A L'OMBRE DE TAHA HUSSEIN

UN CITOYEN QUI S'INTERESSE A LA MARCHE DU SIECLE

samedi 20 novembre 2010

LE MAROC EST COMME UNE MARMITE QUI BOUILLE... MAIS LA SAUCE PEINE A PRENDRE !





Je ne vous cache pas que je suis perplexe et souvent partagé entre la colère et la révolte, face à ce « mauvais sort «  qui s’acharne à nous défier chaque fois que l’on avance d’un pas vers la "normalisation" de nos institutions. Je suis en colère contre nos dirigeants qui, sans gêne, "reprennent d'une main ce qu'ils ont donné de l'autre" dans leur gestion des affaires du pays; et je suis révolté de voir que nous sommes toujours classés au bas de l’échelle (130/140ème sur 182 pays recensés) dans les enquêtes menées par les institutions internationales de notation sur les avancées réalisées dans les domaines de Liberté, de Justice Sociale et de Démocratie.

Pourtant, tant de signes encourageants apparaissent ça et là, dans notre quotidien.

Ne fut-ce que depuis ces dernières années, que d’événements annonciateurs de lendemains meilleurs pour les citoyens que nous sommes !

Regardons ensemble les faits :

A – C’est vrai, le Maroc croule sous de gros projets d’infrastructure (et aucune région n’est oubliée). Certains projets sont en cours de finition, d’autres sont en marche pour aboutir incessamment…


 


Quelle chance pour la relance de l’emploi et le développement économique (qui profiterait à bon nombres de nos concitoyens démunis) !

B– La vaste campagne de l’INDH lancée par le régime depuis peu, et qui vise à éradiquer les signes d’extrême pauvreté qui affecte de très larges couches de la population rurale, commence à porter ses fruits (peut-être trop lentement à notre goût ?) .

C- l’électrification avance à grands pas dans les zones rurales reculées du pays, systématiquement accompagnée par l’introduction à grande échelle de l’eau potable dans les régions jusqu’ici non alimentées.

D- des centres d’hospitalisation et des dispensaires pour des soins médicaux de premières urgences sont ouverts dans des régions demeurées trop longtemps oubliées par les autorités en charge de la Santé publique. Ils comblent ainsi un déficit flagrant d’hygiène et de santé publique difficilement acceptable dans le Maroc d’aujourd’hui.

E – Prise de conscience et volonté affichées (en haut lieu) de procéder rapidement à la mise en œuvre d’une Réforme de la Justice (projet que soutient énergiquement et avec une implication financière significative l’U.E.,entre autres) qui puisse répondre très concrètement aux attentes légitimes des marocains.


F – Dans ce même mouvement de réformes, l’Eduction Nationale, l’une des trois « plaies nationales» douloureusement ressenties par la population, devant une "Justice aux ordres", et une Administration obsolète et corrompue, est à son tour inscrite en lettres majuscules sur l’agenda du pouvoir, et cette fois-ci il ne pourrait pas y échapper, car les regards de toutes les agences de notation sont braqués sur nous (voir notre classement cité plus haut).

G- la scolarisation générale est sinon effective, du moins en cours de généralisation dans toutes les régions du royaume. Avec des efforts louables des pouvoirs publics ( et quelques donateurs privés) pour soutenir les couches les plus déshéritées (gratuité et distribution des fournitures, des livres scolaires, des cartables etc…)


H- la politique d’alphabétisation menée par le Ministère des Habbous a permis d’autre part, à plusieurs milliers de citoyens de suivre (dans les mosquées du Royaume) le programme de lutte contre l’analphabétisme. Avec le recul, cette politique semble être couronnée de succès aujourd'hui (selon les dernières enquêtes établies et publiées par les services du Ministère : et notre employée de maison en est la preuve vivante!).

I- Des ONG plus actives et plus audibles, œuvrant énergiquement pour la Défense des Droits de l’Homme, de la Femme, et des Enfants (exploités dans les ateliers de travail, ou dans les domiciles privés), et sous la pression desquelles des lois ont été élaborées (laborieusement!) pour enfin faire valoir et protéger ces Droits ! 

J - Et, ce n’est pas le moindre, la mise en application d’un nouveau Code de la Route, dont l’objectif premier est de mettre fin à l’hécatombe qui s'acharne sur les routes marocaines et les désigne parmi les plus meurtrières du monde !

K - Et cerise sur le gâteau, sur le plan culturel, et grâce à l’initiative privée d’un intellectuel de stature nationale (Abdellatif  LAABI, pour ne pas le nommer), un Appel pour un Pacte National pour la Culture a été lancé en Avril 2010, qui a laissé un large écho dans les médias, et dont voici un extrait parlant : 

« Une telle perspective n’est pas une vue de l’esprit car, malgré l’impasse politique qui est en train de se dessiner, le Maroc a profondément changé. Dorénavant, qu’on le veuille ou non, il fait partie intégrante du village planétaire. Les besoins vitaux et intellectuels d’un nombre toujours croissant de Marocains, à l’intérieur du pays comme dans la diaspora, ont tendance à s’aligner sur ceux des pays avancés. L’archaïsme persistant dans les mentalités, la forte pression exercée sur les mœurs et les comportements par les mouvements passéistes, sont contrebalancés par l’attrait aussi fort d’autres modèles où la conquête des libertés et des droits, l’accès à la modernité et la jouissance de la prospérité ont été préparés par une révolution des connaissances, des techniques, et de grandes avancées dans le domaine des idées. »

En observant toute cette effervescence d’idées, de projets (socio-économico-culturels), aboutis ou en cours de réalisation, on est en droit de se dire : ce n’est quand-même pas mince toutes ces avancées—même si elles n’ont pas encore donné tous leurs fruits sur le chemin du progrès auquel aspire pleinement notre pays ! D'où vient donc ce classement honteux et dégradant que nous traînons derrière nous, année après année?

Peut-être faut-il voir l'origine de ce malentendu dans le climat léthargique qui sévit dans le pays tout entier... parce que non seulement les fruits de tous ces "beaux projets" ne profitent qu'à un clan de privilégiés, mais en plus un voile de doute profond s'est abattu sur une population qui ne croit plus en ses institutions ?!

En effet:

1/  Une atmosphère de peur sourde à l’égard d’un terrorisme latent (qui nous a déjà « explosé au visage ») venant de nulle part (insoupçonnable auparavant), et qui a inhibé le mouvement entamé par notre pays vers une certaine forme de liberté, et surtout une tendance manifeste de « réconciliation » entre pouvoir et citoyens...encouragée par l'avènement de Mohammed VI.


