A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

dimanche 11 décembre 2011

DES QUESTIONS QUI DEMEURENT SANS RÉPONSES, SAUF SI …



Þ    On peut être royaliste par conviction, et déplorer les attitudes  incompréhensibles que notre Monarque affiche avec ostentation : est-ce du mépris à l’égard du monde politique ? Ou de l'indifférence assumée à l’égard des critiques de "certains" citoyens ?
Rester sourd aux réformes "basiques" tant attendues depuis la fin de règne de son défunt père, est, de mon point de vue, impardonnable ! (L'enseignement, la santé publique, la justice... des maux qui taraudent la patience et l'espoir des citoyens).

Þ    On peut être antiroyaliste par idéologie et reconnaître à notre Monarque son « trop plein » d’humanisme (non feint) grâce auquel, à travers tout le Royaume, il a redonné à des contrées (perdues par leur isolement et leur détresse absolue, ou des quartiers périphériques des grandes villes, assimilés à des bidonvilles !) un peu de dignité et d’espoir, grâce aux multiples projets socio-économico-culturels qu’il ne cesse d’inaugurer ou de mettre en chantiers…

Mais cela suffit-il pour mettre le Maroc à l’abri d’un despotisme (même éclairé) ou  à l’abri d’un soulèvement populaire incontrôlable ?

Pourquoi sommes-nous comme anesthésiés, frappés de paralysie, devant tant « d’urgences » qui menacent notre vie quotidienne et la stabilité de notre Royaume !
Le « Printemps Arabe » a pourtant donné le signal d’un déferlement de mécontentement populaire (un peu partout dans le monde) où les citoyens se sont exprimé pour dire qu'ils ne veulent plus continuer à subir l’arrogance des dirigeants qui restent sourds à leurs attentes. 

Et qu’a fait le Pouvoir chez-nous pour échapper à ce déferlement ?
Il a "surfé" sur les qualités indéniables du citoyen marocain, à savoir :

Ø  Son sens de civisme devant les moments de crise,
Ø  Sa loyauté à l’égard de la Monarchie,
Ø  Sa « maturité politique » acquise à son corps défendant, depuis les années de plomb (sous le défunt Hassan II)

Que fut la réponse du Pouvoir à cette « sagesse populaire »?

Ø  Octroyer une Nouvelle Constitution, savamment « truffée » d’artifices cosmétiques pour impressionner un public non averti!
Ø  Organiser dans la précipitation des élections législatives anticipées pour former un Nouveau Gouvernement dont on a voulu, en vue de la Nouvelle Constitution, lui attribuer toutes les vertus !

Qui est dupe de cette mascarade ?

Nous en sommes là aujourd’hui, malgré la nomination d’un Premier Ministre qui ressemble à s’y méprendre à tous ses prédécesseurs (malgré d’évidentes différences idéologiques).

On peut légitimement me taxer de pessimiste grincheux...alors que la partie vient tout juste de commencer!

