A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

mardi 9 novembre 2010

LE MAROC A-T-IL RATE LE TRAIN DU DÉVELOPPEMENT...




La question n’est pas de savoir si l’opinion répandue à ce sujet est exagérée.
La vraie question est : où en est le Maroc aujourd’hui ?

- Qui peut nier que l’avènement de l’ère de Mohammed VI a rompu significativement (même si la suspicion sur certains cas avérés de disparitions ou de torture subsistent) avec celle de son défunt père, ère qualifiée unanimement d’« années de plomb ».

- Qui peut mettre en doute la mise en chantier, tambour battant, d’un Maroc totalement investi (aucune région n’est épargnée) par de gros travaux d’infrastructure, (certains à l’allure pharaonique !) engagés à un rythme qui frise « l’embouteillage »…par un Roi « résolu et bâtisseur » infatigable, traversant le pays de long en large, soucieux avant tout de « Développement Humain », et y consacrant de grandes brassées de milliards de DH !

- Qui peut contester le courage politique (face à une société traditionnaliste et parcourue de courants fondamentalistes) et la pertinence intellectuelle d’un Roi qui a choisi de prendre sur lui la refonte systématique de la condition de la femme au Maroc, et contre vents et marées, l’a dotée d’un statut (Moudawana) honorable (à défaut d’être révolutionnaire) et qui compte parmi les plus libéraux du monde Arabe (exceptée la Tunisie).

- Qui peut négliger la liberté d’expression dont se « délectent » les Marocains aujourd’hui (comparativement à hier sous Hassan II) et la liberté de ton des médias (aucun sujet n’est tabou, à part la personne du Roi et de sa famille). Ne soyons pas ingrats, et reconnaissons que cette liberté existe bien (nous sommes en novembre 2010), même si elle est mise à mal par l’incompétence (voulue ?) de certains juges (véreux ?).

- Qui ne se réjouit pas de voir, dans les grandes villes du Royaume, les améliorations survenues récemment, dans les conditions de vie des citoyens (même si celles-ci affectent plus souvent les quartiers résidentiels !), avec l’élargissement des grandes avenues et leur modernisation ; l’aménagement des littoraux (quand il s’agit de villes côtières) ;  l’implantation des espaces verts( et leur entretien), le tout, en attendant que l’arrivée des tramways ne transforme complètement la physionomie de ces villes, en y améliorant qualitativement les conditions de circulation.

- Qui peut railler l’acharnement d’un ministre (Karim Ghellab), en  bravant l’opposition ( même dans son propre parti), et qui veut doter le Maroc d’ un nouveau code de la route, qui mette fin (même partiellement) à l’hécatombe en nombre de victimes et d’handicapés à vie, que représentent (honteusement) les routes marocaines aujourd’hui....

Non ! Non ! Ne vous méprenez-pas sur mon compte ! Je ne suis pas le nouveau porte-parole de Khalid Naciri ! Ni d’ailleurs un « électron égaré » d’un Makhzen en manque de pub !

Je voulais seulement essayer d’emprunter le même cheminement de pensée qu’un observateur étranger, nouvellement acquis à une certaine "image" véhiculée par les médias sur le "nouveau Maroc", et qui, visitant notre pays, pourrait adopter une expression dubitative devant les premières images qui s'offrent à lui : d’abord impressionné par les apparences d'une société moderne, il scrute en profondeur "les ressentis" que lui renvoie ce Maroc qui décidément suscite de la curiosité, et doute bien qu’il y a anguilles sous roche!

Alors, il « s’aventure » dans la quête de la vérité, en se mêlant au public (meilleur indicateur) et en feuilletant les médias (meilleur miroir d'une société en marche).

Que peut lire cet observateur sur les sujets brûlants qui taraudent le pays ?  Lisons avec lui quelques extraits de presse parus dans les dernières éditions des hebdomadaires (les plus lus) au Maroc.