2/ Des dérives policières (prenant prétexte de la menace du terrorisme) qui se manifestent régulièrement dans nos villes (et souvent à propos de presque rien !) par des brutalités injustifiées de la part des forces de l'ordre (rappelant les traditionnelles bastonnades et brimades récurrentes subies par des citoyens qui osent s'exprimer dans la rue sous l'ère hassanienne!), et laissant ainsi à chaque fois ce sentiment de « déni de droit » qui plane sur notre pays.

3/ Des atteintes répétées à la liberté d’expression, en particulier dans la presse écrite, qui a vu nombre de ses titres prestigieux interdits de paraître (le Journal, Assahifa, Demain, etc…). Conséquence : musellement des titres restants et résignation à l’autocensure.

4/ L’enlisement (ou le retrait pur et simple) de certains gros projets d’infrastructure (par découragement d’investisseurs fuyant la corruption rampante à l’échelon élevé du pouvoir !).

5/ Un système de gouvernance opaque, sans vision ni ambition et non crédible de surcroît (les intentions de réformes restent sans lendemains), incapable d’insuffler un zeste d’espoir auprès d’une population désabusée, dont une large frange est quasiment « larguée » sur le pavé, et n'ayant d'autre alternative à sa survie que de "sortir" exprimer sa "colère" et son désespoir...

6/ Enfin, et ce n’est pas le moindre, dans un dossier national aussi sensible que représente le Sahara marocain, comment est-on arrivé à « créer » (à l’insu de notre plein gré !), le chaos qui nous a frappé d’effroi ces dernières semaines, à la vue du « spectacle » lamentable (en plus d’être déshonorant) retransmis dans presque toutes les chaines de télévision étrangères, stigmatisant le Maroc en premier, comme principal « bourreau » dans le massacre dont a été victime cette région, décidément foyer de controverse, par la manière peu digne dont les autorités marocaines " prétendent gérer" son destin au sein de la nation.

 




Alors, je vois bien que ce n’est pas seulement « le mauvais sort » qui est en cause dans ces séquences de désarroi qui caractérisent notre situation intérieure, décrite pourtant comme faisant partie (comme le prétendent certains plaisantins) du « plus beau pays du monde » !

Qui en est responsable vraiment ?

Je veux bien croire que c'est d’abord le système makhzénien qui prétend gouverner ce pays, mais qui s’y prend mal. Comme suggéré ci-dessus :

Monsieur A.R. BENCHEMSI (TELQUEL ; N°444 ; du 23 au 29 oct.2010) considère à la fin de son éditorial 


«  Or, rien n’échappe plus aux grilles d’analyse que le facteur humain, par essence imprévisible. Le pire est probable, mais il n’est pas garanti. Le meilleur est improbable, mais il n’est pas exclu… »
Soit !

Que ceux donc qui ont la charge de gouverner le Pays, s'y prennent autrement, en prenant à cœur d’œuvrer dans l'intérêt général, et de donner des signes patents que les projets de réformes annoncés soient appliqués à la lettre, et non destinés à alimenter les bavardages stériles sur les terrasses de café, à défaut d'impressionner le regard de plus en plus inquisiteur et sceptique de l'opinion internationale!

Et voilà! Nous y sommes ! C’est parce que des ingrédients basiques manquent dans nos projets de société (probité, pragmatisme et dévouement au service de la Patrie) que notre "potion" ne prend pas! Et ceux qui nous observent et nous jaugent à l'aune de nos prétendues "avancées" ne sont pas dupes! 

Et ils nous le font remarquer sans ménagement!

Après tout, ce n'est pas tant les citoyens que nous sommes qui sont jugés à travers ces classements "honteux", pour un pays qui se proclame "le plus beau du monde"... Mais bien le Pouvoir!

Est-il tombé si bas dans l'indignité pour ne pas réagir et prendre ses responsabilités au sérieux pour conduire le pays vers un STATUT PLUS DIGNE DE SON HISTOIRE et de ses velléités modernistes proclamées, au sein des nations qui comptent dans ce monde ?? 


mardi 9 novembre 2010

LE MAROC A-T-IL RATE LE TRAIN DU DÉVELOPPEMENT...




La question n’est pas de savoir si l’opinion répandue à ce sujet est exagérée.
La vraie question est : où en est le Maroc aujourd’hui ?

- Qui peut nier que l’avènement de l’ère de Mohammed VI a rompu significativement (même si la suspicion sur certains cas avérés de disparitions ou de torture subsistent) avec celle de son défunt père, ère qualifiée unanimement d’« années de plomb ».

- Qui peut mettre en doute la mise en chantier, tambour battant, d’un Maroc totalement investi (aucune région n’est épargnée) par de gros travaux d’infrastructure, (certains à l’allure pharaonique !) engagés à un rythme qui frise « l’embouteillage »…par un Roi « résolu et bâtisseur » infatigable, traversant le pays de long en large, soucieux avant tout de « Développement Humain », et y consacrant de grandes brassées de milliards de DH !

- Qui peut contester le courage politique (face à une société traditionnaliste et parcourue de courants fondamentalistes) et la pertinence intellectuelle d’un Roi qui a choisi de prendre sur lui la refonte systématique de la condition de la femme au Maroc, et contre vents et marées, l’a dotée d’un statut (Moudawana) honorable (à défaut d’être révolutionnaire) et qui compte parmi les plus libéraux du monde Arabe (exceptée la Tunisie).

- Qui peut négliger la liberté d’expression dont se « délectent » les Marocains aujourd’hui (comparativement à hier sous Hassan II) et la liberté de ton des médias (aucun sujet n’est tabou, à part la personne du Roi et de sa famille). Ne soyons pas ingrats, et reconnaissons que cette liberté existe bien (nous sommes en novembre 2010), même si elle est mise à mal par l’incompétence (voulue ?) de certains juges (véreux ?).

- Qui ne se réjouit pas de voir, dans les grandes villes du Royaume, les améliorations survenues récemment, dans les conditions de vie des citoyens (même si celles-ci affectent plus souvent les quartiers résidentiels !), avec l’élargissement des grandes avenues et leur modernisation ; l’aménagement des littoraux (quand il s’agit de villes côtières) ;  l’implantation des espaces verts( et leur entretien), le tout, en attendant que l’arrivée des tramways ne transforme complètement la physionomie de ces villes, en y améliorant qualitativement les conditions de circulation.

