A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

vendredi 14 janvier 2011

LA TUNISIE : COLOMBE DE LA LIBERTE !



Le soulèvement des frères tunisiens, au point où il culmine aujourd’hui (avec la quasi capitulation du pouvoir despotique de Ben Ali), les signaux forts qu’ils ont lancés tout autour d'eux, parmi le monde arabe (inopinément certes, mais avec quel intensité!), la détermination qui les anime (« arracher » un véritable changement de régime au pouvoir en place!) et l’esprit de « justice sociale » qui semble être leur devise… tout cela est « pain béni » pour nous autres pays arabes.

Que le « cadet » des pays Arabes ait pu réaliser une telle prouesse, tout seul, et sans influence extérieure: voilà un exemple de maturité et surtout de pugnacité qui mérite notre admiration !...




Mais attention aux dérives ! Il ne faut en aucun cas que cette quête vers la démocratie se fasse sur des ruines (la Tunisie est un état moderne, qui a payé cher pour le devenir).



La priorité des priorités doit consister maintenant à ne pas trop perdre de temps, et à désigner un « porte parole » du Mouvement, capable de négocier pied à pied avec le régime chancelant de Ben Ali, les conditions d’une capitulation en bonne et due forme, et préparer le terrain à une reconversion de régime, dont l’élaboration d’une nouvelle constitution doit être la première et la principale urgence. Tous les changements à venir (et ils sont nombreux) doivent être inscrits (en lettres d’or !) dans une nouvelle constitution, élaborée par les éminents juristes tunisiens, et approuvée par référendum soumis au peuple, afin de garantir « l’inviolabilité » de ses textes de loi.

Moncef Marzouki

Radhia Nasraoui













Et c’est là où je me tourne vers ces « icônes » de la société tunisienne, dont les voix ont franchi depuis longtemps les frontières du pays, pour aller alerter l’opinion publique des pays épris de liberté et de démocratie que sont les pays occidentaux, et je leur dis ceci : retroussez vos manches et mettez-vous au travail au service de votre pays !  Arrêtez de débiter de bonnes paroles et les bonnes intentions ! L’heure aujourd’hui est au labeur pour d’abord effacer du paysage les traces de  saccages  provoqués ça et là (inadmissibles mais compréhensibles compte-tenu de la rage du Mouvement qui les ont provoqués) et surtout endiguer et encadrer méthodiquement ce Mouvement pour le conduire avec sagacité au bon port !
Ce qui reste pour moi l'indispensable préalable pour l’établissement en lieu et place du pourvoir Ben Ali, d’un régime laïc et démocratique. Dans l’ordre et la paix civile enfin retrouvée…

Sihem Ben Sedrine

Taoufik Ben Brik







Notre chère Tunisie mérite bien cela !


Alors à vous tous et toutes : Moncef Marzouki, Taoufik Ben Brik, Sihem Ben Sedrine, Radhia Nasraoui, Hamma Hammami (1), Attia Athmouni, Abdelwahab Meddeb, Kamel Jendoubi et bien plus encore dont j’oublie les noms, je vous exhorte de prendre vos responsabilités sans tarder à l’égard de ce Mouvement et de conduire une action commune et réfléchie afin d'obtenir le changement qu’attend le peuple tunisien tout entier.
Il faut absolument un interlocuteur représentatif mais « de poids » face au régime Ben Ali pour l’obliger à céder la place… Il ne le fera qu’avec un « adversaire » coriace et plus fort que lui ! Et vous êtes, par vos parcours respectifs et vos combats permanents, chacun à sa manière, les représentants dignes et incontournables de votre peuple...

Unissez vos efforts et oubliez vos querelles de chapelle pour orienter votre énergie et votre intelligence dans l'élaboration d'un pacte d'entente nationale ayant pour objectif prioritaire de fixer le cheminement de votre pays vers un régime démocratique stable et réformateur. Soyez, pendant cette période transitoire, les dignes précurseurs de ces mouvements "naissants" qui se propagent tout autour de vous, dans ce Monde Arabe, assoiffé de Démocratie et de Justice sociale!

Hamma Hammami

Attia Athmouni













J’ai lu sur le site nawaat un texte très intéressant sur les demandes du peuple tunisien en onze points que voici (et qui résument parfaitement l'état d'esprit du mouvement démocratique qui revendique des changements profonds dans le processus de gouvernance à venir en Tunisie:

Les demandes du peuple tunisien


1) Nous sommes un peuple digne, nous n’acceptons pas d’être insultés, frappés ou mal-traités. Nous demandons l’arrêt immédiat des violences envers le peuple…Nous sommes pacifiques, mais nous n’accepterons pas longtemps d’être la cible des violences de la police et de l’armée que nous payons avec nos impôts. Si le régime voyou persiste dans sa violence et s’il veut la guerre , il l’aura .. et nous serons de plus en plus nombreux, les coups ne nous feront pas peur, même les morts ne nous feront pas plier.


2) Ce pays est le notre, nous demandons le droit de nous rassembler, de manifester et de nous exprimer .. Nous demandons que la télévision nationale soit la voix du peuple et qu’elle soit au service du peuple.


3) Nous sommes un peuple mature et adulte, nous demandons une assemblé nationale représentative, démocratiquement élue .. et qu’elle puisse avoir les moyens de contrôler efficacement le fonctionnement du pouvoir exécutif et d’être la garante de la voix du peuple. Nous demandons que les missions de l’administration tunisienne soient redéfinies, que les priorités de développement soient discutées et définis avec le peuple.


4) Nous sommes un peuple travailleur et une tradition d’honnêteté, nous demandons la refonte totale de la justice tunisienne pour qu’elle soit indépendante, honnête et compétente. Nous demandons que la justice puisse statuer en toute indépendance sur les enrichissements illicites de la famille présidentielle et affiliés, ainsi que l’implication des institutions administratives, économiques et financières tunisiennes dans la corruption générale. Nous demandons que justice soit faite sans zèle et que la fuite des capitaux soit répertoriée et les biens de l’état retrouvés.


