence : musellement des titres restants et résignation à l’autocensure.

4/ L’enlisement (ou le retrait pur et simple) de certains gros projets d’infrastructure (par découragement d’investisseurs fuyant la corruption rampante à l’échelon élevé du pouvoir !).

5/ Un système de gouvernance opaque, sans vision ni ambition et non crédible de surcroît (les intentions de réformes restent sans lendemains), incapable d’insuffler un zeste d’espoir auprès d’une population désabusée, dont une large frange est quasiment « larguée » sur le pavé, et n'ayant d'autre alternative à sa survie que de "sortir" exprimer sa "colère" et son désespoir...

6/ Enfin, et ce n’est pas le moindre, dans un dossier national aussi sensible que représente le Sahara marocain, comment est-on arrivé à « créer » (à l’insu de notre plein gré !), le chaos qui nous a frappé d’effroi ces dernières semaines, à la vue du « spectacle » lamentable (en plus d’être déshonorant) retransmis dans presque toutes les chaines de télévision étrangères, stigmatisant le Maroc en premier, comme principal « bourreau » dans le massacre dont a été victime cette région, décidément foyer de controverse, par la manière peu digne dont les autorités marocaines " prétendent gérer" son destin au sein de la nation.

 




Alors, je vois bien que ce n’est pas seulement « le mauvais sort » qui est en cause dans ces séquences de désarroi qui caractérisent notre situation intérieure, décrite pourtant comme faisant partie (comme le prétendent certains plaisantins) du « plus beau pays du monde » !

Qui en est responsable vraiment ?

Je veux bien croire que c'est d’abord le système makhzénien qui prétend gouverner ce pays, mais qui s’y prend mal. Comme suggéré ci-dessus :

Monsieur A.R. BENCHEMSI (TELQUEL ; N°444 ; du 23 au 29 oct.2010) considère à la fin de son éditorial 


«  Or, rien n’échappe plus aux grilles d’analyse que le facteur humain, par essence imprévisible. Le pire est probable, mais il n’est pas garanti. Le meilleur est improbable, mais il n’est pas exclu… »
Soit !

Que ceux donc qui ont la charge de gouverner le Pays, s'y prennent autrement, en prenant à cœur d’œuvrer dans l'intérêt général, et de donner des signes patents que les projets de réformes annoncés soient appliqués à la lettre, et non destinés à alimenter les bavardages stériles sur les terrasses de café, à défaut d'impressionner le regard de plus en plus inquisiteur et sceptique de l'opinion internationale!

Et voilà! Nous y sommes ! C’est parce que des ingrédients basiques manquent dans nos projets de société (probité, pragmatisme et dévouement au service de la Patrie) que notre "potion" ne prend pas! Et ceux qui nous observent et nous jaugent à l'aune de nos prétendues "avancées" ne sont pas dupes! 

Et ils nous le font remarquer sans ménagement!

Après tout, ce n'est pas tant les citoyens que nous sommes qui sont jugés à travers ces classements "honteux", pour un pays qui se proclame "le plus beau du monde"... Mais bien le Pouvoir!

Est-il tombé si bas dans l'indignité pour ne pas réagir et prendre ses responsabilités au sérieux pour conduire le pays vers un STATUT PLUS DIGNE DE SON HISTOIRE et de ses velléités modernistes proclamées, au sein des nations qui comptent dans ce monde ?? 


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