- Qui peut railler l’acharnement d’un ministre (Karim Ghellab), en  bravant l’opposition ( même dans son propre parti), et qui veut doter le Maroc d’ un nouveau code de la route, qui mette fin (même partiellement) à l’hécatombe en nombre de victimes et d’handicapés à vie, que représentent (honteusement) les routes marocaines aujourd’hui....

Non ! Non ! Ne vous méprenez-pas sur mon compte ! Je ne suis pas le nouveau porte-parole de Khalid Naciri ! Ni d’ailleurs un « électron égaré » d’un Makhzen en manque de pub !

Je voulais seulement essayer d’emprunter le même cheminement de pensée qu’un observateur étranger, nouvellement acquis à une certaine "image" véhiculée par les médias sur le "nouveau Maroc", et qui, visitant notre pays, pourrait adopter une expression dubitative devant les premières images qui s'offrent à lui : d’abord impressionné par les apparences d'une société moderne, il scrute en profondeur "les ressentis" que lui renvoie ce Maroc qui décidément suscite de la curiosité, et doute bien qu’il y a anguilles sous roche!

Alors, il « s’aventure » dans la quête de la vérité, en se mêlant au public (meilleur indicateur) et en feuilletant les médias (meilleur miroir d'une société en marche).

Que peut lire cet observateur sur les sujets brûlants qui taraudent le pays ?  Lisons avec lui quelques extraits de presse parus dans les dernières éditions des hebdomadaires (les plus lus) au Maroc.


A - L’APPAREIL JUDICIAIRE :

 

(Magazine Telquel, N° 445 du 30 oct. au 5 nov. 2010/ Edito : A.R. BENCHEMSI)




C’est, au fond, le cœur du problème : le ministre de la Justice est-il censé exercer une « tutelle » sur les juges ? D’évidence non, puisque leur fonction suppose une stricte indépendance à l’égard du pouvoir exécutif. Autre question, plus cruciale encore : est-il normal que le ministre de la Justice soit aussi le vice-président du CSM, instance notamment chargée de sanctionner et démettre les juges, autrement dit qui détient sur eux un pouvoir énorme, celui de défaire leurs carrières ? Bien sûr que non, là encore. Dans une interview fleuve accordée à l’hebdomadaire Al Ayam, Hassoune révèle des détails stupéfiants sur le CSM : « ce conseil (censé être) indépendant et autonome, est en fait totalement intégré à l’administration centrale du ministère de la Justice. Il n’a ni local propre, ni organigramme, ni (document officiel) qui précise sa mission et ses prérogatives. (…) Le ministère de la Justice considère le CSM comme n’importe lequel de ses services internes. Ses réunions se tiennent dans une salle qui dépend du cabinet du ministre, et le ministre a la haute main sur tous les dossiers, rapports et instruments de travail qui permettent au CSM de prendre des décisions ». Etonnez-vous, après cela, que les juges au Maroc ne soient pas indépendants…

B - LE CLIMAT MALSAIN DES RÉDACTIONS MÉDIATIQUES

(Magazine Le Temps N° 64 du 25 sept. au 1er oct. 2010 /Edito : A. ZYNE)


Les polémiques sont les bienvenues, pas les insultes et les coups bas… Y’en a marre !

Franchement, à quoi rime cette joute médiatique, vindicative à souhait, abominable qui oppose désormais les différents journaux de la place ? Quel intérêt pour le lecteur de savoir qu’un tel patron de presse habite dans une villa, que l’autre paie ou pas les cotisations sociales de ses salariés, qu’un ancien rédacteur en chef a quitté son journal en mauvais termes… ? Est-ce cela notre métier, nous les journalistes en 2010 ? S’insulter à longueur de colonnes et régler nos comptes personnels et professionnels via des coups bas, des entrefilets perfides anonymes et des éditos haineux et revanchards ? Où est l’enrichissement intellectuel dans tout cela ? et du débat démocratique dans notre pays avec tous les dossiers politiques, économiques et sociaux mis à l’ordre du jour ? Est-il imaginable qu’en France par exemple, le rédacteur en chef du Monde insulte quotidiennement le patron de la rédaction du Figaro, et vice-versa, en prenant les lecteurs en otages ? Mais où va-t-on ? Avons-nous conscience qu’en procédant ainsi, nous dégoûtons davantage chaque jour le petit nombre de lecteurs que nous avons dans ce pays ?


(Magazine Telquel N° 446, 6-12 nov. 2010 / Rubrique L’ACTU – MAROC, Tarik HARI, page 28)

AL JAZEERA : Les dessous d’une censure.

La chaîne qatarie vient de se faire interdire toute activité au royaume et ses journalistes se sont vu retirer leur accréditation.

Retour sur l’histoire tumultueuse d’Al Jazeera au Maroc.

L’information est tombée tel un couperet le vendredi 29 octobre : les autorités marocaines ont décidé de suspendre les activités du bureau d’Al Jazeera à Rabat et de retirer leurs accréditations aux journalistes de la chaîne. Motif de la décision ? « Des manquements aux règles du journalisme sérieux et responsable », assène Khalid Naciri, ministre de la communication. Lesquels ? « Nous avons établi une liste des manquements de la chaîne aux règles professionnelles et de la déontologie depuis le début de son travail au Maroc. La liste sera publiée dans les jours qui viennent », promet le ministre. En attendant, la décision clôture le bras de fer juridico-politique qui oppose les deux parties depuis plusieurs mois, sans pour autant mettre un terme au conflit. « La décision ne changera pas la ligne éditoriale d’Al Jazeera qui continuera à couvrir les affaires marocaines de manière à servir les intérêts de ses téléspectateurs », annoncent les dirigeants de la chaîne qatarie.


C – LE SECTEUR BANCAIRE

(Magazine Le Temps N° 64 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Reda DALIL /page 19)

Ces banquiers voyous…

Pots-de-vin contre services, marketing, clientélisme, abus de délais… Comment certains banquiers vous pourrissent la vie.

Même à l’ère des champions nationaux, certaines banques (et leurs banquiers) entraînent avec elles des pratiques d’une autre époque. Pots-de-vin contre services, marketing, clientélisme, abus de délais. Entre usage déloyal de pratiques légales et autres aux antipodes de la légalité, quand nos banquiers vont-ils changer d’attitude ?