5) Notre richesse est notre peuple, nous demandons un gouvernement compétent, intègre et crédible, issue d’une volonté populaire exprimée dans des élections libres et démocratiques….Nous demandons de faire appel aux milliers de compétences tunisiennes en Tunisie et à l’étranger pour prendre en charge les secteurs clés de l’économie , du commerce et des institutions publiques et semi-publiques tunisiennes. Nous demandons un président qui préside, un gouvernement qui gouverne et un peuple souverain qui décide.


6) Nos régions sont le coeur de notre Tunisie, nous demandons la refonte totale des pouvoirs régionaux l’élection de nos gouverneurs dans les régions ainsi qu’un encadrement compétent de cadres dont le contrat devrait être défini avec les représentants du peuple sur la base d’un contrat-programme. Nous demandons que le rôle de gouverneur soit celui d’un vrai chef d’entreprise dont la mission principale est le développement de la région et que son rôle politique soit réduit au maximum.


7) Nous sommes au 21ème siècle, nous demandons que tous les moyens d’expression soit libres, que le code de la presse soit aboli, que toutes les formes de censure soit bannis, que l’activité politique soit libre, que les parutions le soient….que la loi sur les associations soit complètement remaniée…et que les missions du ministère de l’intérieur soient redéfinies intégralement, que la cyberpolice soit reployée à la protection de la société et de ses intérêts, nous demandons que la liberté d’expression soit régie uniquement par une justice tunisienne indépendante.


8) Nous avons un héritage séculaire de l’esprit entrepreneurial, nous demandons que l’environnement des affaires soit sain afin de permettre la création d’entreprises, le développement de nos entreprises et leur rayonnement à l’international, Nous demandons à faire appel à nos compétences en Tunisie et à l’étranger pour définir des plans de développement et d’investissement sectoriels. Nous demandons la transparence, l’égalité des chances et une vraie refonte du secteur financier pour devenir un vrai vecteur d’investissement.


9) Nous sommes devenus un petit pays sans visage et sans voix, nous demandons de doter ce payer d’un visage et d’une voix qu’il mérite…la Tunisie regorge de personnalités charismatiques pouvant détenir les premiers rôles sur le plan national et régional…En dehors du premier rôle de président de la république, Nous demandons à remodeler les missions de nos chancelleries à l’étranger, les dédier au développement économique et à l’aide de nos citoyens dans le monde.


10) Nous demandons que soient abolies toutes relations entre administration et partis politiques, que l’administration soit apolitique, très compétente, intègre et de ré-instaurer la culture de “service du pays et du citoyen”.


11) Nous ne voulons plus retomber dans les erreurs du passé, nous demandons une nouvelle constitution, définissant des pouvoirs plus équilibrés, inscrivant dans le marbre les droits des citoyens , et interdisant définitivement l’amendement d’un ensemble d’articles fondateurs relatifs à l’exercice du pouvoir exécutif.

Voilà ce que j’avais à dire sur ce magnifique et prodigieux soulèvement contre la dictature brutale de Ben Ali, et j’espère de tout cœur que nos frères tunisiens pourraient bientôt célébrer la date anniversaire de ce « Mouvement de foule » comme le point de départ d’une nouvelle ère de conquêtes et de réalisations, à l’instar de la Révolution française de 1789 !

Mohamed Bouazizi

Bouazizi immolé














Et cette date ne pourrait être que celle du 17 décembre 2010, date de l’immolation par le feu du Héros de cette Révolution, un diplômé-chômeur, le désormais célèbre et téméraire Mohamed Bouazizi, !

L'enterrement de Bouazizi

Le salut militaire de la dépouille de Bouazizi











Avec en filigrane, mon vœux que cette « Colombe » qui a survolé la Tunisie sœur puisse poursuivre son envol bienfaisant sur les autres cieux du monde arabe…en y apportant l’espérance d’une vie meilleure, par le changement des régimes en place, et la probité de leurs dirigeants dans l'exercice de leur fonction.

J'apprends à l'instant même la fuite (à l'etranger) de Ben Ali ! Quelle victoire Chèr peuple de Tunisie
Que Dieu vous assiste. Car maintenant il vous faut la relève...et sans perte de temps.Vive la Tunisie Libre et vive le Maghreb Libre!


(1) Je viens d’apprendre l’enlèvement (ou l’emprisonnement) de Hamma Hammami le 11 janvier courant. J’espère vivement qu’il soit parmi les prisonniers politiques libérés récemment par le pourvoir, dans un geste d’apaisement .


dimanche 9 janvier 2011

LES APPELS DOULOUREUX DE SIDI BOUZID ET DE BAB EL OUED …


Algérie

Tunisie














Les convulsions qui agitent en ce moment les populations tunisiennes et algériennes devraient interpeller légitimement les dirigeants du monde arabe...

Au lieu de réagir dans le sens de "l'histoire", ils sont là, tous affalés sur leur "socle" de pouvoir absolu, bâti sur des trésors volés impudemment...et parés de leur statut usurpé de "Présidents perpétuels et Indéboulonnables" jusqu’à ce que mort s’ensuive !...

C’EST SCANDALEUX !

Nous sommes entrés au 21ème siècle et le monde entier a changé de visage : l’URSS s’est effondré (remplacée par la Russie); les USA se sont repliés sur eux-mêmes, la "Chine Populaire" s’est réveillée et l’Inde lui emboîte le pas; l’Union Européenne "s’est consolidée" (imaginez un peu l’audace : 27 pays ont décidé tous ensemble de lier leur avenir en commun!), et l’Amérique latine se déploie à pas de course (UNASUR)... 

Et pendant ce temps-là, que font nos "valeureux" dirigeants arabes ??