A - L’APPAREIL JUDICIAIRE :

 

(Magazine Telquel, N° 445 du 30 oct. au 5 nov. 2010/ Edito : A.R. BENCHEMSI)




C’est, au fond, le cœur du problème : le ministre de la Justice est-il censé exercer une « tutelle » sur les juges ? D’évidence non, puisque leur fonction suppose une stricte indépendance à l’égard du pouvoir exécutif. Autre question, plus cruciale encore : est-il normal que le ministre de la Justice soit aussi le vice-président du CSM, instance notamment chargée de sanctionner et démettre les juges, autrement dit qui détient sur eux un pouvoir énorme, celui de défaire leurs carrières ? Bien sûr que non, là encore. Dans une interview fleuve accordée à l’hebdomadaire Al Ayam, Hassoune révèle des détails stupéfiants sur le CSM : « ce conseil (censé être) indépendant et autonome, est en fait totalement intégré à l’administration centrale du ministère de la Justice. Il n’a ni local propre, ni organigramme, ni (document officiel) qui précise sa mission et ses prérogatives. (…) Le ministère de la Justice considère le CSM comme n’importe lequel de ses services internes. Ses réunions se tiennent dans une salle qui dépend du cabinet du ministre, et le ministre a la haute main sur tous les dossiers, rapports et instruments de travail qui permettent au CSM de prendre des décisions ». Etonnez-vous, après cela, que les juges au Maroc ne soient pas indépendants…

B - LE CLIMAT MALSAIN DES RÉDACTIONS MÉDIATIQUES

(Magazine Le Temps N° 64 du 25 sept. au 1er oct. 2010 /Edito : A. ZYNE)


Les polémiques sont les bienvenues, pas les insultes et les coups bas… Y’en a marre !

Franchement, à quoi rime cette joute médiatique, vindicative à souhait, abominable qui oppose désormais les différents journaux de la place ? Quel intérêt pour le lecteur de savoir qu’un tel patron de presse habite dans une villa, que l’autre paie ou pas les cotisations sociales de ses salariés, qu’un ancien rédacteur en chef a quitté son journal en mauvais termes… ? Est-ce cela notre métier, nous les journalistes en 2010 ? S’insulter à longueur de colonnes et régler nos comptes personnels et professionnels via des coups bas, des entrefilets perfides anonymes et des éditos haineux et revanchards ? Où est l’enrichissement intellectuel dans tout cela ? et du débat démocratique dans notre pays avec tous les dossiers politiques, économiques et sociaux mis à l’ordre du jour ? Est-il imaginable qu’en France par exemple, le rédacteur en chef du Monde insulte quotidiennement le patron de la rédaction du Figaro, et vice-versa, en prenant les lecteurs en otages ? Mais où va-t-on ? Avons-nous conscience qu’en procédant ainsi, nous dégoûtons davantage chaque jour le petit nombre de lecteurs que nous avons dans ce pays ?


(Magazine Telquel N° 446, 6-12 nov. 2010 / Rubrique L’ACTU – MAROC, Tarik HARI, page 28)

AL JAZEERA : Les dessous d’une censure.

La chaîne qatarie vient de se faire interdire toute activité au royaume et ses journalistes se sont vu retirer leur accréditation.

Retour sur l’histoire tumultueuse d’Al Jazeera au Maroc.

L’information est tombée tel un couperet le vendredi 29 octobre : les autorités marocaines ont décidé de suspendre les activités du bureau d’Al Jazeera à Rabat et de retirer leurs accréditations aux journalistes de la chaîne. Motif de la décision ? « Des manquements aux règles du journalisme sérieux et responsable », assène Khalid Naciri, ministre de la communication. Lesquels ? « Nous avons établi une liste des manquements de la chaîne aux règles professionnelles et de la déontologie depuis le début de son travail au Maroc. La liste sera publiée dans les jours qui viennent », promet le ministre. En attendant, la décision clôture le bras de fer juridico-politique qui oppose les deux parties depuis plusieurs mois, sans pour autant mettre un terme au conflit. « La décision ne changera pas la ligne éditoriale d’Al Jazeera qui continuera à couvrir les affaires marocaines de manière à servir les intérêts de ses téléspectateurs », annoncent les dirigeants de la chaîne qatarie.


C – LE SECTEUR BANCAIRE

(Magazine Le Temps N° 64 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Reda DALIL /page 19)

Ces banquiers voyous…

Pots-de-vin contre services, marketing, clientélisme, abus de délais… Comment certains banquiers vous pourrissent la vie.

Même à l’ère des champions nationaux, certaines banques (et leurs banquiers) entraînent avec elles des pratiques d’une autre époque. Pots-de-vin contre services, marketing, clientélisme, abus de délais. Entre usage déloyal de pratiques légales et autres aux antipodes de la légalité, quand nos banquiers vont-ils changer d’attitude ?