D – LA SECURITE DANS LES VILLES :

(Magazine Actuel N° 62 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Z. CHOUKRALLAH/ page 54)

Fès, la cité de la peur.
Fès underground
Le « 45 » (Bab Sifer), « Sharij Gnawa », « Aïn Haroun”, “Jnane Lakrouda”, “Moulay Abdellah”, autant de quartiers devenus ces dernières années, de hauts lieux du crime à cause de l’urbanisation accélérée  et de la montée du chômage. Rien que pour l’année 2007-2008, plus de 1684 arrestations ont été opérées et 28 347 mis en cause ont été présentés devant la justice pour des délits liés, en majorité, à la petite criminalité, selon la Direction générale de la sûreté nationale. Situés derrière la muraille de la médina, ces quartiers autrefois des « jnanes » (vergers) appartenant à des grandes familles fassies sont devenus des bidonvilles avant de se transformer en logements sociaux. C’est d’ici que proviennent les criminels qui terrorisent la médina, et désormais même les quartiers riches de la ville. « Je suis né et j’ai fait ma vie dans un quartier chaud, Sidi Boujida, mais aujourd’hui à 59 ans, j’ai peur d’être agressé quand je rentre chez moi le soir », raconte Benslimane, chauffeur de taxi, qui nous a servi de guide dans le Fès underground.


E – LA SECURITE ROUTIERE

 (Magazine Actuel N° 62 du 25 sept. au 1er oct. 2010 / Edito : actuel.)

On a accusé Karim Gellab de vouloir imposer un code de la route suédois aux Marocains et on a brocardé son système à points. Force est aujourd’hui de constater que notre nouveau code est bien éloigné de l’intransigeance scandinave. Le texte qui s’applique à partir du 1er octobre paraît même édulcoré au regard de l’hécatombe que subit le Maroc sur ses routes. Et pourtant, que de négociations et de compromissions pour en arriver là ! La loi la plus importante du gouvernement El Fassi aura été paradoxalement bien peu soutenue par le Premier ministre. Il y a 18 mois quand le pays était paralysé par une violente grève des transports, Karim Ghellab était alors bien seul pour défendre son texte… Aujourd’hui, dans sa version définitive, le code est loin du brulot qui déclencha un climat quasi insurrectionnel dans le Royaume. Les amendes ont été revues à la baisse et, surtout, toutes les garanties pour prémunir les automobilistes des policiers corrompus sont aujourd’hui mises en place.

F – DROITS DE L’HOMME


Magazine Actuel N° 67, du 30 oct. au 5 nov. 2010 / Rubrique Décryptage : A.E. AZIZI / page 9)

Droits de l’Homme  HRW épingle le Maroc.

LES FAITS
Le dernier rapport de Human Rights Watch a été particulièrement sévère pour le Maroc, accusé de « détenir fréquemment des islamistes dans des lieux secrets, où ils risquent de livrer de faux aveux sous la torture ».

LE COMMENTAIRE
L’ONG fait ainsi état d’une détérioration des droits de l’Homme juste après les attentats suicides à Casablanca. En effet, depuis cette date, les hommes de Hamidou Laanigri, qui présidait  à l’époque  aux destinées de la DGST, ont pratiqué la torture à grande échelle, raflant et jetant derrière les barreaux des milliers de barbus. Des procès verbaux confectionnés à la va-vite, argumentés d’aveux arrachés sous la torture, ont servi de prétexte aux tribunaux pour une justice d’abattage qui a valu au Royaume les foudres de toutes les ONG actives dans le secteur des droits de l’Homme. « Si le Maroc a manifesté une volonté politique de se doter d’une législation éclairée en matière de droits de l’Homme, il lui manque la volonté politique de la mettre en œuvre dès lors qu’il s’agit de suspects de terrorisme », écrit Sarah Leah Whitson, directrice du département Afrique du Nord au sein de HRW.

G – MAUVAIS CLASSEMENT  DU MAROC PAR LES ORGANISMES D’EXPERTISE INTERNATIONAUX.

(Magazine Actuel N° 61 du 18 au 24 sept. 2010 / Décryptage : M. KABLY/ page 8)

LA TUNISIE TOUJOURS DEVANT NOUS

LES FAITS
Le World Economic Forum (WEF) vient de rendre public les résultats du rapport sur la compétitivité mondiale 2010-2011. Une fois de plus, le Maroc ne se distingue pas par sa performance.

LE COMMENTAIRE
A quelques semaines  de la tenue du sommet pour la région MENA à Marrakech, le WEF lance un pavé dans la mare. Selon son dernier rapport, le Maroc occupe la 75° position avec un score de 4,08. Il perd ainsi deux places par rapport au précédent classement tandis que la Tunisie lui dame le pion en arrivant en tête des pays du Maghreb, à la 32° place avec un score de 4,65. Certes le Royaume  s’en sort mieux que l’Algérie qui se retrouve au 86° rang avec un score de 3,96 ou encore la Libye reléguée à la 100° place avec une note de 3,74. Mais les pouvoirs publics comme les patrons d’entreprise n’ont pas de quoi se réjouir. En dépit des efforts engagés ces dernières années pour améliorer l’environnement global des affaires, plusieurs points noirs subsistent et non les moindres : l’éducation et la santé. Sur ces deux registres, la Tunisie conserve, et ce depuis plusieurs années, sa longueur d’avance.

H – LE POINT NOIR DE L’ENSEIGNEMENT

(Magazine Le Temps N° 55, du 19-25 juin 2010 / Chronique : Driss BENALI / page 29)

L’apartheid scolaire.
Le système éducatif tend à se replier sur lui-même et ne s’adapte pas à l’évolution économique et sociale. Les réformes successives l’ont alourdi sans vraiment le réformer.

Un échec indéniable.
Aujourd’hui, et au terme d’un long débat, le constat mille fois réalisé est que l’enseignement, dans notre pays, oscille entre la crise latente et la crise ouverte. La perception et l’évidence d’une telle situation naissent aussi d’une dramatisation des enjeux et de la montée des urgences qui deviennent manifestes si on se rappelle les déclarations de certains responsables politiques. C’est ainsi que feu Meziane Belfkih conseiller du Roi, a admis (en 2008) : « sur le plan du développement humain, nous sommes classés par le PNUD 126e sur 177pays, et c’est la scolarité qui nous pénalise ». En somme, l’échec du système éducatif est le seul point qui fait l’objet de consensus. L’opinion observe que l’effort financier global qu’elle consent n’est pas différent de celui des pays en développement qui ont réussi dans ce domaine et pourtant, les résultats sont loin d’être au rendez-vous.

Voilà ! C’étaient des vérités bonnes à dire...et elles étaient bien "camouflées" ! Je veux dire qu'il fallait vraiment être très curieux et patient pour retrouver dans la presse nationale des articles sur ce Maroc qui "bouge", à contre-courant de l'opinion généralement répondue sur son compte! 