COMME DANS UNE CLASSE DE MATERNELLE : ILS S'AMUSENT A SE SURPASSER DANS DES JEUX DE RÔLES ! 

 
L’Arabie saoudite supplie les USA d’écraser l’Iran (pour l’empêcher de se doter d'une arme nucléaire).
L’Irak s’enfonce dans le chaos, (empêtré dans une guerre de religions sans fin). Mais supplie l'Amérique de rester dans le pays pour "maintenir" un semblant d'Etat.
L’Egypte soutient "candidement" (et avec un rare dévouement !) la politique meurtrière radicale d’Israël à l’égard du peuple palestinien dont Hamas paye la facture!
La Libye se donne en spectacle (sans gêne) au monde, grâce au talent constamment renouvelé de son CLOWN de dirigeant (qui suscite plus de révulsion que de rire…).
L’Algérie :Tiens, la pauvre ! La revoilà encore confrontée à la révolte d’une jeunesse en mal de vivre, livrée à la précarité et au désespoir... Les énormes montagnes de revenus en dollars, amassés grâce aux exportations du pétrole et de gaz depuis l'indépendance du pays, sont allés enfler les poches et les comptes bancaires — à l’étranger — de la junte militaire qui tient le pays sous ses bottes. L’œil goguenard d’un président moribond n'y peut rien changer...La Réconciliation Nationale ne se fera qu'au prix d'une redistribution équitable et généreuse du "pactole" amassé et mis sous séquestre par les caciques du pouvoir!

L’Algérie donc, dont le Président "Boutef " n’a de problèmes harassants à résoudre qu’avec le Maroc ! 

Quelle ingratitude de la part d’un natif du Maroc (Oujda) ayant grandi et fait ses premières classes à "l’école marocaine" ! Plus tard, devenu Ministre des Affaires Etrangères, on le voyait plus souvent à Rabat qu’au siège de son ministère à Alger ! Avec autant d’affinités avec la société marocaine, comment peut-il les effacer d’un coup de manchette ?

Ou dit autrement, lui qui n’a pas trempé dans les magouilles des premières années de pouvoir du FLN, comment a-t-il pu cumuler tant de rancœur, voire de haine, contre le pays qui l'a vu naître?!... (je ne veux pas revenir sur ce que j’ai déjà dit — sur un post précédant — concernant la sympathie et les supports de tous genres que le Maroc a témoignés et fournis au peuple frère algérien, n’en déplaise à leurs ingrats dirigeants successifs, exceptés Chadli Benjdid et Boudiouf).

Qu'avaient-ils donc tous à se détourner de leur responsabilité première (gouverner dignement leur pays et améliorer le sort de leurs citoyens) au lieu de s'acharner sur le Maroc?

Mais qui a dit que gouverner en Algérie est un exercice "simple"?

C'est cette même Algérie, "forte de ses acquis démocratiques (sic), de ses réalisations économiques, culturelles et sociales exemplaires (re-sic!)", qui s'érige péremptoirement le droit de donner des leçons à certains voisins, et mène une campagne ignoble et hargneuse contre un adversaire indomptable : le Maroc, et ameute la planète entière pour l'accuser de bafouer les droits de l'homme" et renier "le droit à l'autodétermination" au peuple sahraoui (que fait-elle du peuple Kabyle, tiens!), un peuple sahraoui "hébergé" gracieusement et dans un élan machiavélique de sollicitude, dans un territoire (Tindouf pour ne pas le citer) notoirement connu pour être un territoire objet de différend frontalier entre les deux pays "frères"... 

N'EST-CE- PAS PATHÉTIQUE ET MACHIAVÉLIQUE A LA FOIS, VOIRE OUTRANCIER DE LA PART DE CETTE ALGERIE QUI VOUE UNE HAINE INNOMABLE CONTRE UN MAROC DONT LE SEUL DEFAUT EST D'ETRE UN VOISIN BIENVEILLANT MAIS INDONTABLE ! 

Soyons clair! Je le proclame haut et fort moi-même et avec moi une forte majorité de marocains: nous n'avons que sympathie, amitié, fraternité et même une sorte d'admiration sincère et profonde pour nos frères algériens, pour leur combat héroïque (si lointain aujourd'hui!) contre la colonisation française, et un chagrin inconsolable pour le gouffre des pertes humaines que cela a entraîné...Donc nos deux peuples n'ont aucun problème pour cohabiter ensemble dans cette région où nous souhaitons qu'il y règne une entente cordiale sans faille, la sérénité et une confiance réciproque, pour surmonter les différends qui peuvent survenir indépendemment de notre propre volonté.

HÉLAS, LE POUVOIR ALGÉRIEN NE L'ENTEND PAS DE CETTE OREILLE!...ALORS LAISSONS-LE S'ENFONCER DANS LA BEREZINA !!

Mais laTunisie dans tout cela ?

J’en suis affligé, parce que je suis admiratif devant les progrès réels et significatifs réalisés par ce pays dans le domaine socio-économique (par opposition à nos défaillances en la matière). Et les troubles qui l'agitent étaient prévisibles depuis longtemps, et pour cause : la mégalomanie doublée de cupidité et aggravée par un pouvoir absolu d'un dictateur aux allures d'un brave père de famille !!! 
Tiens: le manque de droit et le déni de justice, le mépris abyssal des citoyens et la mégalomanie, cela ne vous rappelle rien ?

Mais oui! Evidemment, c’est la caractéristique spécifique des dirigeants arabo-musulmans de part le monde !!! 

Et ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie guette dangereusement la plupart des régimes arabes…A regarder de plus près, à part la Syrie, la Jordanie et le Maroc, tous les dirigeants des pays arabes ont déjà "un pied dans la tombe" de part leur âge...
Si le mécontentement populaire s'en mêle, que restera t-il de tout ce "beau monde" autour de nous?  Le plus improbable est qu'une nouvelle génération d'acteurs politiques accède au pouvoir, nourrie d'une résolution sans faille à éradiquer la corruption, le déni des droits et les inégalités socio-économiques qui frappent injustement de larges couches des sociétés arabes!...Et pourquoi ce pessimisme péremptoire ?