C’est ici où commence la série de questions (auxquelles je n’ai pas trouvé de réponses adéquates) :
1.    Au fait pourquoi j’ai commencé d’abord par parler de Monarchie (au début), pour finir en parlant de Pouvoir ? Qui est qui? Peut-on  vraiment établir (chez-nous) une différence entre Monarchie et Pouvoir?
2.    Lequel des deux dénote une véritable connotation péjorative : Monarchie ou Pouvoir (remplacé alternativement chez nous par Makhzen) ?
3.    Une Monarchie peut être « éclairée » (appuyée sur sa sagacité et sa loyauté à l'égard des citoyens qui lui ont fait allégeance). Pourquoi toutes les monarchies arabo-musulmanes sont, soit autocrates et méprisantes à l'encontre de leur peuple, soit tout simplement d'insatiables prédateurs-mégalos?
4.    Contrairement aux monarchies du Moyen-Orient, la monarchie marocaine tire sa légitimité d’une longue lignée de prestigieux Monarques dont le père fondateur de la Dynastie Alaouite actuelle est Moulay Ismaël, un Souverain hors du commun, à comparer (toute proportion gardée) à la Reine Victoria d’Angleterre ! Peut-on raisonnablement envisager que notre Monarchie plusieurs fois centenaire, puisse être balayée comme ça, par les caprices du temps ? Malgré les incontestables défauts qu'on lui attribue...parfois à raison?
5.    Et j’en viens à cette question cruciale : pourquoi Grand Dieu, notre Mohammed VI, jeune, cultivé, humain et non-violent (comme aucun monarque régnant au Moyen-Orient), qui plus est, très populaire et aimé par une majorité de jeunes et une large frange de la population (en majorité rurale), pourquoi donc notre Monarque semble frappé d'impuissance quand il s’agit de sévir contre les flagrants dérives du Pouvoir makhzénien qu’il tolère: la déliquescence, la corruption et le délabrement des institutions régaliennes de l’Etat que sont la Santé publique, la Justice et l’Education Nationale ?
6.    Pourquoi après avoir « daigné » écouter les revendications de la rue (ce fameux et courageux  Mouvement  du 20 Février), et après avoir décidé de doter le pays d’une soit-disant Nouvelle Constitution, (digne du Maroc Moderne qu’il ne cesse de « vendre » à l’Etranger) pourquoi donc n’est-il pas allé au bout de sa pensée, en déléguant une bonne partie de ses prérogatives à un véritable « Gouvernement responsable de ses actes » et soumis au verdict des citoyens ?
7.    Lui, le Roi moderne, bien apprécié par ses pairs étrangers (occidentaux ou orientaux), lui qui a fait de l’émancipation de la femme marocaine le point phare de son nouveau règne, lui qui veille scrupuleusement à ce que l’islamisme militant et obscurantiste ne vienne jamais perturber les pratiques religieuses modérées de la majorité des marocains qui aspirent à vivre en toute tolérance (comme à leur habitude) avec les autres cultes, lui ce chef d’Etat éclairé s’il en est, pourquoi choisit-il de s’entourer de « personnages douteux » (quand ils ne sont pas parfaitement méprisables pour les « magouilles » financières et des pratiques de passe droits qu’ils opèrent  sans vergogne et dans une totale impunité, sous sa protection) ?
8.    Pourquoi doit-il s’entourer d’autant de conseillers, vidant ainsi de leur charge effective les véritables commis de l’Etat que sont les ministres ?
9.    Méprise-t-il à ce point le Gouvernement issu des élections, pour devoir créer en parallèle un " Gouvernement de l'ombre" a sa solde ?
10. Si c’est le cas, pourquoi avoir « creusé » le déficit de l’Etat en organisant un référendum (dans ce cas bien inutile!) et des élections anticipées, pour un  Gouvernement de pacotille!?
11. Et si les intentions du Roi étaient bonnes à l’origine (le Maroc avait bien besoin d’une véritable Constitution, libérale dans ses dispositions relatives aux séparations des pouvoirs) telles que tous les marocains l’ont comprises lors de son discours du 9 Mars 2011, pourquoi a-t-il cédé en dernier ressort aux pressions venues des caciques du makhzen, conservateurs et manipulateurs qui l’entourent, ou des leaders politiques bien soucieux de garder leurs infâmes privilèges ?
12. Et si en plus il semble être sincère et respectueux des dispositions de la Nouvelle Constitution, pourquoi donc, alors que le Maroc se trouve en période de transition entre 2 gouvernements (pour ne pas dire 2 régimes) donne-t-il cette impression — qui ne le valorise point — de jouer au Patron absolu pour « gouverner » en lieu et place des ministres dont c'est la charge?
13. Et en corollaire à cette question, pourquoi cette précipitation à nommer 28 ambassadeurs d'un coup! En l’absence de toutes consultations avec un Premier Ministre déjà nommé, en droit de formuler des avis et des propositions selon la Nouvelle Constitution?
14. Si le Chef Suprême de l’Etat, ayant adhéré aux textes de lois qui lui ont été proposés (par le comité de rédaction qu'il a désigné à cet effet) et dont il doit être le premier protecteur et exécuteur exemplaire, ne trouve rien de mieux que d’agir à sa guise (en faisant fi des dispositions votées), que doit penser le Marocain lambda sur le respect inconditionnel de la loi ? Et si l’envie lui vient (au Roi) d’ignorer les textes de cette loi, que doit être le rôle de la Justice : appliquer le principe de 2 poids, 2 mesures ?...