Finalement, je plains ce pauvre observateur étranger qui, abusé par des clichés convenus propagés par certaines campagnes publicitaires sur le Maroc (ou la propagande éhontée de certains médias "acquis au système "), se voit contraint de modifier en pire, dans un mouvement d'échelle à 180°, sa vision sur notre "beau" pays (bien malgré-lui peut-être, parce qu’il était bien intentionné au départ), à la lecture de tant d’articles critiques sur l’état du Maroc actuel : classé au mieux 90ème ou 100ème ; au pire 120ème ou 145ème sur 180 pays!!! par les agences de notation internationales crédibles...

La honte pour notre pays, comparé à d’autres pays en développement, mais qui, non seulement sont mieux classés que nous, mais ont eu l’intelligence (la probité?) d’utiliser l’essentiel de leurs ressources dans des projets ayant un impact direct sur l’éducation, les œuvres sociales d’envergure, (le logement et la santé), et une politique économique éclairée (pour mettre le pays à l’abri des crises) .

L’utopie consiste à nous considérer (naïvement) tous ensemble et dans un élan de patriotisme surdimensionné, comme un pays privilégié parce qu'il est gouverné par une "Monarchie éclairée"! Oubliant que quel qu'il soit, un Monarque n'est jamais qu'un homme, avec ses qualités et ses défauts, et que pour gouverner, il a besoin de s'entourer d'hommes d'Etat compétents, soucieux de servir leur pays avec abnégation et beaucoup de déterminisme... A l'instar de n'importe quelle République de l'autre rive de la méditerranée! Il se trouve qu'au Maroc ces "agents de l'Etat" (à part de rares exceptions) sont dépourvus de patriotisme, cupides et sans moralité, assoiffés de pouvoir et de privilèges!!!

C'est cette réalité qui prévaut réellement, largement décrite et décriée dans la presse nationale (et même internationale!) Mais peu crédité par le pouvoir en place. Et rares sont les Marocains qui acceptent de gaieté de cœur de se voir régulièrement "rabaissés" dans les récurrentes classifications des institutions de notation internationales, qui nous stigmatisent particulièrement, et régulièrement...à cause de l'immoralité de nos "gouvernants"....














vendredi 5 novembre 2010

Réctification de l'adresse de mon blog.

Malheureusement une coquille s'était glissée dans l'adresse de mon blog; voici l'adresse corrigée:
http://alombredetahahussein.blogspot.com
Certes, l'erreur est minime, mais je préfère comme ça. Merci de faire suivre.

mardi 2 novembre 2010

LA FONDATION DU PRIX NOBEL RETROUVE SA CREDIBILITE ET SA DIGNITE UN MOMENT MISES EN DOUTE.

J'ai décidé de partager mon Post en deux parties.

Et d'abord :

I. LA PRESTIGIEUSE INSTITUTION SUÉDOISE DU PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE PEUT-ELLE PRÉTENDRE A L'INFAILLIBILITÉ DANS LE CHOIX ET L’ATTRIBUTION DE SES RÉCOMPENSES ?

Cette assertion peut paraître à première vue tendancieuse…voire blasphématoire ! Tant la "sacralité" de cette Honorable Institution est ancrée dans l’opinion du public !

Mais que nous dit le cite Wikipedia sur le sujet (pour nous affranchir de tout malentendu)
 :
D’abord une réalité incontestable :
« Le Prix Nobel de Littérature (« Nobelpriset i litteratur » en suédois) récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l’humanité, grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste Alfred Nobel, a fait la preuve d’un puissant idéal ».
Dans cette perspective, qui peut mieux que la France, berceau de la littérature par excellence, bénéficier de la première distinction décernée par le comité Nobel en 1901, grâce à son célèbre poète Sully Prudhomme ?
Depuis, naturellement plusieurs lauréats prestigieux, de différents pays et continents, ont été couronnés dans une unanimité remarquable d’opinions favorables…

Cela vous suffit-il pour calmer votre émoi quant aux accusations (?) proférées hâtivement dès le début de ce Post?
En ce qui me concerne, je reste un peu perplexe au regard de ce qui suit...

Effectivement, je considère que jusqu’à la fin des années 70, l’institution jouissait encore d’une vénération sans faille. Le début des années 80, marqua le point de départ d’une sourde polémique (qui hésite à dire son nom), traduite dans l’esprit de l’opinion par une sorte d’incompréhension quant aux choix (des lauréats) faits par le jury du comité Nobel. Même si plus souvent ce sentiment était infondé, un air de partialité planait au-dessus de ce comité…Comment expliquer alors que la liste des lauréats comporte nombre d’oublis majeurs, des monuments de la littérature universelle, tels que : James Joyce, Marcel Proust ; Robert Musil, Franz Kafka, Virginia Wolf…et plus près de nous : Milan Kundera, Adonis, Mahmoud Darwich, Graham Greene, et pourquoi pas Taha Hussein ? D’autant que la fondation Nobel avait déjà initié l'attribution du Prix à titre posthume, notamment pour le poète Suédois Erik Axel Karlfeltd (1864-8avril1931) en 1931, et décidé à partir de 1974 de mettre fin à ce privilège, dont seuls les citoyens suédois ont bébéficié : Dag Hammarskjold par exemple (1905-sep.1961) prix Nobel de la Paix, (attribué par le comité Nobel d'Oslo).

Si ce n'est pas du favoritisme , ça lui ressemble étrangement!

Et que dire des deux Suédois Eyvind Johnson et Harry Martinson, qui, non contents d’être membres de l’Académie Suédoise (rappelons-le, qui est en charge de l'attribution du Prix Nobel de littérature) se sont permis de s’octroyer — indécemment — le prix Nobel de littérature en 1974 (en se le partageant) !

Aujourd’hui encore, l’indignation qui a agité le comité Nobel à cette époque, (par cette dérive totalement hors norme dans l’éthique suédoise), contribue à rendre plus vigilants les membres du Comité pour éviter la répétition de telles bavures et le discrédit qui s’ensuivrait et qui porterait un coup fatal à toute l’Institution !

(Dans un autre registre, et allant jusqu’à la date de naissance du comité Nobel au début des années 1900), comment peut-on concevoir que les pères fondateurs de la littérature scandinave, que sont August Strindberg (le Suédois, 1846-1912) et Henrik Ibsen (le Norvégien, 1828-1906) ont été ignorés par le prestigieux comité ?!