Parce que le culte de la personnalité et l'amour aveugle du pouvoir est enraciné dans l'ADN des dirigeants arabes !!!

MAIS EST-CE UTOPIQUE D'ESPÉRER QUE LE MOUVEMENT DECLANCHE PAR LA TUNISIE (DANS SA VERSION FINALE, DÉBOUCHANT SUR LA DÉMOCRATIE) PUISSE "CONTAMINER" LE MONDE ARABE ?

Emeutes en Tunisie

Emeutes en Algérie











Hélas! Force est de constater que la Tunisie souffre : le régime despotique de Ben-Ali l'a mise à genoux! Et depuis déjà longtemps…Ce peuple frère semble crier "au secours !"…Lui qui a toujours su "se résigner sans rechigner" ! En travaillant sans relâche... 
Comment peut-on aider un pays ami, sinon de l’exhorter à prendre son destin en main, quoi qu’il lui en coûte, parce qu’il est seul à appréhender ses pôles d'intérêt les plus urgents, ceux-là mêmes pour lesquels il est sorti dans la rue pour les proclamer haut et fort !...

Voici un pays "ancré" dans l’Histoire (comme le nôtre), ayant subi des invasions diverses (comme chez nous) qui lui ont légué un héritage civilisationnel précieux, un pays qui a été gouverné par des dynasties prestigieuses (comme chez nous) qui ont marqué les mœurs du peuple tunisien, un pays qui a ouvert des chantiers de modernisation de la société au plan culturel, économique et social, pour en faire le pays le mieux classé du monde arabe (selon les instituts internationaux de notation), et voilà que : par sa cupidité, l’exercice du pouvoir absolu, sa mainmise sur les "affaires fleurissantes" du pays au profit de sa famille, la chape sécuritaire qu’il exerce sur une population excédée par tant d’injustice et de mépris, le Pouvoir absolu de Ben Ali a fini par provoquer "la goutte qui a fait déborder le vase !"


Tunis

Alger











J’ai honte pour ce qui arrive à tous ces éminents intellectuels tunisiens (astreints à la loi du silence pour échapper à la torture), à tous ces grands journalistes (pour moitié à peu prés encore en prison), à toutes ces ONG courageuses qui continuent à titiller le pouvoir, à tous ces vaillants avocats qui affrontent les foudres du pouvoir en ce moment même dans les rues de Tunis, bref j’ai honte pour tout ce qui arrive à tous nos frères tunisiens…J'ai honte aussi pour toute cette jeunesse algérienne, abandonnée à elle-même, sans ressources ni perspective d'avenir, qui supporte (la rage au cœur) l'injustice et le mépris du pouvoir, pourtant dépositaire de "montagnes" de pétrodollars!

SI J'AI HONTE, C'EST QUE JE ME SENS UNE PARTIE DE VOUS MÊMES, ET JE ME SENS AUSSI IMPUISSANT QUE VOUS!

Naturellement, vous ne méritez pas ça ! Ou plus exactement, vos gouvernants ne vous méritent pas ! 

Nous sommes tous avec vous, de tout cœur, pour que se réalise enfin chez vous une véritable démocratie qui ouvrira la voie à d’autres pays arabes (le nôtre compris) afin qu’un jour, nos pays et leurs dirigeants enfin acquis à la démocratie et respectés de par le monde, tenus au rang qu’ils méritent dans le concert des nations, soient dignes de notre confiance, et partant, de nous représenter...dignement dans ce monde!


Et que ces appels, lancés de vos cités (défigurés par la misère) ne soient pas vains !




vendredi 7 janvier 2011

DIPLOMATIE ECLAIREE , QUAND TU NOUS TIENS !...

Ceci est d’abord une réponse au défi lancé par ibnkafka : (je suis un lecteur assidu de son blog, que je trouve à mon humble avis, EXCELLENT!) je vais, en réponse à son défi, «m’essayer» plutôt à un post par semaine pour 2011, mais sans illusion…Même ainsi je ne pense pas tenir longtemps ce rythme effréné !

Et mon post d’aujourd’hui est ma première contribution à ce défi.

J’ai rarement lu – avec un intérêt grandissant à chaque page ! — une œuvre de diplomate aussi remarquablement documentée, qui a su «embrasser» avec une rare perspicacité dans le jugement, un si vaste répertoire de « dossiers brûlants » qui sont sans conteste à l’origine de tous les bouleversements qu’a connu notre siècle finissant (qui continuent d'ailleurs de marquer de leurs fers incandescents "la marche du siècle devant nous !" 

Quel bonheur de découvrir qu’il s’agit d’un diplomate Marocain ! (N’y voyez aucun chauvinisme de ma part), et quelle immense déception que l’on ressent après coup, de remarquer que de telles compétences professionnelles, de tels talents de visionnaires, dotés d'une culture générale (à faire pâlir un certain Himmich, ministre de la culture de son état, ou un certain Fassi-Fihri du haut de son piédestal de ministre des Aff.Etrangères ...) sont rarement «au devant de la scène» et travaillent généralement dans l’ombre !... Combien sont-ils comme lui au Maroc ? Dans tous les domaines d’activités ? Dont on soupçonne à peine l’existence?...

L’actuel titulaire du «maroquin» des Affaires Etrangères au Maroc, soupçonne-t-il le trésor que recèle cette oeuvre posthume publiée (hélas tardivement) par la fille du regretté défunt?...