D – LA SECURITE DANS LES VILLES :

(Magazine Actuel N° 62 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Z. CHOUKRALLAH/ page 54)

Fès, la cité de la peur.
Fès underground
Le « 45 » (Bab Sifer), « Sharij Gnawa », « Aïn Haroun”, “Jnane Lakrouda”, “Moulay Abdellah”, autant de quartiers devenus ces dernières années, de hauts lieux du crime à cause de l’urbanisation accélérée  et de la montée du chômage. Rien que pour l’année 2007-2008, plus de 1684 arrestations ont été opérées et 28 347 mis en cause ont été présentés devant la justice pour des délits liés, en majorité, à la petite criminalité, selon la Direction générale de la sûreté nationale. Situés derrière la muraille de la médina, ces quartiers autrefois des « jnanes » (vergers) appartenant à des grandes familles fassies sont devenus des bidonvilles avant de se transformer en logements sociaux. C’est d’ici que proviennent les criminels qui terrorisent la médina, et désormais même les quartiers riches de la ville. « Je suis né et j’ai fait ma vie dans un quartier chaud, Sidi Boujida, mais aujourd’hui à 59 ans, j’ai peur d’être agressé quand je rentre chez moi le soir », raconte Benslimane, chauffeur de taxi, qui nous a servi de guide dans le Fès underground.


E – LA SECURITE ROUTIERE

 (Magazine Actuel N° 62 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Edito : actuel.)

On a accusé Karim Gellab de vouloir imposer un code de la route suédois aux Marocains et on a brocardé son système à points. Force est aujourd’hui de constater que notre nouveau code est bien éloigné de l’intransigeance scandinave. Le texte qui s’applique à partir du 1er octobre paraît même édulcoré au regard de l’hécatombe que subit le Maroc sur ses routes. Et pourtant, que de négociations et de compromissions pour en arriver là ! La loi la plus importante du gouvernement El Fassi aura été paradoxalement bien peu soutenue par le Premier ministre. Il y a 18 mois quand le pays était paralysé par une violente grève des transports, Karim Ghellab était alors bien seul pour défendre son texte… Aujourd’hui, dans sa version définitive, le code est loin du brulot qui déclencha un climat quasi insurrectionnel dans le Royaume. Les amendes ont été revues à la baisse et, surtout, toutes les garanties pour prémunir les automobilistes des policiers corrompus sont aujourd’hui mises en place.

F – DROITS DE L’HOMME


Magazine Actuel N° 67, du 30 oct. au 5 nov. 2010 / Rubrique Décryptage : A.E. AZIZI / page 9)

Droits de l’Homme  HRW épingle le Maroc.

LES FAITS
Le dernier rapport de Human Rights Watch a été particulièrement sévère pour le Maroc, accusé de « détenir fréquemment des islamistes dans des lieux secrets, où ils risquent de livrer de faux aveux sous la torture ».

LE COMMENTAIRE
L’ONG fait ainsi état d’une détérioration des droits de l’Homme juste après les attentats suicides à Casablanca. En effet, depuis cette date, les hommes de Hamidou Laanigri, qui présidait  à l’époque  aux destinées de la DGST, ont pratiqué la torture à grande échelle, raflant et jetant derrière les barreaux des milliers de barbus. Des procès verbaux confectionnés à la va-vite, argumentés d’aveux arrachés sous la torture, ont servi de prétexte aux tribunaux pour une justice d’abattage qui a valu au Royaume les foudres de toutes les ONG actives dans le secteur des droits de l’Homme. « Si le Maroc a manifesté une volonté politique de se doter d’une législation éclairée en matière de droits de l’Homme, il lui manque la volonté politique de la mettre en œuvre dès lors qu’il s’agit de suspects de terrorisme », écrit Sarah Leah Whitson, directrice du département Afrique du Nord au sein de HRW.

G – MAUVAIS CLASSEMENT  DU MAROC PAR LES ORGANISMES D’EXPERTISE INTERNATIONAUX.

(Magazine Actuel N° 61 du 18 au 24 sept. 2010 / Décryptage : M. KABLY/ page 8)

LA TUNISIE TOUJOURS DEVANT NOUS

LES FAITS
Le World Economic Forum (WEF) vient de rendre public les résultats du rapport sur la compétitivité mondiale 2010-2011. Une fois de plus, le Maroc ne se distingue pas par sa performance.