Et pourtant, le comité a gardé une attitude stoïque et intransigeante par rapport à ces impairs inhabituels dans les traditions du Nobel. Néanmoins et graduellement, certains "échos "commençaient à percer « la muraille » du comité Nobel pour que celui-ci daigne "descendre sur terre" et communiquer davantage. Et en s’ouvrant vers de nouvelles aires géographiques, tels que l’Afrique, l’Asie et le monde Arabo-musulman, il s’est paré enfin d’une crédibilité de bon aloi.

C'est ainsi que l'on a commencé à voir des noms "exotiques" ,venus de régions géographiques « peu fréquentées » par le Nobel avant 1980, bénéficier de cette prestigieuse distinction :
Il était temps ! Le comité peut repartir maintenant sur des bases plus conformes à son éthique, et dans un climat serein…

Mais là n’était pas la vraie question pour cette vieille institution qui, il faut bien le reconnaître, est connue pour son impassibilité légendaire. La vraie question pour elle est de pouvoir assurer sa pérennité et sa légitimité après les remous qui ont marqué l’après guerre mondiale et la division du monde en deux blocs ennemis.

Quelques couacs n’ont pas tardé à marquer cette période pour le comité Nobel:
  • Il y a d’abord l’attribution du Nobel à Boris Pasternak en 1958, qui attire les foudres des autorités soviétiques, ce qui contraint par voie de conséquence le lauréat à renoncer à sa récompense pour éviter des représailles…malgré sa première réaction favorable à cette récompense !
    A ce propos des souvenirs anecdotiques me viennent à l’esprit :
    Tout le monde sait que le roman « Docteur Jivago » de Pasternak qui fut récompensé par le comité Nobel, est une « brique » d’environ 600 à 700 pages (selon les éditions), une oeuvre ardue et prolixe par son style, bourdonnant de personnages et de situations complexes par leur enchevêtrement dans l’histoire de cette immense Empire Soviétique, (livre qui plus est, est écrit sur une longue période de 10 ans environ) bref, cette belle fresque d’histoire qui décrit avec moult détails « le passage de la Russie tsariste à l’URSS communiste, avec la guerre civile qui martyrisa sa population », devient une véritable corvée pour celui qui veut découvrir cet auteur méconnu (en dehors de l'URSS), et avec toute la bonne volonté du monde, on arrive difficilement à lire et dépasser les cent cinquante premières pages du livre…
  • Et grâce à un talent consommé et une production prestigieuse, le réalisateur américain David Lean transforma l’opacité du livre en un éclatant succès littéraire (parmi ceux qui ont vu le film)! Naturellement le charisme irrésistible d’Omar Sharif y était pour quelque chose… (même si le film a rendu une pâle copie par rapport à l’histoire originale). Je me rappelle à ce sujet, que certains « m’as-tu-vu »se baladaient avec le livre en main, et quand on les interrogeait sur ce qu’ils avaient retenu du roman, ce sont des séquences du film qui leur revenaient en mémoire !
  • Il y a ensuite un Jean-Paul Sartre boudeur, qui, couronné par le Nobel en 1964, refusa de se rendre à Stockholm pour recevoir son prix, sous le prétexte que "ce Prix" était beaucoup trop tourné vers l’Occident.
  • Enfin, ce fut le tour du lauréat de 1970, l’énigmatique Alexandre Soljenitsyne, dissident soviétique, peu communicatif et dépourvu de charisme ou de convivialité, qui renonça à son tour à aller chercher sa récompense, sous le prétexte fallacieux « que son œuvre fait l’objet d’une mauvaise interprétation en Occident ! ».
Naturellement, toute cette polémique (limitée somme toute à quelques « gauchistes, bien pensants mais rebelles » n’entame en rien la sérénité de la « Vieille Dame Scandinave».

Qui d’ailleurs pourrait le lui reprocher ?

A bien y réfléchir, l’on aurait bien aimé disposer chez nous (un pays Arabe qui regorge de « pétrodollars ») d’une institution similaire, gérée et structurée plus ou moins dans le même ordre d’idée, ayant à sa tête un comité érudit, probe, généreux et ouvert sur le monde du savoir en général, et qui, grâce à la manne de l’or noir et du gaz (qui ne semblent pas sur le point de tarir) pourrait receler de moyens conséquents pour encourager et récompenser des chercheurs, inventeurs et créateurs dans toutes disciplines (et en toute légitimité, sans esprit de cooptation ni de copinage). Ainsi, chaque année, nous aurons nous aussi nos lauréats (universels) en littérature, en médecine, en sciences (chimie, physique et économie), et en mathématiques et informatique (pour faire différent!), qui viendront s’ajouter aux autres lauréats du Nobel (en puisant d’ailleurs sur les mêmes listes, les noms qui n’auraient pas été chanceux avec ce dernier mais qui le seraient dans notre Institution, — dont il faudrait lui trouver un Label approprié —) en y incluant naturellement des candidats provenant du monde Arabo-musulman, pour peu qu’ils soient dignes par leurs recherches (avérées) et leur créativité tangible.

Mais là, j’en conviens, c’est le rêve juvénile d’un "adolescent attardé et incorrigible"...

Maintenant ne gâchons pas notre plaisir et célébrons comme il se doit le lauréat du Nobel de la littérature pour 2010 : M. Mario Vargas Llosa.

Mais d’abord, qui « se cache » derrière cette illustre Institution Nobel :
(Cérémonie officielle de remise de Prix Nobel)


Famille royale suédoise : Orhan Pamuk, Turquie, Prix Nobel de littérature, 2006
Médaille (de face et de dos) récompensant le lauréat de Nobel littéraire.


Suit le testament de Nobel, manuscrit en suédois : "Alfred Nobels testamente". :

Voici sa traduction en français :
Le testament d'Alfred Nobel

"Tout le reste de la fortune réalisable que je laisserai en mourant sera employé de la manière suivante : le capital placé en valeurs mobilières sûres par mes exécuteurs testamentaires constituera un fonds dont les revenus seront distribués chaque année à titre de récompense aux personnes qui, au cours de l'année écoulée, auront rendu à l'humanité les plus grands services. Ces revenus seront divisés en cinq parties égales. La première sera distribuée à l'auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante dans le domaine de la physique; la seconde à l'auteur de la découverte ou de l'invention la plus importante en chimie; la troisième à l'auteur de la découverte la plus importante en physiologie ou en médecine; la quatrième à l'auteur de l'ouvrage littéraire le plus remarquable d'inspiration idéaliste; la cinquième à la personnalité qui aura le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion ou à la propagation des congrès pacifistes. Les prix seront décernés : pour la physique et la chimie par l'Académie suédoise des Sciences, pour la physiologie ou la médecine par l'Institut Carolin de Stockholm, pour la littérature par l'Académie de Stockholm, et pour la défense de la paix par une commission de cinq membres élus par la "Storting"(5) norvégienne. Je désire expressément que les prix soient décernés sans aucune considération de nationalité, de sorte qu'ils soient attribués aux plus dignes, scandinaves ou non."