Heureusement, dans un sursaut de reconnaissance tardive, le Club Diplomatique Marocain a organisé une conférence à la mémoire de Feu l’Ambassadeur Aïssa Benchekroun (en même temps qu’à l’occasion de la publication de son livre posthume) avec la participation de MM.Mohammed Kenbib & Mohammed Larbi Messari, le 2 juin 2010 au Ministère des Affaires Etrangères.

Mohammed Kenbib

Mohammed Larbi Messari




  








Les organisateurs de cette nécessaire et brillante conférence auraient été bien inspirés d’exiger d'abord des Affaires Etrangères d’élever une Statue (ou à tout le moins le Buste) de ce brillantissime et émérite Diplomate, (au devant du nouveau siège du Ministère) dont le Maroc devrait s’enorgueillir de le compter parmi ses citoyens (ô combien méritant) en reconnaissance au dévouement, à la compétence et à la culture du Grand Commis de l’Etat qu’il était, et qui méritait mieux que le grand silence qui a suivi sa disparition (Décès en 2006, conférence à sa mémoire en 2010 !)

Je ne reviens pas de ma stupeur devant tant d’ingratitude de la part de nos pseudo-dirigeants ! Quand on aura lu l’œuvre en question, on comprendra aisément l’objet de mon indignation.

 
Je ne suis encore qu’au tiers du livre qui compte plus de 400 pages, et je ne peux cacher ma jubilation devant un tel travail d’orfèvre : analyses empreintes de lucidité et de pertinence, style flamboyant d'élégance (une éloquence à faire rougir de jalousie un certain Dominique de Villepin, autre figure de proue de la diplomatie), sujets d’une brûlante actualité, réflexions dignes du plus illustre intellectuel du siècle (un Henri Kissinger à sa manière!) c'est cela notre Feu Aïssa Benchekroun, tel qu’on aurait souhaité voir la plupart de nos dirigeants (aux postes de commande de l’Entreprise Maroc), clairvoyants, justes, ouverts et «patriotes» dans l’âme !
 

Voici sans plus tarder quelques extraits du livre « A LA LUMIERE D’UN SIECLE » (écrits journalistiques 1992-2006) de Aïssa Benchekroun (textes réunis par Zeinab Benchekroun, préface de Mohammed KENBIB). Editions Porte d’Anfa.

Librairie Porte d'Anfa
J’ai choisi, dans les cent premières pages, deux thèmes (parmi ceux traités par l’auteur défunt) : l’un de portée générale et l’autre sur un sujet particulier qui nous concerne tous, et qui ne manque pas d'audace dans l’analyse! (Jugez-en après lecture).


A LA LUMIERE D’UN SIECLE.



        
Colonialisme, Sionisme, Fascisme et Communisme : les quatre fléaux majeurs du 20ème siècle. Décembre 1996 (revu en janvier 2006) pages 32 - 33.
[…]
Les graves problèmes politiques de l’heure, le Nouvel Ordre Mondial qui semble battre de l’aile et l’irruption d’un terrorisme aveugle, sont autant d’événements qu’on a tendance a considérer comme des malédictions périodiques que le monde est condamné à subir avec philosophie. Tous ces fléaux sont le produit de l’homme et le «chromosome» qui les a engendrés ne remonte qu’à un peu plus d’un siècle. L’appétit de la conquête territoriale, le complexe de supériorité raciale de l’Occident, la virulence d’un intellectualisme méprisant et l’orgueil d’un savoir technologique plus avancé, se sont ligués avec des gouvernements féodaux, des militaires ambitieux, des aventuriers à la recherche d’une gloriole et des missionnaires en panne de conversions, pour déclencher l’épidémie coloniale. Cet appétit ne pouvait enfanter que des monstres : le colonialisme, le sionisme, le fascisme et le communisme. En vieillissant, voilà qu’il nous lègue, en gage de continuité, le phénomène du terrorisme dont la mère nourricière n’est plus à designer, espérant continuer à inspirer leur «démon», à la manière de la louve romaine qui n’a cessé à travers le temps d’allaiter ses fils adoptifs, Remus et Romulus.
[...]
Continuité de pensée. Une certaine continuité est donc assurée. Les changements dans une société, souvent imperceptibles malgré leur ampleur, ne se manifestent qu’après des générations. C’est ainsi que l’Allemagne et le Japon se sont vite relevés de leurs cendres pour constituer de nouveaux pôles d’attraction avec lesquels il faudra compter. La France, elle aussi, a bien vite pansé ses blessures pour former la plaque charnière incontournable de l’Europe unie. L’URSS a pris la succession des tsars et, sous le couvert du communisme, a gardé bien vivant le flambeau de l’empire, ce qui allait permettre plus tard à la Russie actuelle de s’appuyer sur le mythe de la «Sainte Russie» dans l’imagination populaire et se débarrasser peu à peu de l’idiologie importée. Pour qu’elle retrouve enfin les ors d’antan, elle fera appel à la contribution et à la bénédiction du ciment originel, la foi orthodoxe ! Leningrad rebaptisée Saint-Pétersbourg, redevient la ville impériale avec tous les éclats de l’ancienne. Elle symbolisera désormais l’âme et l’esprit retrouvés.

On peut multiplier les exemples. Ce lien imperceptible qui cimente le présent de ces pays avec leur passé, même non «manipulé» ou affaibli un moment, semble se manifester de nouveau pour façonner le destin de leur relation extérieure.
         [...]

