Mon fils qui
adore les livres (et qui ne s’en prive pas quand il nous rend visite à Casa)
est tombé sur une vraie perle : « J’ai couru vers le Nil » de
l’Egyptien Alaa Aswany.
Il a eu la
délicatesse, me connaissant bien, de « l’oublier », quand il rangeait
ses affaires dans ses valises pour son retour dans son pays de résidence…
lointain.
Comme
l’auteur égyptien n’est pas à son premier succès (« L’immeuble
Yacoubian », « Chicago », « J’ai voulu être Egyptien »
etc…), et comme l’éditeur « Actes Sud » est connu pour avoir la « main
heureuse » dans le choix de ses publications, j’étais tenté de me plonger
dans sa lecture, malgré l’épaisseur du volume… J’avoue que je n’étais pas déçu,
loin s’en faut.
Que
dire ? C’est l’Egypte de 2011, avec la Révolution qui enflamme une Place
Tahrir qui n’a jamais porté si bien son nom, et une destitution quasi
improbable d’un Hosni Moubarak en fuite, laissant le pays dans une situation
chaotique…
Mais en
dehors de ces soubresauts totalement inédits dans une Egypte tenue jusque là de
main de fer par un Raïs aveuglé par un Pouvoir sans concession, miné par
l’oppression et la corruption, c’est la description chirurgicale (par Alaa
Aswany au sommet de son art) d’une société égyptienne que l’auteur connaît bien
dans ses moindres replis : conservatisme exacerbé, islamisme rampant,
emprise militaire sur les principaux leviers de commande, une jeunesse
estudiantine en ébullition et en quête d’une modernisation des institutions du
pays qui reste paralysé par une chappe de plomb islamiste, et le règne sans
partage d’une clique militaire assoiffée de pouvoir et des privilèges qui vont
avec…
Et, comme
une onde de romantisme (qui ne manque pas de piquant !) qui traverse le
livre de bout en bout (au-dessus des foules déchainées manifestant leur
hostilité à un régime décadent, et des ripostes violentes des forces de
sécurité), un échange de messages par courrier électronique entre un couple de
jeunes étudiants engagés dans cette Révolution en marche : lui, ingénieur
dirigeant une usine appartenant à un « capitaliste » italien, et dont
les ouvriers ont décidé de se solidariser avec le mouvement contestataire qui
secoue le pays, en déclenchant une grève, elle, étudiante en médecine, fille
rebelle d’un Général impliqué dans la riposte violente contre les foules
manifestantes de la Place Tahrir…
Je ne peux
pas vous en dire plus : si vous êtes comme moi, nostalgique de cette brillantissime
Egypte qui a bercé notre enfance et même notre adolescence par ses belles
musiques lancinantes, ses chanteurs de grand talent qui ont immortalisé la
chanson arabe à travers le monde, ses productions cinématographiques de très belles
factures, sa prestigieuse presse, ses grands auteurs iconiques d’une
littérature et d’une poésie arabes d’une richesse inégalable (qui ont subjugué
des générations entières de fans, et qui continuent encore à nous subjuguer),
et son dialecte arabe « musical » diffusée par l’inoubliable
« Sawt al Arabe », cette Egypte qui nous a fait tant rêver et que
nous regrettons beaucoup aujourd’hui de la voir sombrer dans la décadence, si
donc vous gardez encore un zeste de nostalgie pour ce que fut cette Grande
Nation, courez vite chez votre libraire pour commander sans plus tarder cette
magnifique et captivante œuvre de Alaa Aswany : « J’AI COUU VERS LE
NIL ».
Vous m’en
remercierez, j’en suis convaincu !