Et c’est ainsi que l’on favorise, graduellement, la dérive du Pouvoir...
N’ayant pas de réponses évidentes à toutes ces questions, qui ne sont pas une simple vue de l’esprit (croyez-moi, ils sont nombreux à penser comme moi), quelles solutions nous reste-t-il ?
Þ    Je suis un royaliste de conviction, et ne changerai pas d’un iota mon attitude à l’égard du régime monarchique qui reste à mes yeux, le seul système en mesure d'assurer à notre pays son unité, sa cohésion et sa stabilité. (La détermination du Peuple qui aspire à la Liberté et à la Dignité peut infléchir l’impétuosité d’un Monarque, quelle que soit son autorité, réelle ou fictive! Regardons les monarchies occidentales qui ont cédé à la volonté de leur peuple!).

Ø Aucune Monarchie au monde n’est sacrée : il n’y a que Dieu qui le soit !

Ø  Pour accompagner les demandes de changements  qui traversent la planète (même en Russie, des soulèvement populaires disent à leurs dirigeants malhonnêtes : ÇA SUFFIT !), et pour ne pas être en reste par rapport à tout ce qui se passe autour de nous, notre Roi peut parfaitement, de par son éducation et son humanité (comparé aux chefs d’Etat Arabes!) décider de changer notoirement sa façon de concevoir le règne monarchique, en écartant d’abord de « sa cour rapprochée » les personnages indésirables (suffisamment « fustigés » par l’opinion publique) et en procédant à un réel partage du pouvoir : les citoyens marocains doivent pouvoir demander des comptes à des Ministres responsables. Ils ne peuvent le faire à leur Monarque sans se sentir coupable de "lèse majesté"... 

Ø  Par conséquent, le Souverain doit tirer la conclusion qui s’impose à lui  avec évidence (l’évolution des Pouvoirs dans le monde l’exige vraiment) : accepter de Jouer pleinement un rôle d’Arbitre, à chaque fois que le Gouvernement (ou une institution de l’Etat) franchit la ligne rouge et risque de porter préjudice aux droits des citoyens, à leur intégrité ou à la sécurité de l'Etat.
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Þ    Si, à cause de certains conseillers véreux qui l’entourent (ou d’autres forces de pressions qui rechignent à lâcher prise sur des situations de rente) le Roi « persiste et signe », et tient à garder sa Suprématie (ou un droit de regard) sur les pouvoirs législatifs et exécutifs, alors il ne reste plus aux citoyens que nous sommes que de réagir…

Ø  Par des marches silencieuses dans les grandes villes, dans une grande sérénité, avec un civisme irréprochable et une discipline de fer (le tout organisé et encadré par des ONG habituées à ces genres de manifestations), avec hommes, femmes et enfants, pour démontrer le sens pacifique de la démarche : c'est le seul moyen de se faire entendre...IL FAUT QUE LE GOUVERNEMENT GOUVERNE, ET QU'IL RENDE COMPTE AU PEUPLE QUI L'A ÉLU ! SANS INTERFERENCE DU PALAIS !

Mais on en est pas là encore...


Laissons le temps au temps! Et entendons-nous bien : il ne s’agit pas de tout remettre en cause ! Nous n’allons pas refaire le monde ! Il y a eu Référendum, élections et scrutin majoritaire pour des partis appelés à gouverner ensemble : peu importe qu’ils soient islamistes, communistes ou capitalistes ! Ils ont reçu leur légitimité à travers le vote citoyen. Donc laissons-les gouverner et jugeons-les sur leurs actes !

Quant au Roi, il est temps pour lui de réaliser que les temps changent... et par conséquent, il doit "opérer" les modifications de comportements qui "épousent l'air du temps", dans ses attributions de Monarque suprême! Il doit accepter de rester à l'écart...et agir en arbitre, en "modulateur" de régime, quand le Gouvernement trébuche ou manifeste quelque incapacité à gérer les affaires de l'Etat...
  
Donnant ainsi aux citoyens que nous sommes, le sentiment authentique qu'il a bien entendu et compris la "clameur" qui vient du fond du peuple: le changement c'est maintenant!!!

CAR IL FAUT BIEN QUE LES CHOSES CHANGENT CHEZ NOUS AUSSI. ET POSITIVEMENT. ET SURTOUT SANS BAVURES !


1 commentaire:

  1. Merci pour votre blog et une analyse juste et sans fioritures des évènements qui secouent le monde arabe...mais aussi le Marco ( même si on veut nous faire croire que tout s'y passe comme sur des roulettes)

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