Y a-t-il coopération nucléaire entre l’Algérie et l’Afrique du Sud ?
Février 2005 (revu en janvier 2006) pages 76-77.                                                  C'est ce qui court dans les rédactions des grands journaux, au moment où une nouvelle guerre se prépare au Moyen Orient, en l'occurrence contre l'Iran, sous le prétexte de la poursuite de ses travaux pour la possession de la bombe nucléaire. Si la Corée du Nord, en déclarant qu'elle a réalisé cette prouesse, semble se détacher du petit groupe de pays aspirant à la possession de l'engin de destruction massive, il reste que l'Iran, l'Afrique du Sud et l'Algérie ne sont pas prêts à dévoiler leurs secrets et à mettre toutes leurs cartes sur table. Etant donné le genre de dirigeants qui se sont accaparés les destinés de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, leur degré d’orgueil et d’hégémonisme dans lesquels ils s’aventurent, ils ne manqueront pas de se rapprocher pour mettre en place une coopération dans tous les domaines et particulièrement dans celui que les circonstances historiques de leur décolonisation leur ont légué. Il s’agit bien entendu du nucléaire, domaine sensible à tous égards, propre à attirer sur eux l’attention internationale et à les mettre un temps sous les feux de la rampe.De l’ancien état d’apartheid l’Afrique du Sud a hérité non seulement son potentiel politique, économique, social, urbain, culturel, sportif, touristique et scientifique mais également ses partenaires, dont Israël qui a été son parrain sur le plan nucléaire. Elle a décidé de renforcer ses atouts avec tous les pays qui lui assurent les avantages qu’elle en attend. Dans le domaine nucléaire, elle possède des installations techniques sous son contrôle et des techniciens de haut niveau qui lui permettent de se maintenir en tête de l’Afrique. A-t-elle pour autant abandonné sa collaboration avec Israël dont elle semble excuser les excès anti-palestiniens ? Et n’étant pas une puissance pétrolière pourquoi ne se lance-t-elle pas dans une industrie énergétique nucléaire «pacifique» ?  Entourée de petits pays pauvres qui ne font nul ombrage à sa stature de «colosse» du Sud, elle ne voit pas d’intérêt à créer un espace de coopération régionale. Elle se tourne naturellement vers le répondant le plus adéquat, qui possède les mêmes qualifications et des ambitions similaires et qui ne lui fera pas concurrence. Elle trouve finalement son alter ego en Algérie, au pôle septentrional du continent.  Voilà donc pour elle un pays, atteint du virus d’hégémonisme et à qui ne manque que cet «arsenal réputé invincible et convaincant» pour entrer dans le sérail des «grands», même s’il lui faut pour cela s’asseoir sur un strapontin. Même s’il ne pourra jamais s’en servir, il est convaincu qu’il suffit d’en être détenteur pour faire plier des genoux proches ou lointains. L’Algérie a hérité de la France une infrastructure et un potentiel en matière de technologie nucléaire. La France a démantelé ses bases au Sahara, tout en maintenant sa capacité de s’en servir jusqu’en 1978, avec l’accord du gouvernement algérien. Le Pays ne manque pas de matières premières riches en uranium, le Hoggar en possède à profusion ; le Niger pays limitrophe, en a plein à revendre. L’Algérie, le pays d’un million et demi de martyrs, semble tout désignée pour entamer cette collaboration Sud Sud


Voilà ! je ne peux pas vous en dire plus, d’abord parce que je n’ai pas terminé la lecture de cette œuvre magistrale de Feu Aïssa Benchekroun (les liens que j’ai indiqués vous permettront d’en savoir plus), et surtout parce que j’aimerais — grâce à ces extraits succincts — pouvoir vous convaincre de découvrir ce grand diplomate à travers ce livre qui en donne une singulière représentation, toute en élégance ( dans le style), en clarté (dans les analyses), en érudition (dans la culture générale). Alors, courrez chez vos libraires et donnez-vous des moments de lecture riches en découvertes…Et n’oubliez pas : parfois la Diplomatie Marocaine est à l’honneur ! Et quand c’est le cas, ne boudons pas notre plaisir!

dimanche 2 janvier 2011

MES MEILLEURS VŒUX DE NOUVEL AN… A MA GUISE !

Je n’ai rien trouvé de mieux (ni de manière plus originale) que de vous présenter mes souhaits de fin d’année, à travers ces quelques extraits de poésie choisis selon mes goûts personnels (pardonnez mon égoïsme), et puisés dans des œuvres dont la lecture avait bercé mon adolescence (pour certaines) et illuminé mon âge adulte (pour d’autres).

Voici donc, présentés dans un ordre plus ou moins chronologique (pour ce qui concerne mon baptême initiatique à ses oeuvres), quelques fragments de poèmes, hymnes à l’Amour, à la Liberté et à l’Espoir…extraits raccourcis, à bon escient, (juste pour vous donner l’envie d’en savoir plus) de quelques poètes illustres, dont je vous joins les liens (pour augmenter votre plaisir, si le cœur vous en dit…)




NIZAR KABBANI : né le 21 mars 1923 à Damas, et mort le 30 avril 1998 à Londres. C’était un poète syrien dont la poésie casse l’image traditionnelle de la femme arabe et invente un langage nouveau, proche de la langue parlée et riche de nombreuses images empruntées au monde de l’enfance. Nizar est considéré comme l’un des plus grands poètes contemporains de la langue arabe. (Wikipédia).

(Nizar Kabbani, Poèmes chantés et autres succès, Editions Marsam, 2007, page 9)

NE ME DEMANDEZ PAS

Ne me demandez surtout pas le nom de celui que j’aime
De peur que ne s’en répande le parfum délicat

Si vraiment je vous en révélais une seule lettre
Les lilas en envahiraient tous les sentiers

Ne me demandez surtout pas le nom de celui que j’aime
Vous en découvrirez le nom dans le cours des ruisseaux

Dans l’envole folâtre du papillon
Dans la bise marine dans la fraîcheur des parages
Dans la mélodie de tous les rossignols
Ne me demandez surtout pas le nom de celui que j’aime
Vous le trouverez dans les généreuses pluies hivernales
Et dans l’offrande que répandent les lourds nuages

[…]

ALPHONSE DE LAMARTINE : de son nom complet Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète et prosateur en même temps qu’un homme politique français. Il représente l’une des grandes figures du romantisme poétique en France (Wikipédia).