LE COMMENTAIRE
A quelques semaines  de la tenue du sommet pour la région MENA à Marrakech, le WEF lance un pavé dans la mare. Selon son dernier rapport, le Maroc occupe la 75° position avec un score de 4,08. Il perd ainsi deux places par rapport au précédent classement tandis que la Tunisie lui dame le pion en arrivant en tête des pays du Maghreb, à la 32° place avec un score de 4,65. Certes le Royaume  s’en sort mieux que l’Algérie qui se retrouve au 86° rang avec un score de 3,96 ou encore la Libye reléguée à la 100° place avec une note de 3,74. Mais les pouvoirs publics comme les patrons d’entreprise n’ont pas de quoi se réjouir. En dépit des efforts engagés ces dernières années pour améliorer l’environnement global des affaires, plusieurs points noirs subsistent et non les moindres : l’éducation et la santé. Sur ces deux registres, la Tunisie conserve, et ce depuis plusieurs années, sa longueur d’avance.

H – LE POINT NOIR DE L’ENSEIGNEMENT

(Magazine Le Temps N° 55, du 19-25 juin 2010 / Chronique : Driss BENALI / page 29)

L’apartheid scolaire.
Le système éducatif tend à se replier sur lui-même et ne s’adapte pas à l’évolution économique et sociale. Les réformes successives l’ont alourdi sans vraiment le réformer.

Un échec indéniable.
Aujourd’hui, et au terme d’un long débat, le constat mille fois réalisé est que l’enseignement, dans notre pays, oscille entre la crise latente et la crise ouverte. La perception et l’évidence d’une telle situation naissent aussi d’une dramatisation des enjeux et de la montée des urgences qui deviennent manifestes si on se rappelle les déclarations de certains responsables politiques. C’est ainsi que feu Meziane Belfkih conseiller du Roi, a admis (en 2008) : « sur le plan du développement humain, nous sommes classés par le PNUD 126e sur 177pays, et c’est la scolarité qui nous pénalise ». En somme, l’échec du système éducatif est le seul point qui fait l’objet de consensus. L’opinion observe que l’effort financier global qu’elle consent n’est pas différent de celui des pays en développement qui ont réussi dans ce domaine et pourtant, les résultats sont loin d’être au rendez-vous.

Voilà ! C’étaient des vérités bonnes à dire...et elles étaient bien "camouflées" ! Je veux dire qu'il fallait vraiment être très curieux et patient pour retrouver dans la presse nationale des articles sur ce Maroc qui "bouge", à contre-courant de l'opinion généralement répondue sur son compte! 

Finalement, je plains ce pauvre observateur étranger qui, abusé par des clichés convenus propagés par certaines campagnes publicitaires sur le Maroc (ou la propagande éhontée de certains médias "acquis au système "), se voit contraint de modifier en pire, dans un mouvement d'échelle à 180°, sa vision sur notre "beau" pays (bien malgré-lui peut-être, parce qu’il était bien intentionné au départ), à la lecture de tant d’articles critiques sur l’état du Maroc actuel : classé au mieux 90ème ou 100ème ; au pire 120ème ou 145ème sur 180 pays!!! par les agences de notation internationales crédibles...

La honte pour notre pays, comparé à d’autres pays en développement, mais qui, non seulement sont mieux classés que nous, mais ont eu l’intelligence (la probité?) d’utiliser l’essentiel de leurs ressources dans des projets ayant un impact direct sur l’éducation, les œuvres sociales d’envergure, (le logement et la santé), et une politique économique éclairée (pour mettre le pays à l’abri des crises) .

L’utopie consiste à nous considérer (naïvement) tous ensemble et dans un élan de patriotisme surdimensionné, comme un pays privilégié parce qu'il est gouverné par une "Monarchie éclairée"! Oubliant que quel qu'il soit, un Monarque n'est jamais qu'un homme, avec ses qualités et ses défauts, et que pour gouverner, il a besoin de s'entourer d'hommes d'Etat compétents, soucieux de servir leur pays avec abnégation et beaucoup de déterminisme... A l'instar de n'importe quelle République de l'autre rive de la méditerranée! Il se trouve qu'au Maroc ces "agents de l'Etat" (à part de rares exceptions) sont dépourvus de patriotisme, cupides et sans moralité, assoiffés de pouvoir et de privilèges!!!

C'est cette réalité qui prévaut réellement, largement décrite et décriée dans la presse nationale (et même internationale!) Mais peu crédité par le pouvoir en place. Et rares sont les Marocains qui acceptent de gaieté de cœur de se voir régulièrement "rabaissés" dans les récurrentes classifications des institutions de notation internationales, qui nous stigmatisent particulièrement, et régulièrement...à cause de l'immoralité de nos "gouvernants"....














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