Paris, le 27 novembre 1895
Alfred Bernhard Nobel.


Voici maintenant, la deuxième partie de ce Post:



II. M. VARGAS LLOSA PRIX NOBEL DE LITTERATURE 2010

D'abord, qui est M. Vargas Llosa? : « Il est né Jorge Mario Pedro Vargas Llosa le 28 Mars 1936 à Arequipa au Pérou". 
 Le 7 octobre 2010, l’Académie Suédoise (qui décerne le Prix Nobel de littérature) a publié le communiqué de presse suivant "Prix Nobel de littérature pour l’année2010 - Communiqué de presse".
Le secrétaire perpétuel
Communiqué de presse Le 7 octobre 2010
Prix Nobel de littérature pour l'année 2010

MarioVargas Llosa
Le prix Nobel de littérature pour l’année 2010est attribué à l’auteur péruvien Mario Vargas Llosa
"pour sa cartographie des structures du pouvoir et sesimages aiguisées de la résistance de l’individu,
de sa révolte et de son échec ".


Mario Vargas Llosa
M. Vargas Llosa est un écrivain péruvien (naturalisé espagnol) et un auteur de romans, de poésie et d’essais politiques. Comme beaucoup d’auteurs latino-américains Vargas Llosa s’est engagé en politique tout au long de sa vie. Ses opinions se sont progressivement déplacées du communisme au libéralisme. Il soutint initialement le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, mais est rapidement déçu. En 1990, il fut candidat à l’élection présidentielle péruvienne à la tête d’une coalition de centre-droit, le Frente Democratico, et essuya un échec.

A ce stade de ma réflexion sur le lauréat, je ne cache pas mon scepticisme à l’égard de tout intellectuel (littéraire) qui s’engage politiquement… et « en fait » un peu trop, quels que soient son origine et ses talents en la matière. C’est comme avec la religion : quel est le pire ? Quand la politique instrumentalise la religion, ou quand la littérature instrumentalise la politique (à des fins personnelles non avouées) ? Je suis très embarrassé !
N'oublions pas le cas de Vàclav Havel, intellectuel tchèque de premier plan, qui devint Chef d'Etat de son pays, et échoua lamentablement dans sa fonction!

Mais j’ai été conforté par les propos de Jean Daniel, relatés dans une communication publié le 07.10.2010: "Comment comprendre l'engagement politique de Vargas-Llosa?"
"De la première partie de l'œuvre de Vargas Llosa, je dirais qu'elle est marquée par un marxisme révolutionnaire nuancé de romantisme et d'épopées lyriques. Cela a évidemment changé par la suite. Il était assez idéaliste et militant, mais à l'époque en Amérique latine on ne séparait pas ambition politique et vocation littéraire. Ce n'était pas l'attrait du pouvoir mais le souci de réaliser un idéal qui motivait une carrière politique. C'est comme ça qu'il faut comprendre l'engagement politique de Vargas Llosa.

Il est amusant de constater toutefois que jamais Octavio Paz, Pablo Neruda et Gabriel Mistral, tout trois Prix Nobel et latino-américains, n'auraient pensé se présenter à une élection présidentielle. Mais les prises de position de Vargas Llosa ne sont que des péripéties spectaculaires. L'essentiel est ailleurs. Il a apporté à la littérature une dimension à la fois épique, concrète et familière de la vie, visible par exemple dans la nouvelle « Tours et détours de la vilaine fille ». Son œuvre brille d'une clarté baroque mais aussi d'une dimension classique qui tient plus du classicisme français que de la tradition hispanique."

C’est là un résumé succinct donné par un « connaisseur » en littérature, en parlant d’un autre « connaisseur » latino-américain à talents multiples.

Voici par contre quelques extraits que j'ai choisis pour vous (forcément réducteurs sur l’impressionnante, riche et très variée production littéraire de cet auteur décidément prolifique !)

Mario Vargas Llosa: Tours et détours de la vilaine fille, Editions Gallimard, chapitre III, page 145.

"Je ne la laissai pas achever sa phrase parce que je m'élançai sur elle et, de tout mon poids, la fit rouler sur le lit. Elle se défendit un peu au début, mais cessa peu après de résister. Et je me rendis compte presque aussitôt qu'elle m'embrassait et m'étreignait aussi, et m'aidait à me déshabiller. Elle n'avait jamais fait cela auparavant. Pour la première fois je sentis son petit corps s'enrouler au mien, ses jambes s'entrelacer aux miennes, ses lèvres presser ma bouche et sa langue lutter avec la mienne. Ses ongles s'enfonçaient dans mon dos, dans mon cou. Je lui demandai de me pardonner, cela ne se reproduirait plus, je la remerciai de me rendre si heureux en me démontrant pour la première fois qu'elle aussi m'aimait. Je la sentis alors sangloter et vis ses yeux mouillés.
- Mon amour, petit cœur, ne pleure pas, et pour cette bêtise, lui dis-je en la berçant et buvant ses larmes. Cela ne se reproduira pas, je te le promets. Je t'aime, je t'aime."

Mario Vargas Llosa: Dictionnaire amoureux de l’Amérique latine, Editions Plon, 2005, page 1880.

"Chili
La maison a à peine changé depuis la dernière fois que je suis venu, il y a un quart de siècle. On y a ajouté une librairie, une salle d’expositions, une petite cafétéria où se pressent les visiteurs. Il en vient entre cinq cents et sept cents chaque jour, de tous les coins du monde, mais surtout - me précise l'aimable conservatrice - des villages et hameaux de l'intérieur du Chili. Le grand cheval de bois qui accueillait les nouveaux venus est maintenant sous un auvent, mais je jurerais que toutes les autres curiosités, merveilles, horreurs et fantaisies qui font de la maison de l'Ile Noire un palais enchanté, un rêve incarné de vieil enfant, sont encore à la même place : les escargots de mer et les conques marines, les petits bateaux faits d'allumettes à l'intérieur de bouteilles et les imposantes figures de proue qui fendaient l'air avec un air de défi, comme si elles voulaient s'échapper des murs qui les retiennent pour aller à la rencontre des vagues farouches qui frappent les rochers et envoient des paquets d'écume contre les vitres de la maison."

Mario Vargas Llosa: La fête au Bouc, Editions Gallimard 2002 (Folio), page 13.