     
(Lamartine Poésies, Collection du flambeau, Hachette, 1956, page 25 et 50)

L’ISOLEMENT

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

[…]
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

LE LAC

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.




LOUIS ARAGON : est un poète, romancier, journaliste et essayiste français, né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort 24 décembre 1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son soutien au Parti communiste français de 1930 jusqu’à sa mort (Wikipédia)

(Louis Aragon, extrait de « Les Yeux d’Elsa », édition Seghers.)

LES YEUX D'ELSA

Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir se mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire

A l’ombre des oiseaux c’est l’océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L’été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n’est jamais bleu comme il est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu’une larme y luit
Tes yeux rend jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si beau qu’à sa brisure

(Louis Aragon, La Diane française suivi de En étrange pays dans mon pays lui-même, éditions Seghers, 9° édition, 1979, p 19)


Celui qui croyait au ciel



Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnières des soldats
Lequel montait à l’échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle
Cette clarté sur leurs pas
Que l’un fut de la chapelle
Et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas




PAUL VALERY : d’origine italienne par sa mère et corse par son père, Paul Valéry est né à Sète le 30 octobre 1871. Passionné de lecture, il découvre Gautier, Baudelaire, Poe puis Mallarmé qu’il admirera et dont il subira l’influence. Après l’épisode de la « nuit de Gênes », il croit alors renoncer à la littérature au profit des mathématiques qu’il avait d’abord détestées. Peu après, Valéry s’installe définitivement à Paris. (Anthologie de la Poésie Française, Editions Larousse, 1998, Jean Orizet, page 466.

CHARMES

LE CIMETIÈRE MARIN

[ …]

Tu n’as que moi pour contenir tes craintes !
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant…
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L’argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs !
Où sont des morts les phrases familières,
L’art personnel, les âmes singulières ?
La larve file où se formaient des pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu !





OMAR KHAYYAM : l’écrivain et savant persan connu en francophonie sous le nom de Omar Khayyâm ou de Khayyâm, serait né le 18 mai 1048 à Nichapur en Perse (actuel Iran) où il est mort le 4 décembre 1131.

(«ROBAIYAT» Présentation, traduction et notes : Hassan Rezvanian/Editions Imprimerie Nationale/1993, page 41)

26
Ni toi ni moi, nous ne connaissons les secrets de l’éternité.
Ni toi ni moi, nous ne sommes en mesure d’en dévoiler le mystère.
Toi et moi, derrière le rideau, nous faisons les frais de la conversation :
Le rideau une fois levé, ni toi ni moi, nous n’existerons plus !

27
Sur cette mer de l’existence surgie de l’invisible,
Personne n’a procédé à des recherches profondes.
Chacun débite un mot selon son humeur :
Mais, telle qu’elle est, personne ne sait en parler !

28
Les corps célestes qui peuplent ce palais
Déconcertent les sages.
Hé ! ne perds point le fil de la sagesse,
Car ceux qui sont les plus ingénieux restent les plus perplexes !


(CHAGRINS ET DESESPOIR, Wikipédia, traduction de F. Toussaint pour les trois quatrains qui suivent)

(VIII)
En ce monde, contente-toi d’avoir peu d’amis.
Ne cherche pas à rendre durable
la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu’un.
Avant de prendre la main d’un homme,
demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour.

(CXX)
Tu peux sonder la nuit qui nos entoure.
Tu peux foncer sur cette nuit… Tu n’en sortiras pas.
Adam et Eve, qu’il a dû être atroce, votre premier baiser,
puisque vous nous avez créés désespérés !

LUCIDITE ET SCEPTICISME

(CXLI)
Contente-toi de savoir que tout est mystère :
la création du monde et la tienne,
la destinée du monde et la tienne
Souris à ces mystères comme à un danger que tu mépriserais.



MAHMOUD DARWICH  : né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, Etats-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne. Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il n’a pour autant jamais cessé d’espérer la paix et sa renommé dépasse largement les frontières de son pays. Il était le président de l’Union des écrivains palestiniens. (Wikipédia)



(Le Monde diplomatique "Etat de siège" un poème inédit de Mahmoud Darwich, Ramallah, janvier 2002)

ETAT DE SIEGE

Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canons du temps
Près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
Ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir.

Un pays qui s’apprête à l’aube. Nous devenons moins intelligents
Car nous épions l’heure de la victoire :
Pas de nuit dans notre nuit illuminée par le pilonnage.
Nos ennemis veillent et nous ennemis allument pour nous la lumière
Dans l’obscurité des caves.

Ici, nul « moi ».
Ici, Adam se souvient de la poussière de son argile.

[…]

(Mahmoud Darwich, Rameaux d’olivier, 1964)

IDENTITE
INSCRIS :

[…]

Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
… à ce que l’on dit !

DONC

Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n’ai pas de haine pour les hommes
Que je n’assaille personne mais que
Si j’ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
A ma fureur !




ADONIS : est le pseudonyme d’Ali Ahmed Saïd Esber, un poète et critique littéraire syro-libanais d’expression arabe et française, né le 1 janvier 1930. Son pseudonyme se réfère au dieu d’origine phénicienne, symbole du renouveau cyclique. (Wikipédia)




(ADONIS : INDEX DES TRAVAUX DU VENT)

J’ai écrit mon identité
A la face du vent
Et j’ai oublié d’écrire mon nom

Le temps ne s’arrête pas sur l’écriture
Mais il signe avec les doigts de l’eau

Les arbres de mon village sont poètes
Ils trempent leur pied
Dans les encriers du ciel

Se fatigue le vent
Et le ciel déroule une natte pour s’y étendre.

La mémoire est ton ultime demeure
Mais tu ne peux l’y habiter
Qu’avec un corps devenu lui-même mémoire

Dans le désert de la langue
L’écriture est une ombre
Où l’on s’y abrite.