"Urania. Drôle de cadeau de la part de ses 'parents; son prénom évoquait une planète, un métal radioactif, n'importe quoi, sauf cette femme élancée, aux traits fins, hâlée et aux grands yeux sombres, un peu tristes, que lui renvoyait le miroir. Urania! Quelle idée! Heureusement plus personne ne l'appelait ainsi, mais Uri, Miss Cabral, Mrs. Cabral ou docteur Cabral. Autant qu'elle s'en souvienne, depuis qu'elle avait quitté Saint-Domingue. [...] personne, ni à Adrian, ni à Boston, ni à Washington D.C., ni à New York, n'avait plus appelé Urania comme autrefois chez elle et au collège Santo Domingo, où les sisters et ses compagnes prononçaient avec la plus grande application le prénom extravagant dont l'avait affublée à sa naissance."

Idem, page 53

"Le sous-lieutenant n'aurait jamais imaginé Salvador en conspirateur clandestin, trempant dans la lutte contre Trujillo après l'invasion castriste du 14 juin à Constanza, Maim6n et Estero Hondo, qui se solda par tant de morts. Il savait que le Turc détestait le régime et, malgré la retenue de Salvador et de sa femme devant lui, il les avait quelquefois entendus pester contre le gouvernement. Ils se taisaient immédiatement, car ils savaient qu'Amadito, bien que ne faisant pas de politique, professait, comme tout officier de l'armée, une fidélité de chien, une loyauté viscérale au Chef Suprême, Bienfaiteur et Père de la Nouvelle Patrie, qui, depuis trois décennies, présidait aux destinées de la République, avait droit de vie et de mort sur les Dominicains.
- Pas un mot de plus, Salvador. Tu me l'as dit. Je l'ai entendu et j'ai déjà oublié ce que j'ai entendu. Je vais continuer à venir ici, comme d'habitude. Je suis ici chez moi.
Salvador le fixa de ce regard limpide qui provoquait chez Amadito une impression gratifiante de vie.
- Allons boire une petite bière, alors. À bas la tristesse!"
Par ces extraits, je n’ai fait qu’aiguiser votre curiosité (pour ceux d’entre-vous qui ne connaissent pas suffisamment ce talentueux écrivain, pétri de culture classique, mais intimement lié à l’histoire et les conjonctures sociopolitiques latino-américaines) pour aller vite découvrir ce digne lauréat de Prix Nobel de littérature qui fait honneur aux intellectuels et littéraires du monde entier...

Une quarantaine de ses œuvres sont traduites en Français, dont on peut citer les plus connus (en plus de celles dont j’ai livrées quelques extraits plus haut) :

  • Conversation à la cathédrale, Gallimard 1973.
  • L’Orgie perpétuelle : Flaubert et « Madame Bovary », Gallimard 1975.
  • Contre vent et marées, Gallimard 1989.
  • La vérité par le mensonge : Essai sur la littérature, Gallimard 1992.
  • Les enjeux de la liberté, Gallimard 1997.
  • Lettres à un jeune romancier, Gallimard 2000
  • etc…etc…
Mais avant de vous quitter, j’aimerais vous présenter un dernier flash sur la personnalité, le caractère (bien trempé) et la stature littéraire de cet intellectuel – hors-pair – politiquement engagé, à travers un récent entretien qu’il a accordé au magazine hebdomadaire l’Express, publié le 01.04.2002, et la première question du magazine était la suivante : (sur le roman « La fête au Bouc »)
"Ne craignez-vous pas qu'avec ce roman on vous étiquette «écrivain tiers-mondiste travaillant sur le signifiant social»?

MARIO VARGAS LLOSA. Tous les écrivains d'Amérique latine sont condamnés aux stéréotypes en Europe! Soit qu'on les rêve en guérilleros romantiques, soit qu'on attende d'eux des vieux tours de réalisme magique... Ce qui importe dans un roman ce n'est pas le sujet, le thème, mais ce que vous en faites. Je ne crois pas avoir écrit un texte tiers-mondiste, pamphlétaire ou démagogique. Plutôt une histoire où la manière est encore plus importante que la matière, où la langue, la structure comptent plus que l'histoire elle-même. Mais c'est vrai, ce roman traite de la dictature, un sujet que la littérature légère, frivole, purement divertissante préfère éviter. Je n'aime pas cette littérature-là. Je la préfère sérieuse, inquiétante, préoccupante, ce qui ne veut pas dire dénuée d'humour. Ces considérations datent de ma jeunesse et j'y suis fidèle encore. J'ai été bien ou mal élevé par Jean-Paul Sartre pour qui les mots étaient des actes et la littérature capable de changer la vie. Ses idées sont encore valables. C'est un plaisir énorme de lire mais les mots qu'on trouve dans un livre sont aussi de petites mines destinées à exploser dans la conscience, la mémoire ou les comportements. Il y a un corollaire à la lecture et ce n'est pas seulement mon point de vue d'écrivain qui me le fait dire. C'est aussi mon expérience de lecteur. Ma vie serait plus triste et bornée si je n'avais pas lu Tolstoï, Faulkner, Melville, Camus, Dos Passos et Malraux, qui est d'ailleurs victime d'une sérieuse offensive alors que c'est un très grand romancier."

Ne peut-on conclure (et les propos de M. Vargas Llosa nous y encourage) que :
LA LITTERATURE EST L’AVENIR DE L’HOMME ?

Hélas, l’histoire (les événements ?) nous démontre la vanité (la fatuité ?) des hommes ! Mettez votre mémoire au travail, et dites moi combien de lauréats de Nobel (depuis seulement 2000) ont continué à « produire » après leur couronnement, et combien ont maintenu leur engagement (par l’écriture) pour rendre ce "monde agité" encore plus humain et moins porté sur la stigmatisation et la vindicte!

On assimile cette attitude à ce que la mafia sicilienne nomme trivialement le baiser de la mort !
Dans le cas qui nous intéresse, le lauréat est comme "pètrifié" par le poids de sa gloire soudaine, qu'il en devient "muet"! pour longtemps...
Peut-on se résigner à cette "malédiction" silencieuse ?

Ou doit-on hurler notre dépit, le plus fort et le plus loin possible, avec l'espoir que son écho parvienne à nos lauréats, et qu'enfin revigorés, l’inspiration revenue, ils continuent à nous "parler", à nous émerveiller, à nous faire rêver à des mondes meilleurs...
Mais compte-tenu du silence sidéral qui les entoure, il faut nous armer de beaucoup de patience pour espérer les atteindre et avoir une réponse qui nous satisferait!