[…]

(L’Orient- Le Jour du 12 mars 1998 et traduit de l’arabe par François Xavier)


KHALIL GIBRAN : figure en bonne place parmi les poètes et peintres issus du Moyen-Orient, grâce notamment à son recueil : Le Prophète. Né au Liban (1883 à Bcharré – 1931 à New York) Il a ensuite séjourné en Europe et surtout aux Etats-Unis où il a passé la majeure partie de sa vie.




(Les miroirs de l’âme, publié sous la direction d’André dib Sherfan, Editions de Mortagne, 1986, page 106)



LE ROUGE-GORGE

Oh, rouge-gorge, chante ! Car dans le chant
est le secret de l’éternité.

Je voudrais être comme toi, libéré des prisons
et des chaînes.

Je voudrais être comme toi, une âme qui vole
par-dessus les vallées,
Buvons la lumière comme on boit le vin
dans des coupes éthérées.
Je voudrais être comme toi, innocent, satisfait
et joyeux,
Ignorant le futur, oublieux du passé.

Je voudrais être comme toi, en beauté, en grâce
et en élégance,
Avec le vent qui m’ouvre les ailes
pour que les orne la rosée.

[…]

(Pensées et méditations, Editions de Mortagne, 1988, page 136)

PERFECTION

Tu me demandes, mon frère, quand l’homme
atteindra
La perfection. Voici ma réponse :
L’homme approche de la perfection quand il
Se sent un espace infini et une mer
Sans rivages,
Un feu perpétuel, une lumière
Inextinguible,
Un vent calme ou une tempête furieuse, des
Cieux tonitruants ou un ciel pluvieux,
Un ruisseau chantant ou un ruisselet gémissant,
un arbre en fleurs
Au Printemps, ou un rameau nu
En Automne,
Une montagne qui se dresse ou une vallée qui
descend,
Une plaine fertile ou un désert.

[…]


STIG DAGERMAN : est un écrivain et journaliste suédois né le 5 octobre 1923 à Älvkarlebyn et mort le 4 novembre 1954 à Danderyd. Stig Dagerman fut l’un des écrivains suédois les plus importants des années 1940. De 1945 à 1949, il publia avec un succès considérable un grand nombre d’œuvres littéraires et journalistiques. Puis soudain, et sans raison apparente, il s’arrêta d’écrire. C’est au cours de l’automne 1954 que les Suédois apprirent que Stig Dagerman, l’écrivain le plus emblématique de sa génération, avait été retrouvé mort dans sa voiture dont il avait fermé les portières et laissé le moteur tourner (Wikipédia).


Voici quelques liens pour mieux connaître cet écrivain absolument exceptionnel et original (dans le milieu littéraire suédois) de par l’acuité des thèmes traités et le ton engageant (persuasif ?) utilisé dans ses œuvres qui demeurent d’une modernité et d’une actualité rares parmi ses contemporains. Hélas, il est mort prématurément (pour une plus grande contribution au patrimoine littéraire suédois) et aussi très jeune (à peine 31 ans !). Je vous le recommande vivement (à travers les liens ci-dessous) et je suis sûr que vous ne serez pas déçus…



Stig Dagerman : Le rêve d’une autre vie
Entretien avec un de ses traducteurs Philippe Bouquet
Article sur Stig Dagerman dans A contretemps
Quelques uns de ses œuvres sur Actes Sud



UN FRERE DE PLUS

(Ce court poème est dédié par l’auteur à la Croix Rouge, "En broder mer", Vårt röda kors nr 6, 1954)

Tu ne peux refaire le monde.
Calme ton âme violente !
Une seule chose tu peux faire :
A un nouvel être humain, du bien.

Mais cela est déjà tant
Que les étoiles elles-mêmes sourient.
Un homme affamé de moins
Est aussi un frère de plus.


(Billets quotidiens « Dagsedlar », 23 février 1954, poèmes satiriques, publiés dans le quotidien suédois Arbetaren du 1944-1954)


STIG DAGERMAN – UN JOUR PAR AN (1954)

Un jour par an on devrait faire semblant
Que la mort aille s’inscrire au chômage,
Que nul ne puisse plus perdre son courage,
Que personne ne soit tué pour quelques francs.

Les catastrophes dormiraient calmement,
A leur hôtel, jusques au lendemain.
Nul sur son frère ne porterait la main,
Nul ne quitterait ce monde volontairement.

Plus d’incendies, plus aucun enterrement,
Les assassins eux-mêmes feraient la grève.
Vous pensez sûrement : ce n’est qu’un rêve.
Moi, je dis seulement : faisons semblant.



Ce fut long — peut-être — cette particulière présentation des vœux : (l’idée au début n’était pas de vous exposer un si long éventail de poèmes, mais mes sentiments l’ont emporté sur mes intentions, et donc j’ai succombé au plaisir de relire quelques "anciens" quatrains dont je n’ai gardé que des bribes épars en mémoire). C’est pourquoi je vous demande d’être indulgents si cette "tirade" d’extraits ne correspond pas parfaitement à vos goûts : je comprends que les goûts et les couleurs… mais si vous avez de meilleures propositions, je vous attends !

Néanmoins, arrivé à la fin de ce florilège de poèmes, (et le fait qu’ils soient d’origines et d’époques différentes, renforcent mon sentiment) je suis absolument surpris (j’affirme solennellement que mes choix sont le pur résultat du hasard) d’observer qu’à travers des époques successives et des générations qui se sont succédés, le souci principal de l’homme a toujours été et demeure : l’amour, la liberté et l’espoir (d’une vie meilleure !).

N’est-ce-pas de bonne augure que nous terminions l’année sur cette note optimiste qu’est : l’espoir (d’une vie meilleure !) et l’amour du prochain !

ALORS TOUS MES VŒUX DE REUSSITE DANS VOS RESOLUTIONS POUR 2011 !